Hubert M.Yoshida
Chief Technology Officer Hitachi Data Systems
« L'avenir des réseaux de stockage, c'est le Fibre Channel sur Ethernet. Ce protocole décollera d'ici 2 à 5 ans. Cisco est très moteur pour sa standardisation. »
Réseaux et télécoms : Où est la priorité en stockage actuellement ?
Hubert M.Yoshida : Il s'agit de la gestion des archives, de les consolider, sans créer de silos différents pour les emails, les documents, les images, ... Les archives représentent de 65% à 70% des données, qui pour leur part croissent de façon exponentielle, surtout pour les données non structurées. Ces données sont accédées intensivement durant une courte période, puis archivées pour longtemps. Il faut créer une infrastructure de stockage apte à évoluer au-delà du Péta octet, c'est ce que nous faisons avec notre offre HCAP (Hitachi Content Archive Platform). Cette offre est récente. Une centaine d'exemplaires a été vendue dans le monde. Elle fournit un socle de stockage sécurisé et chiffré, accessible via des services pour tout type d'information.
Réseaux et télécoms : un concurrent tel qu'EMC fournit les mêmes solutions que vous dans ce domaine ?
Hubert M.Yoshida : Nos concurrents ne sont pas capables de fournir une telle infrastructure. Afin de réussir la consolidation, il faut s'appuyer sur de la virtualisation et du « thin provisionning », que nous proposons avec notre solution de virtualisation, USPV ou USP. Le « thin provisonning » permet de résoudre le problème de sous utilisation des disques physiques, qui ne sont occupés qu'à hauteur de 20% à 30%. Notre solution de virtualisation, sous la forme USP et USPV, a été vendue à 9200 exemplaires depuis 2004. En France, 45 boîtiers USPV ont été vendus, pour 100 boîtiers au total, USP et USPV. Notre solution de "thin provisionning" permet de réaliser une sur-allocation des capacités de disques et de ne conserver qu'une copie d'un volume, même lorsque plusieurs copies sont réalisées, notamment lors de « snapshots ». Notre « thin provisionning » s'étend, en outre, à des baies de disques d'autres constructeurs comme IBM, HP, EMC, etc, ce que ne savent pas faire ......
des EMC, Datacore ou 3Par. Par ailleurs, il faut être évolutif, au-delà du Péta octet. Une solution d'archivage d'emails ne gère pas correctement les volumes au-delà de 10 To. Nous nous interfaçons avec les solutions d'archivage d'emails du marché, ou de gestion documentaire, afin de leur fournir une infrastructure évolutive. Quant à EMC, il fournit la solution Centera, c'est une solution en silo, elle n'est pas évolutive au Péta octet, elle s'interface par API, et elle n'est pas couplée à de la virtualisation, ce qui ne permet pas de travailler sans interruption, notamment lorsqu'il faudra réécrire les données tous les quatre ans sur de nouveaux disques, comme cela est nécessaire.
Réseaux et télécoms : Fournissez-vous une solution de sauvegarde en continu, dite CDP (Continuous Data Protection) ?
Hubert M.Yoshida : Pas encore, nous proposons pour l'instant de déclencher des copies en « snapshots » (images instantanées) à la demande et régulièrement. Nous préparons notre propre solution de CDP. Elle sera disponible cette année. Et qui dit sauvegardes, dit déduplication des données, de ce côté-là, nous sommes partenaires de Diligent (NDLR : qui vient d'être acheté par IBM). Cela permet de réduire l'encombrement en données de 1 à 20.
Réseaux et télécoms : IBM estime que la déduplication n'est pas encore fiable ?
Hubert M.Yoshida : En effet, certaines solutions de déduplication, lors des sauvegardes, se contentent de calculer des signatures de type « hash code» et d'éliminer les données dont le « hash code » a déjà été rencontré. Mais cela peut aboutir à jeter des données qui n'ont pas encore été sauvegardées, car un même « hash code » peut être trouvé à partir de données différentes. Nous, lorsque nous retrouvons un « hash code» déjà vu, nous effectuons une vérification « bit à bit » afin d'être sûrs que les données sont bien identiques, et ne pas jeter des données qui n'ont pas encore été sauvegardées.
Réseaux et télécoms : Quel avenir voyez-vous pour le protocole de stockage à petit prix, iSCSI ?
Hubert M.Yoshida : Pour un petit réseau, iSCSI peut sans doute convenir, mais cela fait huit ans que l'on prédit son décollage. L'avenir c'est le protocole FCoE, ou Fibre Channel over Ethernet. Cela permet de déployer du stockage sur un réseau Ethernet , sans congestion. La standardisation est en cours. Cisco est très moteur. Le décollage devrait intervenir d'ici 2 à 5 ans. La base de développement de FCoE est le standard DCE ou Data Center Ethernet, destiné à unifier tous les trafics (données, applicatifs, stockage, entrées/sorties, ...) dans un centre informatique.