Jean Philippe Courtois
Président Europe de Microsoft
"Un des objectifs principaux, dans le domaine de la recherche sur Internet, est de bien couvrir les derniers kilomètres... je devrais dire les derniers mots. C'est un problème de linguistique."
Réseaux et télécoms : Microsoft annonce l'ouverture de trois centres de R&D en Europe sur les moteurs de recherche sur internet. Comment s'inscrit cette initiative dans votre stratégie globale de recherche ?
Jean-Philippe Courtois : Nous évoluons d'une entreprise centrée sur Redmond à une entreprise où plus de 25% de la R&D est réalisée hors des Etats-Unis. Microsoft est présent en Europe depuis 26 ans, et le premier centre de recherche y a été établi, à Cambridge, il y a environ 11 ans. Aujourd'hui, nous avons 40 centres de R&D en Europe, ce qui représente 2000 ingénieurs et 600 millions de dollars par an de dépenses. L'Europe est donc le deuxième lieu de R&D après les USA, et juste devant la Chine et l'Inde.
Réseaux et télécoms : la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, évoque le chiffre d'une centaine d'ingénieurs destinés à s'installer à Issy-les-Moulineaux, confirmez-vous ce chiffre ?
Jean-Philippe Courtois : Eh bien, nous verrons. Nous comptons recruter plusieurs centaines de personnes réparties sur les trois centres d'excellence. La question n'est pas véritablement le nombre de personnes, il s'agit plutôt de trouver les meilleures personnes.
Réseaux et télécoms : les centres travailleront-ils ensemble, ou bien est-ce que chacun travaillera sur un langage en particulier ?
Jean-Philippe Courtois : Il y aura les deux. Un des objectifs principaux, dans le domaine de la recherche sur Internet, est de bien couvrir les derniers kilomètres... je devrais dire les derniers mots : il ne s'agit pas de simplement traduire un menu, c'est un problème de linguistique.
Réseaux et télécoms : en ce cas, pourquoi n'avez-vous pas implanté un centre par pays ?
Jean-Philippe Courtois : Nous commençons par les plus grands pays en Europe.
Réseaux et télécoms : combien de personnes avez-vous en tout, en R&D, dans le domaine de la recherche sur Internet ?
Jean-Philippe Courtois : Je ne sais pas exactement, plusieurs milliers.
Réseaux et télécoms : et vous confirmez que même sans les aides fiscales, Microsoft aurait implanté une partie de sa recherche en France ?
Jean-Philippe Courtois : absolument. C'est une question de gens et de compétences. Nous devons trouver les gens les plus talentueux. En outre, il existe déjà de nombreuses coopérations, comme avec l'Inria ou Polytechnique. Tous les gouvernements ont des programmes pour inciter les entreprises à s'implanter dans leur pays, et il y a bien sûr la question des bonnes relations qu'on peut déjà avoir, mais au bout du compte, il faut y trouver ce dont on a besoin. Et le premier critère défini par les responsables de notre R&D, c'était de trouver et d'attirer les meilleurs candidats.
Comme Steve Ballmer l'a dit, l'Europe abrite beaucoup de gens compétents. Ces derniers 18 mois, nous avons acquis de nombreux éditeurs européens. Musiwave, ce sont 180 personnes en R&D à Paris. Fast, 400 personnes à Oslo. Je pourrais aussi citer Screentonic en France. Sans oublier que nous sommes en train de mettre sur pied un datacenter à Dublin. Tout cela va dans le même sens : avoir un impact conséquent sur le marché de l'Internet en Europe.