Jacques Engerand
Directeur Business Développement de LD Collectivités
Neuf Cegetel est plus connu pour sa Neuf Box, sa lutte avec Free ou sa récente activité de MVNO. Sa filiale LD Collectivités, moins médiatique gère, dès à présent, 11 affermages et concessions et participe à l'aménagement numérique du territoire. Son expertise est reconnue.
R&T : Quelle est l'activité de LD Collectivité ?
Jacques Engerand : Nous sommes une filiale du groupe neuf telecom. Nous exploitons des infrastructures de télécommunications pour les collectivités locales et les opérateurs. Historiquement, nous sommes issus de LD Câble. La filiale a participé à la construction de nombreux réseaux, dont évidemment historiquement celui de LD Com. Puis, la filiale s'est naturellement repositionnée vers l'aménagement numérique du territoire, une fois terminé les grands backbones entre les principales villes françaises. Cette activité d'opérateur d'opérateurs et de concepteur d'infrastructures neutres était inscrite dans les gènes du groupe. Nous avons souhaité utiliser notre forte expérience terrain auprès des collectivités et des opérateurs. Nous avons donc évolué vers une vraie activité d'aménageur du territoire dans le cadre des Délégations de Service Public. Nous avons alors remporté le marché du Sipperec, un réseau baptisé depuis Irisé. LD câble devenu LD Collectivités s'est alors spécialisée sur les procédures de DSP et d'affermages, laissant la maison mère neuf répondre, pour sa part, aux appels d'offres de services. Depuis 2004, nous avons gagné 10 concessions supplémentaires de type L.1425-1. LD collectivités affiche un portefeuille de onze concessions : le Conseil régional d'Alsace (Alsace-Connexia), le SIPPEREC (Irisé), le Conseil général de l'Oise (Teloise), le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques (Iris 64), le Conseil général du Loiret (Medialys), le Conseil général de l'Ariège, le Conseil général de la Moselle (Moselle Telecom), le Conseil général de la Manche (Manche Telecom), la Communauté d'agglomération périgourdine (C@P connexion), la Communauté d'agglomération Seine-Eure (Euro@seine) et la Communauté urbaine de Bordeaux.
Notre backbone fibres optiques cumulé atteint désormais sur l'ensemble de ces territoires plus de 6 000 km d'infrastructures à la disposition de la communauté des opérateurs et des usagers. Nous sommes ainsi présents sur environ 880 répartiteurs, un volume supérieur à bien des certains opérateurs nationaux qui se sont lancés dans le dégroupage. Nous desservons une population de 8 à 9 millions d'individus. Notre budget sur les programmes en cours atteint 380 millions d'euros, subventions publiques inclus sur la durée totale de nos engagements concessifs. Nous comptons aujourd'hui plus de 50 collaborateurs.
R&T : Vous entourez-vous de partenaires pour répondre aux appels d'offres des collectivités ?
J.E. : Actuellement, nous sommes actionnaires de référence sur la plupart des projets. Cependant, ce sont de lourdes et longues concessions, étalées sur 15 à 20 ans. Pour continuer à investir et supporter notre forte croissance sur ce marché, nous souhaitons ouvrir la constitution de nos groupements.. C'est pourquoi, nous ouvrons nos groupements à certains partenaires récurrents de ce marché. Quoiqu'il en soit, nous assurons pleinement notre développement au sein de Neuf Cegetel. Nous pouvons être minoritaires sur certains projets et apporter uniquement notre savoir faire. Nous disposons en effet d'une connaissance unique du métier d'opérateur d'opérateurs. Les collectivités ne subissent pas seulement la fracture numérique, par absences d'infrastructures alternatives sur leurs territoires, mais subissent très nettement la fracture de la concurrence. Nous les aidons à attirer les opérateurs et fournisseurs de services, avec les conséquences sur l'économie locale, le développement des usages et la multiplicité des offres et des tarifs pratiqués par les opérateurs empruntant les infrastructures concessives.
R&T : A part la fibre optique, quelles technologies utilisez-vous ? Expérimentez-vous le Wimax ?
J.E. : Nous sommes d'abord à l'écoute de ce que nous disent les élus. Nous n'avons pas de dogme sur une ou l'autre des technologies à déployer. Cependant, nous prônons très fortement, en règle générale, la mixité des technologies. Aujourd'hui en terme d'initiatives purement privées, le dsl est la technologie économiquement la plus rationnelle. Cependant, sur le très haut débit, afin de réduire les coûts d'acquisitions des nouveaux clients, il nous semble logique de construire des partenariats public / privé. On permet ainsi de gagner de nouveaux territoires à des conditions économiques cohérentes, en anticipant le calendrier prévisionnel d'arrivée du très haut débit, notamment pour les entreprises concernées. Dans ce cadre, nous ne sommes pas liés à une technologie, nous regardons toutes les solutions, qu'elles soient CPL, Wifi ou Wimax ». Le projet sur l'Ariège intègre par exemple une couche Wimax. Nous sommes candidats aux licences régionales Wimax à travers un consortium piloté par TDF (HDRR à 90% TDF, 5% Axione-ETDE, et 5% LD Collectivités). La proposition de HDRR est très orientée « aménagement du territoire ». En marge de cette candidature présentée à l'Arcep, nous voyons le Wimax comme une technologie additionnelle. Nous sommes prêts à monter des projets avec des opérateurs d'opérateurs, détenteurs de licences, en se plaçant sur le marché secondaire s'il le fallait, pour honorer nos engagements de déploiement WIMAX pour certains territoires..
R&T : Comment voyez-vous votre avenir ?
J.E. : Tout d'abord, nous sommes sereins. Notre actionnaire nous soutient et continue de soutenir toutes les initiatives des collectivités locales, favorables de facto à la communauté des opérateurs alternatifs.. Ensuite, les réseaux que nous gérons s'inscrivent sur une très longue durée. Pour finir, notre métier ne s'arrête pas à la construction d'infrastructures. Nous sommes opérateur d'opérateurs. Et notre expertise fait recette. Dernièrement, la BBC est venue faire un reportage sur le réseau des Pyrénées-atlantiques, à travers le prisme d'une ladies qui enfin peut recevoir via le triple play la télévision numérique dans la vallée reculée où elle s'est installée, à des conditions tarifaires observées sur les plus grandes villes françaises. Ces réalisations et le modèle en lui-même, même s'il n'est pas directement transposable, intéressent les collectivités étrangères. Pour le moment, nous nous focalisons sur le territoire national, mais pourquoi ne pas exporter nos compétences par la suite. A chaque jour suffit sa peine...