Les défis uniques du Centrex
Dossier par Christophe Bardy, 516 mots
Depuis 2005, les solutions de Centrex IP ont fait leur apparition chez les opérateurs. Pratiques et économiques à déployer, elles posent des problèmes spécifiques lors de leur déploiement.
A n'en pas douter, le Centrex est une bonne solution pour nombre de TPE et PME qui souhaitent profiter de la ToIP. C'est aussi une solution envisagée par plusieurs grandes entreprises pour desservir leurs petites agences en complément d'une installation de ToIP en propre ou hébergée. La simplicité apparente du Centrex ne doit toutefois pas faire oublier que cette solution pose des problèmes très spécifiques, notamment en terme de qualité de service mais aussi d'inventaire des ressources. Il est également essentiel de prendre conscience que le bon fonctionnement de la solution est dépendant de la survie de l'opérateur qui la fournit. Une leçon durement apprise par certains clients de feu Western Telecom...
Comme l'explique Frédéric Trouche, d'Hub Telecom, "le Centrex IP exige une expertise particulière, notamment car il faut bien dimensionner les liens et veiller au strict respect des paramètres de qualité de service réseau tant sur le LAN que sur le WAN. L'infrastructure utilisée par l'opérateur est aussi importante. Par exemple, nous utilisons une architecture conçue pour le Centrex, à savoir des équipements fournis par Cirpack (acquis par Thomson, ndlr). Certains font du Centrex avec du Cisco mutualisé ou des PABX Open Source, et cela relève du bricolage."
Gare aux liens xDSL
Jérémy Vinant, président et fondateur d'Ipnotic Telecom, lui aussi utilisateur des technologies Cirpack, fait une analyse similaire. Mais il n'est pas tendre non plus pour les opérateurs fournissant les liens ADSL et SDSL. "En moyenne, les liens ADSL ou SDSL fournis par les opérateurs de boucle locale n'ont qu'une disponibilité de l'ordre de 99 %. Pis, les performances de ces liens à un instant T sont aléatoires, et ce malgré les garanties de service." Pour cette raison, l'opérateur raccorde systématiquement ses clients sur deux liens d'opérateurs différents et a développé son propre terminal d'accès, l'Ipnobox, capable d'assurer une bascule transparente des appels d'un lien sur l'autre dès que les paramètres de QoS ne sont plus suffisants. "Nous parvenons ainsi à atteindre une disponibilité de 99,99 % avec les paramètres de qualité de service adaptés à la téléphonie." Jérémy Vinant préconise aux utilisateurs de Centrex de toujours demander à leur opérateur le type d'interconnexion qu'il pratique avec les autres opérateurs, mais aussi quel niveau de qualité ils souscrivent en terme de trafic voix. "On a une politique d'achat de trafic premium sur de grands opérateurs comme MCI ou Deutsche Telekom. Cela garantit par exemple que les tarifs les plus difficiles, comme le fax, passent correctement." Et d'insister lui aussi sur la qualité du LAN : "Il est rare que l'on puisse faire confiance au client sur la qualité de son infrastructure, notamment en TPE ou PME. Or, nous ne pouvons pas prendre de risque sur ce sujet, sous peine d'être pointés du doigt en cas de problème de QoS." En cas de doute sur les capacités du LAN, Ipnotic déploie ainsi des commutateurs LAN HP Procurve chez ses clients TPE et PME...
- I. Une émergence inéluctable
- II. Méthodologie : Bien conduire son projet de ToIP
- III. Témoignage : Hub Telecom, "Premier piège : ne pas avoir une réflexion globale"
- IV. La délicate question des standards
- V. Les défis uniques du Centrex
- VI. Témoignage : Disney, la ToIP comme un projet informatique
- VII. Entretien : Stéphane Buvat, Disney : "L'analyse doit être transversale"
- VIII. Entretien avec Pierre Texier, Lexsi : "Ne pas sous-estimer les questions de sécurité"