Allen Timpany
Directeur général et fondateur de Vanco
« Nous plaçons les opérateurs en situation de compétition afin de faire baisser leurs tarifs et nous refaisons cela chaque année dans le cadre de notre programme ANP (Active Negotiating Position) ».
R&T : Vanco était jusqu'à présent un opérateur de réseaux de données et vous proposez de gérer aussi la téléphonie mobile des entreprises. Comment vous y prenez-vous sans être ni opérateur mobile ni partenaire d'opérateur mobile ?
Allen Timpany : Nous disposons d'un levier de négociation auprès des opérateurs mobiles grâce à un important volume d'achat puisque nous gérons des milliers de lignes pour plusieurs entreprises. A l'identique de ce que nous faisons déjà pour les réseaux de données, nous plaçons les opérateurs mobiles en situation de compétition afin de faire baisser leurs tarifs. Par exemple, pour Euromaster (NDLR : filiale de Michelin spécialisée dans le dépannage automobile), nous avons baissé la facture de 20% supplémentaire sur ce qu'avait déjà obtenu la société. De manière globale, la marge de négociation sur les tarifs officiels des opérateurs est de l'ordre de 40%. Sinon, dans un premier temps, nous agissons comme un cabinet de réduction des coûts afin de traquer les dépenses inutiles. Nous fournissons également les solutions technologiques mobiles adaptées à l'entreprise au bon tarif.
R&T : Votre offre de voix fixe, traditionnelle ou sur IP, et mobile est récente. Quelle importance cette activité devrait-elle prendre ?
Allen Timpany : il y a plus de valeur dans la voix. Elle pèse deux fois la valeur de la donnée. Cette activité devrait représenter 50% de nos revenus d'ici cinq ans.
R&T : Vous indiquez que le marché des réseaux que vous ciblez pèse 45 milliards de livres, comment arrivez-vous à cette estimation ?
Allen Timpany : Il s'agit du marché des réseaux de communication déployés par les entreprises qui ont une présence internationale. Elles gèrent elles-mêmes leurs opérateurs locaux et leur interconnexion. Or, ce n'est pas leur coeur de métier et elles comprennent qu'elles ne sont pas les mieux placées pour le faire. Nous leur proposons d'optimiser ces tâches en sélectionnant à chaque fois les meilleures prestations locales et en assurant le bon fonctionnement d'ensemble. En la matière, nous avons dix ans d'avance sur nos concurrents. Nous réalisons actuellement environ 225 millions de livres de revenus, notre croissance devrait restée soutenue entre 23 et 25%, et ce pour plusieurs années.
R&T : Vous êtes un opérateur sans infrastructure et vous critiquez le modèle intégré défendu par un opérateur comme Orange, pour quelles raisons ?
Allen Timpany : L'intégration n'a pas de sens d'un point de vue économique. Cela peut avoir de l'intérêt uniquement dans les cas où l'imbrication est également technologique comme par exemple, lorsque l'on intègre les connexions sans fil au sein des PC. Sinon, le marché se dirige vers une segmentation d'entreprises qui seront les meilleures chacune sur leur activité spécifique. Un opérateur qui possède ses infrastructures devra être le moins cher et le plus efficace sur sa région géographique. Idem pour un fournisseur de services. Or, France Telecom, par exemple, emploie des milliers de personnes qui savent installer des lignes téléphoniques mais qui ne correspondent pas à ses nouveaux métiers comme l'hébergement informatique et qui ne peuvent pas y être formées.
R & T : Quelle est votre priorité à court terme ?
Allen Timpany : Nous devons réduire nos coûts. Pour cela nous avons beaucoup investi dans nos systèmes internes, ce qui doit nous permettre d'améliorer notre productivité de 20% par an. Nous sommes actuellement un millier de personnes, nous devrions ne pas trop être éloigné de ce chiffre d'ici deux ans, et être autour de mille deux cent personnes.
Biographie
Agé de 50 ans, Allen Timpany est directeur général de Vanco, un opérateur à infrastructure « légère » qu'il a fondé en 1988. Il avait d'abord été revendeur Apple, fabricant de PC et fondateur d'une société d'installation de PC et de réseaux locaux.