Wifi : le dépôt de bilan de Gowex n'inquiète pas ses clients
Le Pdg de la société espagnole Gowex a démissionné dimanche, il avait falsifié les comptes de son entreprise depuis quatre ans. Ses actionnaires, les autorités boursières et surtout les clients, collectivités locales et entreprises de transport public, ont de quoi se poser des questions.
Que se passe-t-il lorsqu'un fournisseur dépose le bilan brutalement ? La question hante le monde de l'IT. Un nouvel exemple est donné depuis ce week-end avec les mésaventures financières de la société espagnole Gowex. Elle proposait des services Wifi dans les métro des grandes métropoles comme Madrid, Paris, Bordeaux, New-York, Nice, Ajaccio et depuis peu, en banlieue parisienne, à Carrières-sous-Poissy et Enghien-les-bains. Son principe repose sur la gratuité, l'internaute client s'engage à donner accès à ses informations de géolocalisation et à recevoir des publicités.
Contactée la Ratp affiche une grande sérénité. C'est sa filiale Naxos (en fait filiale de sa filiale télécoms Telcité) qui installe les hotspots dans le métro parisien, d'abord pour ses propres besoins. Le plan de développement continue. Des opérateurs viennent proposer leurs services, comme SFR ou Gowex. Le fait que ce dernier s'arrête ou éprouve de difficultés n'entrave pas le plan de la Ratp et ne concerne même pas la régie. En fait, Gowex a déployé une stratégie de smart city, proposant ses services dans les transports urbains, les lieux publics, les installations sportives. L'arrêt de Gowex ne bloque pas le développement du wifi en France, mais ne le favorise pas, alors que nombre de collectivités locales souhaitent ardemment son essor, aiguillonnés par le public.
Imbroglio financier
Une autre question a trait à la transparence financière de cette société. Le conseil d'administration a en effet obtenu dimanche la démission du Pdg et il a déposé le bilan, ne pouvant honorer ses dettes. Depuis quatre ans, les comptes étaient falsifiés. C'est un cabinet d'audit peu connu, Gotham city research qui a levé le lièvre et déclenché l'affaire. La bourse alternative de Madrid a suspendu la cotation de la société et demandé à Gowex de présenter un plan d'action alors que le conseil d'administration de la société demande lui d'être placé sous la loi de protection contre les faillites. On ne sait donc pas clairement si l'activité sera poursuivie.
Autre inconnue, jeudi dernier la société présentait ses résultats 2013, affirmant réaliser un chiffre d'affaires de 182,6 millions d'euros, plus de 80% venant du Wifi. Le cabinet Gotham publiait pourtant deux jours auparavant une étude de 90 pages indiquant que les chiffres de Gowex n'étaient qu'une plaisanterie. La société avait répliqué en parlant de diffamation. D'autres commentaires se sont étonnés de la vigueur de Gotham alors que ce cabinet est très peu connu. L'Autorité de régulation de la bourse de Madrid, CNMV, indique vouloir enquêter sur Gotham, en liaison avec la SEC et la FCA, ses homologues américaines et anglaise.