Une leçon belge pour Orange
Les performances de Mobistar pourraient faire la fierté des dirigeants français d'Orange. Mais les succès de cette filiale remuante ne plaident pas en faveur de la stratégie actuelle du groupe.
(Source EuroTMT) Dans la galaxie France Télécom, Mobistar, la filiale belge, constitue certainement l'actif le moins médiatisé. L'opérateur historique français fait régulièrement le point sur ses activités européennes (réduites maintenant à Orange Espagne et TPSA, l'opérateur polonais). Mais les quelques informations concernant Mobistar sont, elles, rangées dans le fourre-tout « reste du monde » qui englobe aussi bien les activités de France Télécom en Europe de l'Est qu'en Afrique.
Pourtant, les performances de Mobistar pourraient faire la fierté des dirigeants français. Mais voilà, si France Télécom détient près de 53 % du capital de l'opérateur mobile belge (le reste est réparti en bourse), le contrôle qu'il exerce sur sa filiale est très limité. Et quasiment inexistant en matière opérationnelle. Mobistar a d'ailleurs, jusqu'à présent, toujours refusé de passer sous la bannière Orange.
Un succès agaçant
Et le succès de Mobistar constitue même une critique sévère de la stratégie Orange, lancée par Didier Lombard, le précédent directeur général de l'opérateur, et qui a montré ses limites aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne ou en Espagne. Alors que France Télécom a enregistré une baisse de 0,6 % de ses revenus du troisième trimestre, Mobistar affiche, en revanche, une très bonne santé avec une croissance de 1,7 % de ses activités belges à périmètre constant (un bond de 5,7 % au final en prenant en compte l'intégration des activités de service aux entreprises, qui ont été acquises auprès de KPN) et de 3,5 % pour l'ensemble du groupe (à périmètre constant), Mobistar étant aussi opérateur mobile au Luxembourg.
Une bonne santé qui ne doit rien à une situation qui serait particulièrement bien orientée sur le marché belge : son principal concurrent, Belgacom, a au contraire enregistré un recul de ses revenus mobiles de 1,5 % au troisième trimestre. Si l'Ebitda de Mobistar a reculé, le retrait a toutefois été moins important que ce qui était attendu. Et au final les comptes trimestriels de l'opérateur mobile ont surpris agréablement les analystes.
Malgré l'impact important de la baisse de tarifs ...
... réglementés (la terminaison d'appel mobile et le roaming intra-européen), Mobistar doit le maintien d'un taux de croissance important à deux éléments : une augmentation du nombre d'abonnés à ses forfaits et une forte progression de ses revenus liés aux données qui représentent maintenant plus de 32 % de l'ensemble de ses revenus mobiles.
Les MVNO comme sources de revenus
L'opérateur compte en direct plus de 3,4 millions d'abonnés. Il a aussi largement ouvert son réseau aux MVNO (opérateurs mobiles virtuels) qui gèrent maintenant quelque 400 000 clients, ce qui lui permet de revendiquer près de 3,9 millions de clients. Un niveau qui le place au coude à coude avec Belgacom (3,8 millions d'abonnés) et Base (la filiale belge de KPN) qui compte 3,7 millions de clients.
Mais après s'être consacré pendant des années à faire croître son activité dans la téléphonie mobile, Mobistar commence aussi à se développer dans la téléphonie fixe et l'Internet à haut débit.
Alors que ce marché est contrôlé par Belgacom qui a lancé très tôt des forfaits triple-play en proposant ses propres chaines (notamment sportives), Mobistar, qui compte près de 50 000 clients ADSL, vient de lancer un forfait triple-play, en proposant un service de télévision par satellite (proposant l'accès à plus de 500 chaînes).
Cette offre est 10 % moins chère que celle de Belgacom. Elle pourrait permettre à Mobistar de capter la clientèle « ethnique », la Belgique comptant une importante population immigrée.
Illustration D.R.