VDSL2 : les opérateurs tiennent-ils leurs promesses ?
Le VDSL2, protocole de transmission de données à haut débit, est lancé par tous les opérateurs depuis le 1er octobre. Qualifiée de technologie la plus performante du marché pour son débit élevé, elle alimente aussi les critiques.
Au mois d'avril 2013, un comité d'experts indépendants a rendu les résultats de son étude sur l'introduction de nouvelles technologies sur le réseau de cuivre. L'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a alors autorisé l'introduction commerciale de la technologie VDSL2 en France. Cette semaine, tous les opérateurs ont lancé leur offre, en particulier Free, Orange, OVH, Bouygues Telecom et SFR.
L'ADSL2+ est actuellement la technologie DSL la plus répandue et le VDSL2 est la technologie la plus avancée utilisable sur le réseau téléphonique de cuivre. Elle permettra de transporter plus d'informations, donc d'avoir un meilleur débit. Son déploiement coûte environ dix fois moins cher que celui de la fibre optique car il tire parti des infrastructures existantes. Sont éligibles, les entreprises qui sont à moins de 1200 mètres du NRA, au-delà, le débit est équivalent à celui fourni par l'ADSL2+. Les débits pourront aller jusqu'à 80 Mbits.
Plutôt dans les zones urbaines
On estime à environ 16% les lignes, dégroupées ou non, qui devraient bénéficier d'un débit supérieur quand les opérateurs auront équipé leurs répartiteurs, beaucoup ont déjà commencé la mise à niveau de leurs équipements. La technologie semble mieux convenir aux zones urbaines, là où les DSLAM sont plus nombreux.
L'offre VDSL2 s'adresse donc plus aux particuliers qu'aux entreprises, qui sont souvent situées loin des NRA, et ont besoin de garanties de débits et de temps de rétablissement, ce que ne peut offrir le VDSL2.
Les 100 Mbits annoncés par certains opérateurs, dont Free par exemple, sont théoriquement atteignables en laboratoire, mais pas sur le terrain. Il faut plutôt compter sur des débits de l'ordre de 50 à 80 Mbits maximum. D'ailleurs, l'Arcep constate que « la communication effectuée par le groupe Iliad sur ses offres à très haut débit fixe à destination du grand public (VDSL2 et fibre) annonce des performances qui sont de nature à induire en erreur les utilisateurs sur le service que va leur apporter leur FAI. »
"Il ne faut pas qu'elle soit survendue"
Patrick Vuitton, délégué général de l'Avicca (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel) s'inquiète aussi des offres de certains opérateurs, « ils font des promesses au-dessus de la réalité, le VDSL est une évolution certaine de la technologie mais il ne faut pas qu'elle soit survendue ».
« Avant, tous les opérateurs mentaient de la même manière car ils avaient les même offres, aujourd'hui, avec les multiples réseaux : câble, fibre, DSL, les fournisseurs peuvent créer de la désinformation ».
Orange et SFR
Orange, qui est plus présent sur la fibre que Free, fait une promesse plus crédible et parle de débits situés entre 15 et 50 Mbit/s. Tout comme SFR qui souligne que son offre ne concerne en France que 16% des 31 millions de lignes qui connaîtront un gain de débit, tandis que 6% (soit 1,9 million de lignes) bénéficieront d'un débit supérieur à 30 Mbit/s (données ARCEP).
Patrick Vuitton note que cette avancée technologique répond à des besoins en très haut débit pour les 5 à 10 ans à venir, mais les besoins vont continuer d'évoluer, il faudra ré-investir. Ces nouvelles approches technologiques pourraient être le G.Fast, une solution poussée par Alcatel-Lucent qui permettrait d'offrir des débits allant jusqu'à 1 Gb/s, sur une distance maximale de 100 mètres, ou le VDSL3 qui doublerait les débits et les portées par rapport aux caractéristiques du VDSL2.