Vodafone teste l'accès premium payant à la 3G en Espagne
L'opérateur britannique Vodafone a annoncé jeudi 19 novembre le lancement en Espagne d'une option Premium qui permettra au client, payant un surcoût, d'avoir accès aux réseaux mobiles haut débit 3G et 3G+ dans les heures de saturation, et sans coupure ou perte de débit. Cet accès prioritaire au réseau est vivement dénoncé par des associations françaises, dont l'UFC-Que Choisir. Interrogée, celle-ci qui redoute que l'arrivée d'un tel type de service en France ne crée des abonnés des second plan. L'explosion du trafic de données, liée à la démocratisation des smartphones connectés à Internet, peut entraîner une saturation des réseaux à certains moments de la journée. Face à cette situation, la filiale espagnole de l'opérateur Vodafone propose un accès privilégié à la 3G pendant les périodes de congestion du réseau. Concrètement, les clients qui souscriront à cette option payante auront accès au haut-débit mobile sans perte de débit. Pour l'heure, cette expérimentation ne s'adresse qu'aux abonnés d'un forfait réservé aux entreprises. Edouard Barreiro, chargé de mission sur les communications électroniques à l'UFC-Que Choisir, redoute que ce type d'option premium ne s'exporte dans d'autres pays d'Europe, notamment en France. "Tous les opérateurs veulent arriver à ce schéma là, en Espagne ou ailleurs" prévient-il. "Pour résoudre les problèmes de saturation des réseaux, les opérateurs télécoms ont le choix entre investir dans les infrastructures ou tout simplement taxer les clients. Or ce principe va segmenter le marché : du haut débit pour les riches, et du bas débit pour les moins riches. Ces derniers, qui n'auront pas souscrit d'option Premium, deviendront des abonnés de second plan". "Les textes européens, notamment le Paquet Télécom, qui est mal écrit, n'interdit pas ces accès privilégiés aux réseaux mobiles. Il faudra que les régulateurs nationaux, comme l'Arcep en France, prennent des dispositions fortes pour les interdire" ajoute M. Barreiro. De son côté, la Quadrature du Net juge ce modèle comme "fondé sur l'organisation de la rareté de la ressource en bande passante plutôt que dans l'investissement dans de meilleures infrastructures est en totale contradiction avec la nature d'Internet". Jérémie Zimmermann, porte-parole de la quadrature du net, dénonce dans un communiqué "une gestion discriminatoire du trafic", violant de fait la neutralité du réseau. Ce dernier appelle également la mise une place d'une protection juridique afin de "garantir qu'Internet reste une plate-forme de communication ouverte et égalitaire".