Windows 7 devrait encourager la virtualisation des postes de travail
La plupart des décideurs IT s'interrogent quant à l'usage de la virtualisation de postes de travail. 2010 devrait être l'année des petits projets pilotes, les responsables IT étant freinés par les coûts engendrés par une telle mise en place. Mais ce processus devrait être en plein essor dès 2011.
La virtualisation du poste de travail commence à émerger comme solution pour les réseaux d'entreprise. Une enquête réalisée par le cabinet d'études ITIC (Information Technology Intelligence Corp.) sur plus de 800 entreprises internationales montre que 31% des sondés prévoient de mettre en oeuvre une solution de type VDI (Virtual Desktop Infrastructure), c'est à dire de virtualisation du poste de travail, cette année, soit plus du double comparé à l'année précédente.
Une technologie annexe, la virtualisation d'applications, est également en progression. 37% des sondés en planifient l'installation, soit une augmentation de 15% en un an. De même, l'institut Gartner a constaté que 33% des organisations prévoient de déployer en 2010 des postes de travail virtuels hébergés, autre dénomination pour le VDI. A l'inverse, environ les deux tiers des entreprises choisiront de ne pas déployer d'espace de travail ni d'applications de virtualisation cette année, ou bien seront hésitantes. « Il y a de bonnes raisons à cela », estime Chris Wolf, analyste pour la firme d'études Burton (récemment rachetée par l'institut Gartner).
«Le retour sur investissement (ROI) pour l'installation de postes de travail virtuels est estimé entre trois et cinq ans», précise Chris Wolf. « Et contrairement à ce que les fournisseurs déclarent, il n'y a pas de retour sur investissement pour un déploiement à grande échelle de postes de travail virtuels hébergés au sein d'un serveur. » Quelques clients « pionniers » venant d'installer ce type de solution précisent qu'ils ont fait des économies en prolongeant la durée de vie de leurs PC ou en utilisant des clients légers moins chers. De plus, ils indiquent que l'hébergement d'images de postes de travail dans le centre informatique améliore l'administration et en facilite la restauration en cas de défaillance du dispositif.
Mais déplacer les images du poste de travail et les applications d'un utilisateur dans un serveur central requiert un changement majeur à la fois dans l'infrastructure informatique et dans les mentalités. Le directeur des réseaux et systèmes de l'Université de Brandeis, Massachusetts, John Turner a adopté la virtualisation des serveurs mais reste sceptique quant à sa contrepartie technologique sur les postes de travail. Si un serveur tombe en panne, les utilisateurs peuvent sans doute encore se connecter à Internet et réaliser leur travail. Mais "si un poste de travail s'éteint, c'est une toute autre histoire", précise John Turner. En plus, ...
Photo : Chris Wolf, analyste au Burton Group (D.R.)
...une solution VDI exige aussi une importante formation du personnel IT, mentionne-t-il.
L'impact de Windows 7
Mais étant donné que nombre d'entreprises envisagent de mettre à niveau leur système d'exploitation pour passer à Windows 7, les services informatiques prêtent davantage attention aux modèles de bureaux virtuels. Vista n'a certes pas eu le succès de Windows XP, mais pour Windows 7 c'est une autre histoire. "Windows 7 est incontestablement un catalyseur", affirme Chris Wolf. «C'est un bon système d'exploitation, mais avec la fin de vie de Windows XP estimée d'ici à quatre ans, nombre d'entreprises commencent à planifier leurs postes de travail de prochaine génération. Ils comprennent qu'ils doivent ré-équiper l'infrastructure de leurs postes de travail et décident de tout prendre en considération, y compris leur virtualisation. "
Selon Chris Wolf, 2010 sera une année durant laquelle les entreprises commenceront par de petits projets pilotes. Et même ceux qui adoptent la virtualisation du poste de travail ne sont pas prêts à virtualiser immédiatement l'ensemble de leur infrastructure de PC de bureau, dit-il. "En termes de virtualisation globale des PC de bureau, je pense que nous en sommes loin », ajoute Chris Wolf.
Une virtualisation modérée
« Un DSI se montre habituellement plutôt sceptique » admet Phil Grove, directeur général des services pour l'utilisateur final chez CSC, une SSII qui fournit des services d'externalisation IT. Il nuance les propos de Chris Wolf. "Peu d'entreprises virtualisent à grande échelle ... pour l'instant" Il existe de nombreux modèles de virtualisation pour les entreprises pour ce qui concerne le poste de travail. Selon le cabinet Burton, il y a notamment la virtualisation de la présentation, qui exécute les applications sur un serveur distant et présente l'interface sur le terminal de l'utilisateur. Une solution VDI se présente généralement sous la forme de postes de travail hébergés sur des serveurs. Mais elle est légèrement différente de la virtualisation de la présentation. La virtualisation de serveur constitue souvent la solution retenue dans la salle machines afin d'héberger chaque PC virtuel au sein d'une machine virtuelle.
Dans d'autres formes de virtualisation de PC, on utilise soit des PC en lames soit des postes de travail virtuels hébergés côté postes clients. Dans le premier cas, un PC en lame tourne dans le centre informatique et peut être consulté à distance au travers d'un dispositif employé par l'utilisateur final. Mais chaque PC en lame ne peut servir qu'un seul utilisateur à la fois.
Dans le second cas, la virtualisation côté poste client place l'hyperviseur sur le poste de travail lui-même, ce qui nécessite un matériel client plus robuste, mais également offre davantage d'options pour un travail hors connexion (puisqu'il n'est plus indispensable de disposer d'un accès à un serveur central). Selon Phil Grove, ce système s'est surtout répandu grâce à des entreprises ayant laissé leurs employés apporter leur propre ordinateur à leur bureau.
Enfin, on peut s'attendre à des offres ...
...de PC virtuels hébergés au sein d'un Cloud. Un vendeur comme Virtual Bridges a effectué un pas dans cette direction en offrant des PC virtuels hébergés dans les centres informatiques de RackSpace. Dans l'hexagone, c'est Orange qui offre ce type de solutions, en n'ayant pour l'instant rencontré qu'un succès très limité, l'offre étant très originale et rompant avec les habitudes des DSI. Elle ne concerne qu'un millier de postes de travail. « Le changement d'habitudes est similaire à ce qui s'est passé lorsque l'on a demandé aux gens de placer leur argent dans une banque, alors qu'ils avaient l'habitude de le placer sous leur matelas » explique le responsable de cette offre chez Orange.
Une stratégie pour inciter la migration vers Windows 7
Les deux éditeurs VMware et Citrix ont du faire face à des obstacles dans leur projet de construction d'hyperviseurs pour postes de travail. Mais les deux sociétés, tout comme Microsoft se concentrent particulièrement sur le poste de travail.
VMware a récemment mis à jour son logiciel de virtualisation d'applications ThinApp afin d'améliorer la migration des applications à partir d'anciennes versions de Windows vers Windows 7. Microsoft quant à lui a abaissé le prix des licences dans le cadre de la virtualisation de son système d'exploitation Windows, et a annoncé des offres couplées avec Citrix visant à éloigner les clients de VMware.
Plus précisément, Microsoft et Citrix offrent toute une année gratuite de virtualisation de postes de travail pour 500 utilisateurs dans les entreprises qui sont passées de Vmware View (l'offre VDI de Vmware) à l'offre XenDesktop de Citrix et à l'offre VDI de Microsoft. Selon les experts, qu'un client opte pour VMware, Citrix ou Microsoft en termes de virtualisation, adopter Windows 7 ne peut qu'accroître la viabilité des déploiements de postes de travail virtuel.
Windows 7 plus léger
Le DSI de Cox Communications à Omaha (Nébraska), Dan Powers, utilise Vmware View et teste actuellement Windows 7 en vue d'une éventuelle migration vers ce système d'exploitation. Selon lui, les images du poste de travail Windows 7 peuvent être construites de façon modulaire, leur permettant d'être moins gourmandes en termes de données. Alors que les images du poste de travail sous XP pèsent 10 Go, un poste de travail sous Windows 7 représente 2 Go ou même moins.
«C'est une approche modulaire de la construction de votre poste de travail », précise Dan Powers. Etant donné qu'avec XP c'est du « tout ou rien », « Les images de postes de travail Windows 7 permettent d'ôter les composants inutiles. » termine le DSI.