Jean-Yves Charlier
PDG de Colt Télécommunications

le 09/02/2006, par Olivier Coredo , RT Opérateurs/FAI

Installé depuis près de deux ans à la tête de l'opérateur paneuropéen Colt, Jean-Yves Charlier, PDG du groupe, revient sur le positionnement de l'opérateur au sein d'un secteur en pleine consolidation.

Jean-Yves Charlier

R&T : Où en sont les rumeurs récurrentes d'un rachat éventuel de Colt ?

J.Y.C : Nous sommes régulièrement la cible de rumeurs. Sans doute parce que nous sommes le dernier opérateur Européen indépendant focalisé sur les entreprises. Nous n'avons pas changé de stratégie, nous sommes spécialisés sur l'accès. Notre actionnaire majoritaire, Fidelity Investments conforte sa participation à 59% du capital. Fidelity et les cinq fonds majoritaires représentent près de 75% du capital. Notre base d'actionnaires est donc solide. Colt continue à dégager des résultats. Cet actif est tout à fait intéressant pour Fidelity. Une barrière importante a été franchie, nous sommes Cash Flow positif. Les rumeurs de rachat deviennent moins pressantes ces derniers mois...

R&T : Jusqu'où comptez-vous monter en services à valeur ajoutée ? De quelle manière ?

J.Y.C : Nous resterons un fournisseur d'infrastructures. La stratégie de Colt est payante. La demande en bande passante croit de manière exponentielle, le dsl a ses limites, la bonne réponse reste la fibre optique. Nous comptabilisons 20 000 Km de fibres en Europe et quelques 12 000 immeubles raccordés. Nos clients nous demandent des services à valeur ajoutée, c'est pourquoi nous travaillons sur des offres de convergence. Quant à la manière d'y arriver, nous allons bâtir nos propres offres. D'éventuelles acquisitions ne sont pas exclues mais ne sont pas pour autant planifiées en 2006. Cependant, nous resterons concentrés sur notre métier de base d'infrastructures de télécommunications. Le monde des télécoms devient généraliste. Nous ne croyons pas à ce schéma. Les clients recherchent des solutions pointues, nous demeureront spécialisés.

R&T : Continuez-vous à investir ?

J.Y.C : Certes oui ! Nous investissons 175 à 225 millions d'euros par an. La majeure partie de nos investissements porte sur l'enrichissement de la capillarité de nos boucles optiques. Nous n'envisageons pas d'ouvrir de nouvelles villes. L'objectif est de se positionner comme numéro 2 derrière chaque opérateur historique. Nous complétons ce réseau fibre par du dégroupage, notamment pour desservir les PME/PMI.

R&T : Et le Wimax y croyez vous ?

J.Y.C. : Nous avons débuté des tests à Milan et à Dublin. Le Wimax est une technologie d'accès complémentaire. C'est une stratégie à long terme. Pour le moment, le Wimax touche les « early-adopters ». Nous envisageons des déploiements d'ici 12 à 18 mois.


R&T : Colt s'est installé en Inde, pourquoi ? Où en êtes-vous ?

J.Y.C : Colt en Inde compte 600 collaborateurs, soit 15% de nos effectifs. Nous allons rapidement monter à 20%. Nous sommes le plus gros centre administratif d'un opérateur étranger. Nous y traitons 35 process, allant de la comptabilité fournisseurs au reporting en passant par le contrôle qualité. Notre stratégie est très différente des autres acteurs présents. Nous employons des salariés Colt, ce n'est pas du off-shore. L'installation en Inde ne répond pas seulement à des objectifs de productivité et de réduction de coût. Nous acquérons sur place des compétences. Près de 80% des employés sont des ingénieurs ou des Bac+4. Par contre, nos centres de contacts clients demeurent en Europe, à Londres et à Barcelone. Cette proximité est très importante.