Jerry Kennelly
PDG de Riverbed
le 18/08/2010, par Johanna Godet avec IDG News Services, RT Infrastructure
"Chez Cisco, ce ne sont pas des surhommes" constate le
PDG de Riverbed Technology, Jerry Kennely. Il explique comment il concurrence Cisco et en quoi l'optimisation du WAN est le fondement de la prochaine génération d'infrastructure IT.
Si vous pensez que l'optimisation des réseaux longue distance (WAN) est un marché de niche, n'abordez pas ce sujet à proximité de Jerry Kennelly, co-fondateur et PDG de Riverbed Technology. Jerry Kennelly est un fervent partisan de l'optimisation du WAN, qu'il annonce comme le fondement de la prochaine génération d'infrastructure IT, depuis le Cloud Computing jusqu'à la virtualisation du poste de travail et l'intégration des smartphones.
Question : Riverbed est un acteur dominant de l'optimisation du WAN mais le danger est de devenir une entreprise qui n'a qu'une corde à son arc. Comment pouvez-vous élargir la portée de votre entreprise ?
Question : Riverbed est un acteur dominant de l'optimisation du WAN mais le danger est de devenir une entreprise qui n'a qu'une corde à son arc. Comment pouvez-vous élargir la portée de votre entreprise ?
Jerry Kennelly : Ce que nous faisons réellement est l'accélération de la couche applicative 7 et ceci a des conséquences beaucoup plus profondes que le simple fait de rendre une ligne télécoms plus rapide et moins coûteuse qu'elle ne l'était. C'est quelque chose qui change la nature de l'infrastructure IT globale pour toutes les grandes entreprises du monde. Tout le monde aime avoir une ligne rapide. C'était attractif pour les clients car cela leur permet d'économiser de la bande passante. Il est moins coûteux de faire de l'optimisation et de la compression à travers le réseau que d'acheter des liens plus rapides. Mais nous avons ensuite vu que l'on s'en servait pour faire de la consolidation de centres informatiques, ce qui aboutit à déménager tous les serveurs et l'infrastructure IT hors des bureaux distants des entreprises et des multiples centres informatiques, vers uniquement un ou deux centres globaux. Cette tendance a beaucoup contribué à notre croissance au cours de ces trois dernières années. Nos produits rendent cela possible car on ne peut pas faire de consolidation de centre informatique à moins de délivrer des performances satisfaisantes à ceux qui n'ont plus leurs serveurs locaux.
Il y a environ six mois, nous nous sommes réveillés un matin pour réaliser que ce que nous faisions en fait, c'est de créer des Clouds privés car la consolidation de centres informatiques c'est de la création de Cloud privé. Donc, résultat, nous avons effectivement pénétré le marché du Cloud computing.
Autre conséquence, si vous devez avoir notre technologie pour faire des Cloud privés, et bien vous ne pouvez pas non plus faire de Cloud public si vous ne l'avez pas. Les plus grandes entreprises du monde - les plus grands fournisseurs de services, les plus grands intégrateurs de systèmes, les 100 entreprises les plus riches - nous demandent "Comment pouvons-nous créer notre propre infrastructure Cloud dans le futur ?"
Question : parlons de Cisco. Comment faites-vous pour concurrencer une entreprise qui a une si large gamme de produits et un très bon soutien de ses clients ?
Jerry Kennelly : Cisco représente la couche 2 et 3 du réseau, mais aujourd'hui l'action est moins dans les couches 2 et 3 mais beaucoup plus dans les couches 4 à 7. Cisco est le roi des 2 et 3 et nous sommes les rois des couches 4 à 7.
Au bout du compte, tout dépend du produit. Si vous avez le bon produit de la bonne qualité au bon moment sur le marché, et que vous ne trébuchez pas, vous avez une chance de réussir. Le fait que Riverbed existe - il a la plus grande part de marché dans son domaine face à une entreprise qui a la marque et la distribution de Cisco - prouve seulement à quel point nos produits peuvent être nettement supérieurs. Car si ce n'était pas le cas, nous aurions mordu la poussière il y a longtemps. Mais leur expertise n'a jamais été dans la couche 7. Ce n'est pas un endroit où ils ont déjà été, où ils aient réussi. Il y a longtemps, ils s'opposaient à F5 Networks et F5 les battaient haut la main, tout comme nous l'avons fait. Personne ne peut tout faire, être bon dans tous les domaines, pour toujours. Il n'existe pas de surhommes. Après avoir concurrencé Cisco durant 9 ans, je peux vous dire que ce ne sont pas des surhommes.
Question : des technologies dans le passé sont devenues de simples fonctions ajoutées sur d'autres appareils. Dans combien de temps pensez-vous que ce sera le cas pour l'optimisation du WAN ?
Jerry Kennelly : Cisco, notre plus gros concurrent, s'y est mal pris sur ce marché. Ils allaient placer l'optimisation du WAN comme une lame dans un routeur. Et bien, ce n'est pas une place naturelle pour elle.
Pour parler simplement, nous mettons un serveur puissant à chaque extrémité d'un lien télécoms. Ce serveur embarque beaucoup de processeurs, de disques et de mémoire. Et vous avez besoin de tous ces éléments pour opérer la magie de la compression, de la déduplication et de l'accélération. Fondamentalement, les routeurs et les réseaux privés virtuels sont juste de petits processeurs, presque pas de mémoire, pas de disques et presque pas de processeurs du tout. En fait, le boîtier qui prend en charge un routeur n'a rien en commun avec le boîtier qui prend en charge l'accélération du réseau. Il est beaucoup plus naturel de mettre un routeur dans un équipement d'accélération, et nous l'avons fait. Nous avons annoncé au cours des trois derniers mois un partenariat avec Vyatta, qui fabrique un petit routeur qui s'insère simplement dans un boîtier Steelhead. Il est plus naturel de le placer dans un emplacement d'un boîtier Steelhead que d'essayer de placer un gros serveur stratégique sur un routeur. Cisco a son boîtier ISR doté d'un emplacement pour une carte d'optimisation du WAN. La seule chose qui soit intégrée dans ce schéma est l'alimentation et le chassis. Il n'y a pas d'autre intégration. Il s'agit d'un ordinateur complètement séparé qui partage l'alimentation électrique et qui est placé dans la même enveloppe métallique. Si vous conceviez cette enveloppe suffisamment grande, vous pourriez même y garer une Toyota et vous en servir de routeur, d'optimiseur de WAN et de garage Toyota.
Question : vos revenus proviennent de la consolidation de centres informatiques, durant combien de temps pensez vous que ce marché sera intéressant pour vous ?
Jerry Kennelly : pour utiliser une image, nous sommes à 2 heures du matin dans une journée de 24 heures. La plupart des estimations établissent qu'il existe sur le marché 6 à 8 millions de bureaux distants dans le monde, connectés par des liens télécoms. Le marché de l'accélération du WAN en couvre au total 250 000 à 300 000, donc il reste une grande part de marché à venir. C'est encore un jeune marché. Riverbed existe depuis 9 ans, mais si vous regardez le total de nos recettes depuis la création de la société, qui s'élève à un milliard et demi, un milliard a été perçu au cours des trois dernières années, nous avons donc eu une forte croissance. Les fonctions et les économies sont si attrayantes que nous pensons que le taux d'adoption sera finalement beaucoup plus élevé. Nous ne prétendons pas atteindre les 100%, mais il est raisonnable de penser à un taux d'adoption de 50% à 60% sur les dix prochaines années. Cela dégage un niveau de recettes considérable.
Question : Riverbed a récemment annoncé le Steelhead virtuel et vous avez également le RSP (Riverbed Services Platform), virtualisé sous VMware. Ils semblent être en concurrence. Pouvez-vous distinguer les différents cas d'utilisation de ces produits ?
Jerry Kennelly : En général, nous constatons que les équipes informatiques veulent acheter des appliances (boîtiers prêts à l'emploi) car c'est beaucoup plus simple pour elles. Nous avons trouvé qu'il y a des cas, où les équipes veulent des serveurs ayant un certain facteur de forme en raison des exigences en termes d'espace et de dégagement de chaleur. Les militaires ont des boîtiers de serveurs spéciaux, tout-terrain, qui peuvent prendre une balle, être jetés d'un hélicoptère et sont opérationnels dans la poussière ainsi qu'à de fortes températures. Nous ne fabriquons pas ce boîtier, mais ils veulent tout de même avoir du Steelhead. Donc le Steelhead virtuel le permet. Il y a des endroits dans les navires, les sous-marins, les plate-formes pétrolières, les remorques où les gens ont un espace limité. Ils apprécient la fonctionnalité Steelhead, mais il n'y a pas vraiment d'espace pour un boîtier Seelhead. Le Steelhead virtuel doit répondre à ce marché.
Question : quel est l'impact de la virtualisation du poste de travail sur l'optimisation du WAN ?
Jerry Kennelly : Il y a beaucoup d'intérêt à faire de la virtualisation du poste de travail. Nous avons été l'un des premiers partenaires de VMWare et nous venons de sortir la version 6.1 du produit Riverbed, qui fonctionne très bien avec les produits Citrix pour la virtualisation des postes de travail. Les informaticiens aimeraient que les collaborateurs de l'entreprise qui sont à la périphérie du réseau avec leurs portables ou leurs postes de travail soient capable d'utiliser la virtualisation à travers le WAN, d'avoir une protection continue des données de leurs fichiers et, ces mêmes informaticiens voudraient gérer l'image de tous les postes de travail de manière peu coûteuse et efficace. La virtualisation du poste de travail rencontre le même problème que la centralisation d'un centre informatique, celui de la distance. C'est un obstacle à la performance du poste de travail, que ce soit pour le démarrer, pour en obtenir l'image virtualisée à travers le réseau ou encore pour réaliser une protection continue des données. Premièrement, nous aidons tous ceux qui font de la virtualisation du poste de travail à avoir une expérience moins chère et plus puissante pour les postes de travail virtuels individuels. Deuxièmement, nous avons de nouveaux produits en développement, qui donneront la possibilité de démarrer vos serveurs à travers le WAN et encore plus d'avoir un poste de travail plus puissant. Je pense que cela arrive un peu plus lentement que les gens ne le pensaient. Mais cela arrive et les produits comme les nôtres, ainsi que ceux de chez VMWare et Microsoft vont poursuivre cette tendance.
Question : quelle aide pouvez-vous apporter à l'heure où les terminaux mobiles mettent la pression sur les réseaux d'entreprise ?
Jerry Kennelly : Nous avons sorti il y a deux ans avec un encombrement réduit, une version uniquement logicielle de notre produit que nous appelons Steelhead Mobile, qui fonctionne sur un PC portable et transforme ceux des salariés nomades en appliance Steelhead, afin qu'ils puissent se connecter au boîtier Steelhead présent dans le centre informatique. L'obstacle avec les PDA et les PC de poche était la nécessité d'avoir un certain espace de stockage pour réaliser ces optimisations. Cette capacité de stockage est maintenant disponible à moindre coût et devient plus accessible pour ces appareils. Nous nous intéressons donc à cette opportunité de marché. Nous avons eu beaucoup de demandes de la part de personnes qui aimeraient voir leur PDA, leur téléphone mobile ou leur appareil mobile être accélérés, surtout lorsqu'ils essaient de visionner une vidéo ou qu'ils téléchargent des fichiers lourds sur le réseau. Nous n'avons rien annoncé à ce sujet, mais c'est une possibilité si l'on prend en compte la manière dont fonctionnent nos produits et la possibilité d'obtenir désormais suffisamment de stockage sur l'un de ces appareils. Je pense que c'est quelque chose que l'on peut attendre pour 2012, 2013.
Question : Riverbed parlait très peu du Cloud Steelhead. De quoi s'agit-il ?
Jerry Kennelly : le Cloud Steelhead est quelque chose que nous allons lancer au quatrième trimestre 2010, donc je ne veux pas anticiper notre lancement. Mais imaginez-le comme une version spéciale du Steelhead virtuel pouvant être monté en clouds privés comme dans celui d'Amazon ou tout autre fournisseur de services de cloud public. Il présente des caractéristiques particulières qui donnent la possibilité de capturer le trafic du réseau pour le client dans le cloud public afin qu'il puisse réaliser son accélération, et aussi quelques caractéristiques que les fournisseurs de services apprécient comme le support pour plusieurs clients. La version spéciale de Steelhead virtuel est destinée aux clients qui l'utilisent lorsqu'ils migrent vers un fournisseur de cloud public.