Virgin Mobile : « Les opérateurs historiques font tout pour freiner les opérateurs alternatifs »
Quatre ans après son lancement, Virgin Mobile revendique 1 million de clients en France et la place de 4ème opérateur mobile de l'hexagone. Son président tempête néanmoins contre les blocages entretenus par les opérateurs historiques.
Difficile d'être un MVNO (Mobile Virtual Network Operator ou opérateur mobile alternatif) en France. C'est ce que martèle Geoffroy Roux de Bezieux, le très médiatique Président de Virgin Mobile. Malgré le cap symbolique que va bientôt passer son entreprise avec 1 million de clients d'ici la fin août (ce qui en fait le quatrième opérateur mobile en France), il n'est pas totalement satisfait. « Le marché de la téléphonie mobile en France n'est pas suffisamment concurrentiel. On s'étonne que les opérateurs alternatifs n'aient pas mieux percé. Mais les opérateurs historiques font tout pour freiner cette expansion , affirme-t-il. Parmi les principaux facteurs de blocage, le patron de Virgin Mobile dénonce les prix de gros trop élevés ; les clauses d'exclusivité qui lient le MVNO à son opérateur; les clauses de préemption - qui empêchent les opérateurs alternatifs de se racheter entre eux quand ils n'appartiennent pas au même réseau - et surtout les blocages techniques « qui réduisent nos marges de manoeuvres pour innover ». Les MVNO n'ont pas, par exemple, accès à la très stratégique base de donnés des clients mobiles « HLR », (Home Location Register), qui contient les informations nécessaires à la gestion des communications d'un abonné. Une situation que dénonçait également en juillet dernier, sur les ondes de BFM Radio, un autre MVNO, TELE2 mobile, s'emportant contre un marché où les MVNO n'accèdent qu'à des offres de gros sans réelle concurrence et l'impossibilité de développer des services innovants pour cause de refus de l'opérateur mobile d'interfacer son réseau aux propres serveurs de TELE2 mobile. Résultat, avec 4,7% de parts de marché, les MVNO français sont très loin de faire de l'ombre aux trois opérateurs historiques. Surtout si l'on compare leur part de marché avec le 10% réalisé en moyenne en Europe, 25% en Allemagne et 15% en Grande-Bretagne. Mais selon Geoffroy Roux de Bezieux, cette situation incombe aussi au régulateur jugé trop frileux : « Depuis quatre ans, l'Arcep n'a rien fait hormis nous recevoir régulièrement ». Photo : Geoffroy Roux de Bezieux, le très médiatique Président de Virgin Mobile lors de la conférence de presse du mardi 26 août 2008 (Photo D.R.) Lassé d'avoir l'impression « de jouer en attendant Godot » (en référence à la pièce de Samuel Beckett), le président de Virgin Mobile a décidé de passer à l'offensive. Fort de son autre casquette de président d'Alternative Mobile (le lobby des opérateurs virtuels), il se démène auprès des pouvoirs publics afin de faire naître une plus grande concurrence. Il place beaucoup d'espoir dans les préconisations publiées fin juillet par le Conseil de la Concurrence et qui dénoncent les points de blocage institués par les opérateurs historiques. Au cas où les trois opérateurs n'accepteraient pas de modifier leurs conditions comme le demande le Conseil de la Concurrence, le patron de Virgin Mobile ne cache pas qu'il « ira plus loin pour faire avancer les choses ». Jusqu'à racheter un bloc de fréquences de la 4ème licence mobile ? « Non car il y a beaucoup trop de contraintes de réseau. Mais quoiqu'il en soit la 4ème licence rebattra les cartes ». Si Virgin Mobile, sans être encore profitable, est devenu un acteur de poids, la situation d'autres MVNO reste plus incertaine. Dans la grande distribution par exemple, seul Auchan tire son épingle du jeu tandis que Carrefour et Leclerc n'arrivent pas à décoller. Auchan affiche 200 000 clients actifs au compteur en deux ans d'activité, mais il est encore loin d'être profitable. Le distributeur mise sur le lancement aujourd'hui, mardi 26 août, d'une gamme de forfaits pour dynamiser son activité et espérer commencer à gagner de l'argent en 2009.