Michel Clément
Président Région France de Nortel
Le monde de l'entreprise et celui des opérateurs convergent.Comment Nortel anticipe leurs attentes ?
R&T : Comment évolue la stratégie de Nortel ?
MC : Notre stratégie est en évolution constante depuis 2003. Cependant, nous avons conservé la même base, notre vision n'a pas changé. Nous estimons que l'« individu » sera au coeur de toutes les solutions. Les services personnalisés vont tirer la croissance, y compris au sein de l'entreprise. Notre force est de travailler sur tous les modes d'accès et le coeur de réseau de manière agnostique. Nous cherchons la puissance et la flexibilité. Les réseaux évoluent donc naturellement vers l'IP en général et SIP en particulier.
R&T : Quels sont vos domaines de compétences ?
MC : Nous avons misé sur nos points forts et laissé de côté nos faiblesses. Nous étions faibles dans l'accès dsl, nous ne sommes pas allés plus loin. Nous sommes très actifs sur tous les accès sans fil : la 2G et son évolution Edge, la 3G et son futur en HSDPA, HSUPA, HSOPA et OFDM/MIMO. Nous travaillons sur les réseaux maillés Wifi. Nous affichons une belle référence, la ville de Taipei à Taiwan. Sur le Wimax, nous investissons beaucoup en R&D et travaillons conjointement avec LG sur la technologie Wibro. Bien évidemment, nous poursuivons sur l'optique, où les solutions longues distances sont de plus en plus concurrencées par les technologies Métropolitaines. Nous travaillons sur des plates-formes multi-services et multi-accès riches en fonctionnalités. De plus, nous développons notre marché historique de la commutation publique. Nous portons les fonctionnalités de la commutation sur le monde IP à travers notamment des softwichs et des solutions IMS/SIP pour le coeur de réseau. Pour finir, nous menons de sérieux efforts sur la cible téléphonie d'entreprise.
R&T : Plus précisément, qu'apportez-vous à l'entreprise ?
MC : L'activité entreprise réprésente environ un quart de notre chiffre d'affaires (ndlr : CA 2004 de 9.8 milliards de dollars). Historiquement, nous étions positionnés sur la téléphonie. Cependant, nous avons gagné en expertise sur la commutation de données. Nous équipons notamment Equant sur 2200 noeuds à travers le monde. Nous sommes donc en position de force sur la convergence voix/données. Cisco a démarré en fanfare mais peine à s'imposer sur le marché de la téléphonie IP. Aucun concurrent n'arrive à notre niveau d'expertise. Nous disposons d'une double compétence entreprise/opérateurs qui enrichit l'un et l'autre de ces deux mondes. Les réseaux convergent.
R&T : Du côté opérateurs, vous sentez vous moteur sur leurs choix technologiques ?
MC : Oui et non, c'est une boucle. En 2003, à l'époque où bon nombre d'experts enterraient le fixe au profit du mobile, oui nous étions moteurs face à l'aveuglement et à l'intoxication ambiante. Aujourd'hui, ce débat est dépassé. Tout le monde va vers l'IP. Que ce soit BT, France Télécom ou Deutsche Télékom, le but est commun. Seuls les chemins et les calendriers diffèrent. Nous sommes totalement indépendants des technologies retenues. Nous travaillons sur le WCDMA, le CDMA 2000 E-VDO et le TD-SCDMA. Nous nous focalisons cependant sur les technologies de leadership, où la part de marché est suffisante pour qu'elles soient viables.
R&T : Que pensez-vous du Wimax face à la 3G ?
MC : C'est une autre forme d'accès sans fil, une autre forme de mobilité et de solution nomade. Nous allons avoir de plus en plus à composer avec des réseaux hétérogènes. Nous pensons que le Wimax trouvera sa place. Altitude fut le seul opérateur à trouver une place à la BLR, tout simplement parce qu'ils ont pensé en termes d'usages et de services, et non de technologie.
R&T : Montez-vous dans les couches applicatives ?
MC : Nous déployons une plate-forme multimedia (MCS) déclinée aussi bien dans une version à destination des opérateurs qu'une version pour les entreprises. Nous avons un partenariat stratégique avec France Télécom. Cette plateforme évolue sans cesse en collaboration avec nos clients. Elle s'ouvre et se dote de nouvelles fonctionnalités. Nous restons cependant sur notre coeur de métier : le réseau. Nous ne cherchons pas à empiéter sur le monde de Microsoft ou sur des compétences d'intégration. Ces métiers sont suffisamment concurrencés.
R&T : Une même plate-forme pour les entreprises et les opérateurs ?
MC : Oui, car ces deux mondes convergent. Ils ont la même utilisation de l'outil de base. Les réseaux DWDM ou les switchs Ethernet rentrent dans l'entreprise. L'IP les réunit. Les métiers évoluent. Les opérateurs migrent vers les services et les intégrateurs voix mutent vers l'informatique. Nous devons faire en sorte que tous ces univers travaillent ensemble.