Une 4ème licence 3G présentée comme très risquée

le 02/07/2009, par Vivien Derest, Régulation télécoms, 729 mots

L'oligopole des 3 opérateurs mobiles français semble s'inquiéter de l'arrivée d'un nouvel opérateur sur son secteur. Une crainte injustifiée au vu du chemin semé d'embûches qui l'attend, si l'on en croit la conférence des Échos du jeudi 2 juillet.

L'avenir apparaît bien sombre pour le futur 4ème opérateur, si l'on en croit la conférence « 4ème licence mobile 3G : comment l'arrivée d'un nouvel opérateur va-t-elle stimuler la concurrence ? » organisée par Les Échos le jeudi 2 juillet. Une table ronde qui s'est ouverte sur la question : « La plainte déposée par Orange contre la 4ème licence a-t-elle ses chances ?  » « Ça va être dur pour Orange, si on se fie aux précédents. La commission Européenne laisse une grande marge aux États  », estime Orion Berg, avocat chez White & Case. Il précise aussi que la quantité de fréquences qui sera allouée au nouvel entrant est moins importante, et que la conjecture économique est plus difficile. Autant de raisons qui viennent justifier selon lui un coût de 240 Millions d'euros (contre 620 Millions à l'époque pour Orange, SFR, et Bouygues). Même les opérateurs actuels semblent être bien en peine quand il s'agit d'estimer la valeur de cette 4ème licence : 1 Milliard selon Orange, 500 Millions selon SFR, et 400 Millions pour Bouygues. Le prix de la 4ème licence n'est pas le problème Pourtant, le prix de la 4ème licence parait presque être le cadet des soucis des candidats potentiels. « Ce n'est pas le prix qui fait reculer les candidats », affirme Philippe Maugest, Secrétaire Général de l'opérateur MVNO Virgin Mobile, qui n'a pas annoncé sa candidature officielle mais y réfléchit sérieusement. Pour lui, le 4ème opérateur aura en effet d'autre soucis d'ordre technique ou économique : - La baisse du tarif des terminaisons d'appel fixe vers mobile. Elles avaient subventionné les précédents opérateurs, et elles sont aujourd'hui largement réduites, - Le déploiement des antennes est devenu très compliqué dans les municipalités, suite aux interrogations quand aux dangers des ondes radio pour la santé, - Les coûts d'installation de nouvelles antennes sont de plus en plus élevés. Le partage des sites actuel sera monnayé, mais à quel prix ? Un marché verrouillé par les opérateurs actuels Au delà de la technologie et des conditions économiques, Nicolas Didio, analyste chez Exane BNP Paribas, fait remarquer que les clients potentiels posent aussi problème : - Le marché français donne l'impression qu'il n'y plus de place. C'est pour cela que les opérateurs étrangers, dont la marque n'est pas connue des Français, ne viendront probablement pas. C'est aussi ce qui donne une chance à Virgin Mobile, Numericable, ou Free. - Les forfaits représentent 80 % du marché, et les clients engagés 70 % de ces forfaits, autant de consommateurs qui ne sont pas libres de se séparer de leur opérateur actuel. - Les opérateurs actuels disposent d'un réseau de boutiques bien installé, - Le nouvel opérateur aura des difficultés à se positionner sur le secteur de la donnée mobile, pourtant en pleine expansion dans les usages (la bande de fréquences qu'on lui alloue étant réduite). Le bilan dressé par Philippe Maugest et Nicolas Didio est donc assez noir. Philippe Maugest déclare pourtant que Virgin Mobile est très intéressé par la quatrième licence. Pourquoi ? Le prix demandé (240 millions) lui semble relativement bas, mais c'est surtout le modèle MVNO qu'il remet en cause. Le modèle MVNO remis en cause Les MVNO payent en effet à l'opérateur de réseau en fonction de l'utilisation qu'ils font du réseau. Un modèle basé sur des coûts variables, et qui se prête mal à la définition d'offres illimitées, par exemple. Le MVNO n'a de plus pas eu le même succès selon les pays (35 % du marché en Allemagne, 1 à 2 % en Espagne, et 5 % en France). Il voit donc 2 solutions. La première serait de devenir opérateur possédant son propre réseau afin d'avoir des coûts fixes et un réseau à remplir. La seconde, en restant MVNO, serait de demander aux opérateurs d'êtres moins contraignants. De nouveaux modèles sont à trouver Quoi qu'il en soit, de nouveaux modèles sont à trouver. Deux solutions ont été évoquées. La première, par Nicolas Didio (Axane BNP Paribas), consisterait à réduire la subvention sur les prix des téléphones. Les utilisateurs paieraient plus cher leurs mobiles, mais profiteraient de politiques d'abonnement plus agressives. Jérôme Clauzure, Délégué Général de l'AFUTT, suggère de son côté un opérateur qui commercialiserait uniquement son réseau via des MVNO dans sa relation avec le grand public, sans avoir de clients en propre. Bref, le débat n'est pas clos.

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