World IPv6 Day : petit tour du monde
Alors que le nombre d'adresses IPv4 disponibles se tarit irrémédiablement, les opérateurs se préparent un peu plus activement au déploiement de l'IPv6. Cette Journée Mondiale de l'IPv6 va permettre à l'industrie de mettre en évidences les éventuels problèmes posés par la mise en route du nouveau protocole. Grâce à son champ d'adresse plus long, l'IPv6 permet de répondre à la nécessité de disposer de davantage d'adresses IP.
La situation a atteint une limite, puisque, au début de l'année, le pool d'adresses IPv4 gérées par l'IANA (Internet Assigned Numbers Authority) a été épuisé. Les dernières adresses IPv4 restantes sont maintenant entre les mains des registres Internet régionaux comme le RIPE Network Center Control (RIPE NCC), l'American Registry for Internet Numbers (ARIN) et l'Asia Pacific Network Information Centre (APNIC), qui, en avril, avait annoncé qu'il disposait encore d'un petit nombre d'adresses. C'est début 2010, quelques semaines avant que l'IANA remette ses dernières adresses, que le projet d'une Journée mondiale de l'IPv6 était lancé. Plus de 400 entreprises, dont YouTube et Facebook, doivent activer aujourd'hui, et pendant 24 heures, l'IPv6 sur un nombre important de sites web pour tester le protocole. L'objectif est double : accélérer le rythme de déploiement de l'IPv6 et identifier d'éventuels problèmes techniques pour les résoudre avant d'entamer un déploiement plus large.
Des tests indispensables avant le grand saut
Les équipements et les logiciels des utilisateurs finaux et les systèmes opérationnels utilisés par les opérateurs, dont certains ont été conçus pour les adresses IPv4 plus courtes, mobiliseront toute l'attention. Mais, selon l'équipementier Ericsson, il existe plusieurs façons de contourner ces problèmes. Pour que l'IPv6 fonctionne, tout ce qui permet de le connecter à l'Internet doit être compatible. Reste qu'au final, les opérateurs devront le mettre en route sur leurs réseaux mobiles et fixes. Ceux-ci prévoient d'introduire l'IPv6 dans les deux prochaines années, et de l'utiliser parallèlement à l'IPv4.
« AT&T offre déjà un VPN et un service Internet gérés en IPv6, et prévoit d'élargir son offre entreprise au quatrième trimestre de cette année pour ajouter des services de sécurité, d'hébergement et des offres CPE gérés en IPv6, » comme l'a déclaré Brooks Fitzsimmons, vice-président adjoint pour la transition IPv6 chez l'opérateur américain. « Au premier trimestre de l'année prochaine, AT&T supportera l'IPv6 pour ses services aux consommateurs, y compris le U-Verse et le DSL, » a-t-il ajouté. « Le défi pour AT&T et d'autres opérateurs, c'est que l'IPv6 est plus difficile à mettre en oeuvre dans certains réseaux que dans d'autres, parce que certains réseaux sont plus matures que d'autres, » a expliqué le vice-président. « Le processus de mise à niveau doit être adapté à l'infrastructure de chaque opérateur pour qu'elle puisse prendre en charge l'IPv6, » a-t-il ajouté.
Certains opérateurs obligés de passer plus vite à IPv6
« Vodafone, qui est en train de tester l'IPv6 sur son réseau portugais, prévoit de terminer ses essais le 31 mars, au terme de l'exercice fiscal 2012. Après cela, l'opérateur se donne trois ans pour mettre progressivement en oeuvre le protocole dans tous les pays où il intervient, » a déclaré un porte-parole de l'entreprise.
Deutsche Telekom propose déjà un IPv6 compatible avec le mail, et des services d'hébergement et d'authentification Internet. Le réseau de l'opérateur allemand commencera à utiliser l'IPv6 au début de l'année prochaine. De même, « il procédera à un test de terrain à partir du mois de novembre, » selon un porte-parole. Lorsque le réseau sera compatible, les nouveaux utilisateurs obtiendront deux adresses, une adresse IPv4 et une IPv6 et décideront ensuite laquelle des deux ils veulent utiliser.
La France a encore de la marge
D'après Christian Jacquenet, responsable du programme IPv6 chez France Télécom, c'est la disponibilité des adresses IPv4 dans différentes parties du monde qui déterminera le rythme de déploiement de l'IPv6. Par exemple, la Pologne va commencer à utiliser le protocole dès l'année prochaine, parce que, à cette période que le nombre d'adresses IPv4 sera insuffisant pour répondre à la demande. « La France ne commencera à utiliser l'IPv6 qu'à partir du premier semestre 2014, » a déclaré le responsable FT. La taille du marché français laisse supposer que le déploiement du nouveau protocole prendra plus de temps.
« France Telecom procède également à un certain nombre d'essais sur le terrain en Afrique, » a indiqué Christian Jacquenet. Selon les opérateurs, l'arrivée de l'IPv6 devrait agir comme un catalyseur dans les services mobiles et les communications machine-à-machine, puisqu'il apporte un pool d'adresses quasi illimité, plus des capacités d'auto-configuration.