Windows 7 : le verdict et les projets de trois grandes entreprises
Bouygues SA, Systalians et Crédit Agricole ont en commun des parcs de PC qui sont restés sous Windows XP et 2000. Ces trois entreprises sont en train de tester Windows Seven dans le cadre du programme d'adoption anticipé. Leurs avis sont positifs mais seulement deux d'entre elles prévoient une migration.
Bouygues SA : ce qui était bloquant dans Vista ne l'est plus dans Seven « Chez nous, le PC est un élément-clé car, outre le fait qu'il donne accès au système d'information via un portail, il représente l'image de l'informatique pour l'utilisateur. Or, nous étions restés à Windows 2000. Pendant ce temps, l'informatique grand public avait pris de l'avance, notamment en termes d'ergonomie et d'attrait, grâce à Vista », explique Philippe Marcillière, directeur informatique de Bouygues SA. L'entreprise avait en effet renoncé à adopter Vista, principalement à cause de problèmes de pilotes et du coût de la mise à niveau matérielle du parc de 68 000 PC, que la migration aurait rendu nécessaire. « D'après nos tests, tout ce qui était bloquant avec Vista ne l'est plus avec Seven », affirme aujourd'hui Philippe Marcillière. De plus, plusieurs fonctions du nouveau système l'intéressent, comme les gadgets et la recherche fédérée. « Nous continuerons à renouveler notre parc de PC tous les trois à quatre ans, notamment pour des questions de développement durable, mais nous n'y serons plus contraints par les exigences du système », conclut-il. Systalians : des problèmes d'incompatibilité jugés mineurs Le parc de Systalians est actuellement sous Windows 2000. « Depuis un an, nous avons testé Vista mais notre direction, qui en avait une mauvaise image, ne nous a pas donné le feu vert pour une migration », raconte Jean-François Neron, responsable poste de travail chez Systalians. A l'inverse, les premiers tests de Seven l'ont convaincu de franchir le pas. Sur les 300 applications que compte le GIE informatique (au service des caisses de retraite et des institutions de mutuelle ou de prévoyance), une centaine ont déjà été testées et 95 % ne posent aucun problème. Les rares incompatibilités sont causées, par exemple, par un client de VPN fournis par un opérateur, ainsi que par un client CICS dont la nouvelle version, compatible Vista, ne devrait pas poser de problèmes. Pour autant, Jean-François Neron exprime un bémol, lorsque Seven est comparé à XP : « les ressources consommées par Seven sont certes très inférieures à Vista, mais juste après le démarrage du système et de l'antivirus, 600 à 700 Mo sont déjà mobilisés, soit bien plus qu'avec Windows XP. » Jean-François Neron a toutefois constaté que Seven était plus stable et nettement plus rapide que Vista, lors des accès disques ou du processus d'indexation. Il est en outre très intéressé par la possibilité de pousser vers les PC, des images du système au format VHD, ce qui permettrait un retour en arrière aisé en cas de problèmes. Crédit Agricole : les avantages de Seven ne sont pas encore déterminants Chez Crédit Agricole, on se montre également positif vis-à-vis du nouveau système, sans pour autant envisager la migration. Philippe Blanchard, directeur du pôle innovation et performance industrielle au Crédit Agricole, s'en explique en utilisant la métaphore du crime : « pour tuer un système d'exploitation, il faut un mobile et une opportunité. » - Le mobile serait constitué par un retour sur investissement. Philippe Blanchard admet que Seven reprend et enrichit des fonctionnalités de Vista sources d'économies, liées au déploiement et à la sécurité. De plus, ce système se montre moins gourmand en ressources que Vista, que nous n'avons d'ailleurs pas déployé massivement pour cette raison. » Mais d'un autre côté, nous comptons installer de nouvelles applications, comme Office Communicator, qui consommeront elles-mêmes des ressources. Le bilan économique d'une migration de XP vers Seven ne serait donc pas forcément favorable », ajoute Jean-Philippe Blanchard. - Quant à l'opportunité, elle pourrait correspondre à la volonté de la banque de refondre sa relation client/vendeur. « Il s'agirait notamment de transformer la représentation des objets financiers, en s'appuyant sur des analogies graphiques, ce que Seven faciliterait », précise Jean-Philippe Blanchard. Mais ce chantier, qui nécessitera une collaboration entre cogniticiens, ergonomes et sociologues, ne démarrera qu'après une longue phase de maturation. « Avant que toutes ces conditions soient réunies - mobile, opportunité mais aussi, moyens - les systèmes XP et 2000 devraient survivre encore assez longtemps », conclut, non sans humour, Jean-Philippe Blanchard.