Informatique de santé : doit beaucoup mieux faire
Dossier par Bertrand LEMAIRE, 464 mots
La France est loin de disposer d'une informatique de santé efficace. Mais elle n'est pas la pire, si on regarde du côté des Etats Unis. Telle est une des conclusions d'un colloque organisé au Sénat sur les modifications attendues ou souhaitables.
La route est longue sur le chemin qui mène à une informatique de santé digne de ce nom. Lors des Rencontres de l'Informatique de Santé qui se sont tenues au Sénat le 23 septembre 2008, Annie Podeur, directrice de l'Hospitalisation et de l'Organisation des Soins au Ministère de la Santé, a confirmé : « Moins d'un établissement sur cinq dispose d'un système d'information hospitalier intégré permettant une bonne prise en charge de bout en bout du patient ».
Or, les organisations hospitalières ont clairement besoin de systèmes mieux intégrés, plus efficients et plus ouverts à l'extérieur. De plus, les SIH (système d'information hospitalier) doivent davantage être orientés vers le métier - c'est à dire le soin - que vers l'administratif, et doivent permettre un meilleur pilotage de l'activité ainsi qu'une prise en charge en continuité du patient au fil de ses transferts d'un établissement à un autre.
Annie Podeur a souligné l'importance des systèmes d'information dans l'organisation des soins dont les enjeux actuels sont autour de l'équilibre proximité/qualité des soins avec le regroupement géographique des petits hôpitaux.
Un projet de loi est d'ailleurs attendu sur le sujet qui devrait redéfinir les établissements de santé selon les services rendus, ainsi que modifier leur gouvernance générale pour garantir l'équilibre budgétaire, réorganiser les territoires de compétence, créer des communautés hospitalières et enfin créer des Agences Régionales de Santé (ARS).
Photo : Annie Podeur, directrice de l'Hospitalisation et de l'Organisation des Soins au Ministère de la Santé (Photo D.R.)
Ces ARS vont remplacer les ARH (Agences Régionales d'Hospitalisation). Elles auront dans leurs compétences le rapprochement des systèmes de santé (autant des hôpitaux que des autres structures) et d'assurance maladie. La mutualisation des travaux est un impératif pour diminuer les coûts et augmenter l'efficience des investissements.
Le docteur James Goldberg, cancérologue expert auprès de l'OMS et de la Commission Européenne, a tenté durant la matinée de consoler les présents en leur rappelant que la situation peut être pire qu'en France, et de rappeler que les investissements financiers bien plus considérables aux Etats-Unis n'ont pas donné de meilleurs résultats qu'en Europe.
A l'inverse, la Scandinavie serait plutôt en avance mais dans cette zone de l'Europe, chaque pays atteint à peine la taille d'une région française. Ce qui réduit la difficulté. La France reste cependant leader en matière d'hospitalisation à domicile, avec toutes les communications et prises en charge à distance que cela suppose.
Enfin, sur la table ronde consacrée à la gouvernance de l'informatique hospitalière, il a clairement été admis que la maîtrise d'ouvrage des projets de systèmes d'information hospitaliers était insuffisante.
- I. Informatique de santé : doit beaucoup mieux faire
- II. Le dossier patient unique des hôpitaux parisiens : un projet de 5 ans à 95 millions d'euros
- III. Mais pourquoi les hôpitaux parisiens ont-ils rompu leur contrat avec Thalès ?
- IV. DMP : Roselyne Bachelot y croit toujours
- V. Reportage : visite guidée à l'hôpital numérique d'Annecy qui écarte le Wifi au profit du Dect
- VI. Reportage : l'hôpital d'Arras, le précurseur mise sur le Wifi