Godefroy de Bentzmann
co-président du directoire de Devoteam
Début avril, Devoteam a annoncé l'acquisition des principales filiales européennes (Italie, France, Norvège et- Royaume-Uni) de l'intégrateur de systèmes Suédois auSystems. Godefroy de Bentzmann, co-président du directoire de Devoteam, nous explique comment ce rachat s'intègre dans la stratégie du groupe et pourquoi Devoteam semble aussi engagé dans une frénésie de rachats.
R&T : Pourquoi avoir mis la main sur les activités d'auSystems ?
Godefroy de Bentzmann : Devoteam a aujourd'hui 12 ans d'existence. En 1995, les télécoms étaient à l'honneur. Nous avons surfé sur la vague de l'IP. Après 2001, nous avons connu un fort ralentissement. Nous sommes sorti de la crise en 2005. Même si la pression sur les prix est forte, même si les modèles et les acteurs changent, l'activité Télécoms est bien repartie. Le marché est très actif. Il est cependant difficile de revenir au plus haut niveau. Le secteur est complexe, nous devons nous adapter pour croître. Le rachat d'auSystems s'inscrit dans cette dynamique.
R&T : Que vous apporte ce rachat ?
G.D.B : Nous accentuons notre position géographique en France bien sûr, mais aussi au Royaume Uni et en Norvège. Nous nous implantons aussi fortement en Italie, où auSystems emploie près de 300 personnes. Au total, nous acquérons 550 employés. En 2006, AuSystems a réalisé 50 Meuros de C.A.
Nous acquérons un savoir faire dans le développement d'applications réseaux, mobiles et M2M. Les clients d'AuSystems sont très orientés Télécoms.
La société est évidemment très implantée chez Ericsson puisqu'elle est le fruit d'une joint-venture entre Ericsson et Telia, mais elle travaille aussi avec Alcatel Lucent, Nortel, Nokia Siemens... Elle réalise les 2/3 de ses revenus chez les équipementiers et le reste chez des opérateurs comme France Télécom, Télécom Italia, H3G ou Fastweb.
R&T : Pourquoi cette frénésie d'achats ?
G.D.B. : Historiquement, nous avons une culture de croissance organique. De 2 personnes à la création, nous avons passé le cap des 3500 employés aujourd'hui. Jusqu'en 2000, nous n'avons pas réalisé d'acquisitions. La croissance organique a en partie financé la croissance externe, avec les marchés financiers (introduction en Bourse en octobre 99). Nous avons décidé de dépasser la croissance du marché (18%) par de la croissance organique. En 2006, nous avons réalisé une croissance totale de 34%.
Nous considérons qu'il est important pour nous de gagner de la masse critique, et de prendre pied sur certains marchés géographiques comme l'Italie, l'Espagne, la Belgique ou le Luxembourg. De plus, nos clients réclament de larges portefeuilles d'offres et de produits, compétences que l'on gagne par des acquisitions.
L'année dernière, nous avons réalisé 5 acquisitions. Ces achats vont nous permettre de monter notre chiffre d'affaires de 320 Meuros à 360 Meuros. Sauf, possible autre acquisition...
R&T : Est-ce aussi une stratégie de pénétration de comptes ?
G.D.B. : Tout à fait. Nous étions par exemple chez Vodafone au R.U. sur les systèmes et services management. Nous peinions sur les services télécoms. L'acquisition d'AuSystems nous permet de rentrer sur de nouveaux projets. C'est aussi un moyen d'acquérir de nouveaux clients et d'élargir le portefeuille d'offres. En Norvège, nous n'étions que sur le conseil. Avec l'intégration de Da Vinci, nous sommes dorénavant présents sur l'intégration. A Lannion, la SRIT achetée à Siemens, nous a permis de rentrer massivement chez SFR. Nous scellons aussi de nouveaux contacts avec les équipementiers sur les réseaux et la plateformes intelligentes.
En Belgique, l'achat de Guidance nous a amené une expertise Microsoft. Nous avons acquis par ce biais un savoir faire et des relations privilégiées avec Microsoft.
Les acquisitions nous aident et accroissent notre crédibilité.
R&T : Quel est l'impact sur les RH ?
G.D.B : Les acquisitions à l'étranger sont simples. Il y a peu de recouvrements, peu de doublons de métiers. Il y a certes quelques doublons sur le back office mais c'est marginal. Parfois aussi sur le management.
L'impact est par contre beaucoup plus important sur notre S.I. Nous ne cassons pas les structures. Nous observons et essayons de préserver le maximum de valeurs. Nous cherchons la coordination pour utiliser au mieux les offres et le savoir faire.
R&T : Quels sont vos vecteurs de croissance ?
G.D.B : Globalement, nous enregistrons une très importante dynamique sur la sécurité : politique de sécurité, plan de continuité d'activité, infrastructures sécurisées, validation d'architectures... L'activité est bien développée dans le groupe. Elle dispose d'une structure transverse dédiée, de conseil et d'intégration.
Le Sourcing aussi connaît une belle croissance : études, exploitation, intégration.
Nous avons des clients dans la Banque et la Distribution... Globalement, le Sourcing, l'IT et la production sont d'importants vecteurs de croissance. Nous aidons nos clients à définir des méthodes de production entres leurs différents sous-traitants. Nous les conseillons sur l'intégration de systèmes de pilotages, les best practices, la maîtrise des outils et des méthodes ITIL. Sur la partie architectures, nous les conseillons sur la gestion des données et la virtualisation. Nous intervenons très en amont sur le conseil et redescendons jusqu'à l'intégration.
La partie Télécoms est le seul secteur où nous travaillons à la fois sur le S.I. et sur les offres. Nous aidons aux développements d'offres métiers ou d'applications mobiles.
R&T : De prochains rachats en vue ?
Aujourd'hui, nous nous focalisons sur l'infrastructure, afin de mieux faire adhérer les couches métiers. Nous développons nos compétences dans l'urbanisation et l'EAI.
Nous avons besoin de nous muscler dans la sécurité, les systèmes managés ou le sourcing. Nous cherchons aussi à nous étendre géographiquement ou nous renforcer dans certains pays.