Vodafone et Telefonica partagent leurs réseaux pour économiser jusqu'à 600 millions d'euros
Fin janvier, en commentant l'étude annuelle publiée par le cabinet Olivier Wyman sur la création de valeur dans les TMT, Jérôme Moitry, directeur associé du cabinet à Paris, indiquait que le partage d'infrastructures serait très certainement l'un des grands sujets de l'année pour les opérateurs de téléphonie mobile. Pour justifier son analyse, il indiquait que ce type d'accord constituait de « véritables sources d'économies », permettant de réduire à la fois les capitaux investis et les coûts opérationnels. Vodafone et Telefonica viennent de lui donner raison. Après quelques jours de rumeurs concernant l'intention des deux opérateurs, ils ont annoncé, lundi, un vaste accord de partage de sites touchant quatre grands marchés européens (la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Allemagne et l'Irlande) et pouvant aussi être étendu à la République tchèque. Si cet accord ne couvre que les infrastructures passives (chacun des deux partenaires conservant ses équipements radio et ses fournisseurs respectifs), il devrait toutefois leur permettre de réaliser des économies significatives. Des économies comprises entre 200 et 600 M€ Si les deux opérateurs se sont contentés d'indiquer qu'elles devraient s'élever à plusieurs centaines de millions d'euros en cumulé sur une dizaine d'années, les analystes ont déjà commencé à les chiffrer plus précisément. Selon Oddo, ces économies pourraient ainsi s'élever à au moins 200 à 300 millions d'euros, mais pourraient atteindre 500 millions à 600 millions dans la mesure où l'accord conclu entre Vodafone et Telefonica porte à la fois sur le réseau 3G et le réseau 2G. Par comparaison, Oddo rappelle que l'accord de partage de réseau conclu, voilà près de deux ans, entre Orange et Vodafone en Espagne (et qui demeure valide malgré l'accord conclu entre le britannique et Telefonica) a permis à Orange d'économiser environ 75 millions d'euros en investissements et en coûts opérationnels. Et ce alors que seulement 50 % de l'accord a été mis en oeuvre à ce stade. Si les montants annuels peuvent paraître modestes, ce type d'accord montre toutefois leur capacité à générer des économies. Une capacité appréciée par les analystes, à un moment où la crise économique peut accroître les pressions sur les revenus des opérateurs mobiles, déjà déstabilisés par les baisses des tarifs réglementés (terminaison d'appel mobile). Les seuls perdants sont les équipementiers Ces accords sont aussi facilités par le fait que les réseaux ne constituent plus un élément différenciant entre opérateur. En revanche, les accords sur les infrastructures passives permettent d'améliorer la couverture (notamment dans la 3G), alors que le développement du trafic données oblige les opérateurs à densifier leur couverture. Seuls perdants de ce type d'accord : les équipementiers. La bourse ne s'y est d'ailleurs pas trompée : si les cours de Vodafone et de Telefonica s'inscrivaient en hausse à l'annonce de l'accord, celui d'Ericsson était en baisse. Pour les analystes, ce type d'accord va évidemment se traduire par une réduction des dépenses d'équipements des opérateurs, alors que les fabricants connaissent déjà des difficultés. Et les accords d'externalisation de la gestion du réseau que certains opérateurs ont conclu (ou pourraient conclure) avec les grands équipementiers ne devraient pas suffire à compenser le manque à gagner.