Gérard Eymery
directeur associé de Media Consulting Group

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"je ne crois pas au terminal qui ferait à la fois téléviseur et PC"

EuroTMT : Comment expliquez-vous la relative apathie des chaînes de télévision devant le phénomène de la TV connectée ?
Gérard Eymery : Jusqu'à une période récente, on en en parlait assez peu. On peut se poser la question de savoir si tout cela n'est pas initié par les industriels de l'électronique grand public qui, après les écrans plats, la haute-définition et la 3D, chercheraient d'abord à renouveler le parc de téléviseurs avec la bienveillance passive des chaînes. La TV connectée est un bon filon pour promouvoir de nouveaux services comme la vidéo à la demande ou la télévision de rattrapage.

EuroTMT : quel pourrait être le succès de ces postes de télévision de nouvelle génération ?
Gérard Eymery : je ne pense pas que l'on s'oriente rapidement vers un déploiement massif des TV connectées. Il faut bien voir qu'il y a un réel conflit d'usage entre télévision et PC, qui plus est avec une ergonomie d'accès aux téléviseurs encore trop compliquée. C'est une question de typologie de terminaux et je suis assez sceptique quant au « couteau suisse audiovisuel », autrement dit au terminal qui ferait à la fois téléviseur et PC.

EuroTMT : Est-ce que les stratégies « over the top » ne vont cependant pas permettre d'offrir des services réellement différenciés sur les téléviseurs, tout en court-circuitant les diffuseurs et les FAI ?
Gérard Eymery : C'est une vraie question qui rejoint celle du financement des infrastructures Internet. Sachant que les FAI ont encore une relative maîtrise de leurs «box », on peut tout à fait imaginer qu'ils déportent l'intelligence de leurs boîtiers dans le réseau afin de défendre leur pré-carré. Faut-il mettre l'intelligence dans le réseau ou dans les terminaux ? C'est un vieux débat.

EuroTMT : quelle est la tendance actuellement ?
Gérard Eymery : Aujourd'hui, les terminaux ont nettement pris le dessus, notamment avec les « box » ainsi que dans la téléphonie mobile. Mais la tendance pourrait s'inverser, d'autant que l'effet « parc » est fondamental dans l'audiovisuel. Le second point essentiel réside dans la maîtrise des droits des diffuseurs sur les diverses plates-formes d'accès. Il est fondamental de les sécuriser et de les faire valoir auprès des différents agrégateurs de contenus. La maîtrise de ces droits par les chaînes de la télévision de rattrapage s'inscrit précisément dans cette démarche.