Stéphane Duproz
Directeur Général France de Telecity Redbus
En mars dernier, l'hébergeur TelecityRedbus a connu une médiatique rupture de service. Stéphane Duproz, Directeur Général pour la France, tire les leçons de cette crise.
R&T : Quelles leçons tirez-vous du black-out total qu'a connu Redbus au printemps dernier ?
Stéphane Duproz : Le premier enseignement est que même un bon système, correctement conçu et maintenu dans les normes, peut tomber. Nous avons analysé froidement la défaillance du disjoncteur incriminé. Il n'y a eu ni erreur, ni négligence. Le deuxième enseignement est que nous devons plus informer nos clients. Il y a en effet une confusion entre SLA et taux de disponibilité. Lorsque nous annonçons des SLA de 100 %, c'est que nous sommes prêts à payer des pénalités aux clients en cas de panne. Nous intégrons le risque. Mais nous ne garantissons pas 100 % de disponibilité. A ce jour, aucun datacenter n'est capable d'assurer une disponibilité de 100 %. L'Uptime Institute, qui classifie les datacenters mondiaux, répertorie au maximum des taux de disponibilité réels de 99,995 % pour le Tier4, ce qui d'ailleurs se trouve être le taux de disponibilité de notre site principal depuis son ouverture. Les clients doivent s'organiser en conséquence et nous pouvons les y aider.
R&T : Qu'avez-vous mis en place depuis ?
S. D. : Nous ne pouvons garantir une disponibilité de 100%, mais sommes désireux de nous en approcher au maximum. Par conséquent, nous avons totalement refondu nos procédures internes. Auparavant, nous simulions une coupure EDF tous les trimestres. Dorénavant, c'est tous les mois. Nous nous organisons pour être beaucoup plus réactifs. Nous avons dupliqué certains équipements, notamment électriques. Comme tout le monde, nous avons «la ceinture et les bretelles». Pour finir, nous passons plus de temps avec nos prospects et nos clients pour analyser précisément leurs besoins et prévenir les risques. Nous avons la possibilité de leur proposer des solutions redondantes sur nos deux sites parisiens.
R&T : Quel sera l'impact tarifaire de ces nouvelles mesures ?
S. D. : Nous investissons énormément dans la maintenance de nos équipements et aménageons des surfaces supplémentaires. Les tarifs actuellement pratiqués sur le marché ne permettent pas de justifier les nouveaux investissements qui nous permettront d'accommoder la nécessaire croissance de nos clients. En 2004, les applications Internet n'étaient pas aussi critiques qu'aujourd'hui. Depuis, le commerce en ligne a explosé, les sites marchands ne peuvent plus supporter une rupture de service. Les clients comprennent qu'il faut dorénavant payer le prix d'une haute disponibilité. Nous revenons donc progressivement à des niveaux de tarifs d'avant la chute des prix. Certains de nos concurrents n'attendaient que ça pour s'aligner. D'autres persistent à proposer des prestations à bas coût, ça peut être dangereux.