Stéphane Cohen
Responsable du business développement Wimax en Europe chez Motorola
Motorola vient de déployer le réseau WiMAX de HDDR (filiale de TDF) dans le Loiret. Stéphane Cohen, responsable du business développement WiMAX Europe chez le constructeur, nous explique en quoi ce réseau 802.16e est une grande première.
R&T : Qu'est ce que la technologie WiMAX aujourd'hui ?
Stéphane Cohen : Après des expérimentations en pré-WiMAX et en WiMAX fixe (802.16d), les opérateurs déploient dorénavant du 802.16e, dit WiMAX mobile. La technologie apporte de bien meilleures performances, en termes de débits, de couverture et de mobilité. Les technologies WiMAX mobile intègrent en outre toutes les dernières évolutions des technologies radio OFDM et d'antennes intelligentes tel que MIMO. De plus, ils peuvent s'intégrer dans un réseau IP bout en bout. Nous avons ainsi déployé un réseau WiMAX 802.16e dans le Loiret avec l'opérateur HDRR. C'est une grande première en Europe.
R&T : Alors, les promesses sont-elles tenues ?
S.C. : Théoriquement, la portée du WiMAX est de 50 km. Le débit atteint au maximum les 60 Mbps. La norme permet de faire de la mobilité totale, à des vitesses jusqu'a 120 Km/h. D'une manière concrète, les cartes PCMCIA et les CPE (modems WiMAX) actuels permettent les débits utilisateurs qui oscillent entre 1 et 2 Mbps, sur une distance max de 2 km en "indoor". A l'extérieur, la couverture atteint les 10 à 15 km. L'usage est fixe ou nomade, et non mobile. La réglementation ne permet pas en effet de faire de la mobilité. Ces capacités sont tout à fait adaptées à l'usage premier du WiMAX : couvrir les zones grises et blanches du territoire.
R&T : Peut-on espérer plus dans l'avenir ?
S.C. : A l'heure actuelle, la réglementation est un facteur bloquant. Techniquement, nous sommes prêts à fournir du WiMAX mobile. La prochaine version du 802.16e, dite « mobile Wimax Wave 2 », va accroître les performances du WiMAX. Elle ne nécessite qu'une simple mise à jour des versions logicielles de nos équipements. Si la réglementation change, il sera alors possible rapidement (début 2008) de faire de la mobilité. Si, de plus, des fréquences plus basses sont ouvertes, la couverture et les débits pourront être améliorés de 10 à 20%. De gros opérateurs, comme Sprint aux US, ou de « pure players » comme Clearwire, poussent activement la technologie. Cela devrait contribuer à en améliorer les performances.
R&T : Le WiMAX permet-il d'obtenir les mêmes services que l'adsl ?
S.C. : L'avantage majeur de la technologie est de fonctionner sur un réseau IP. Toutes les applications IP sont donc envisageables. Pour le moment, les opérateurs font du « dual play ». Mais en fonction des performances, ils pourront faire de la VOD. Mais l'IP TV nécessite au minimum des débits de 2 à 4 Mbps qui ne sont pas obtenus aujourd'hui. De plus, nos équipements se raccordent tout à fait à un coeur de réseau IP. Couplé, à l'IMS, le WiMAX ouvre la porte aux services « quadruple-play ». En outre le WiMAX Forum dispose d'un groupe spécialise dans les applications ayant pour objectif de favoriser le développement de services a valeurs ajoutes, il reste donc à inventer les services.
R&T : La sécurité est-elle identique au Wifi ?
S.C. : Non c'est justement une des différences entre le Wifi et le WiMAX ! Le WiMAX est une technologie « Carrier Class ». Elle intègre les algorithmes de sécurité les plus performants. Il n'y a donc aucune crainte à avoir sur la sécurité. Elle permet de plus de gérer les VLAN et les classes de services.
R&T : Tout est possible, même de devenir opérateur mobile sur Wimax ?
S.C. : C'est une possibilité parmi d'autres. Techniquement, c'est faisable. Le WiMAX est une technologie basée sur la technologie radio OFDM. C'est le top de la performance en technologie radio. Tous les réseaux 3G (CDMA 2000 et WCDMA) intègre l'OFDM dans leurs plans de développement à long terme (3G LTE, pour long term evolution).
R&T : Samsung a sorti des terminaux WiMAX. Quid de Motorola ?
S.C. : Dans un premier temps, nous allons avoir des cartes PCMCIA WiMAX d'ici la fin du premier trimestre. Si Sprint a choisi Motorola, c'est pour son coeur de réseau mais aussi pour ses terminaux. Nous allons donc évidemment lancer des terminaux WiMAX. Ils seront multi-modes (cellulaires, Wimax...) si le volume du marché est suffisant. Le WiMAX fait partie de la stratégie intégrante de Motorola, sur tous les segments de métiers.
R&T : Hormis Sprint, quelles sont vos références en WiMAX ?
S.C. : En 2006, nous avons annoncé des accords avec Sprint Nextel et Clearwire aux Etats-Unis, Wateen Telecom au Pakistan et Agni Systems, Ltd. au Bangladesh. En France, nous avons signé avec HDRR et ce n'est qu'un début...