Un quart des entreprises télétravaillent au moins un peu
Il existe en France un paradoxe entre la présence importante d'outils permettant de mettre en place le télétravail dans les entreprises et le fait que peu d'entre elles aient franchi le pas. Comme le montre une étude d'IDC commandée par Bouygues Telecom, les freins sont notamment de nature managériale et organisationnelle.
Le haut débit résidentiel, le VPN, les ordinateurs portables à bas prix et plus récemment l'avènement des smartphones sont une partie des nombreux outils qui forment un boulevard pour le développement du télétravail dans les entreprises. En France, pourtant, elles ne font pas montre d'un enthousiasme débordant. D'après l'observatoire d'IDC sur « l'informatique et les télécoms au services de nouvelles organisations du travail », réalisé pour Bouygues Telecoms, seules 24% des 240 entreprises interrogées déclarent en effet avoir des salariés en télétravail à domicile. Et pour 81% de celles qui se disent concernées, ce mode de collaboration touche moins de 10% de leurs effectifs, pendant une journée par semaine dans la moitié des cas. Lors des 12 dernier mois, la situation n'a d'ailleurs pas évoluée puisque la pratique du télétravail est restée stable dans 93% des organisations tandis qu'elle reculait chez 4% d'entre elles et diminuait dans 3% des entreprises.
Toutes les technologies nécessaires sont pourtant présentes
La résistance au changement est d'autant plus étonnante que non seulement l'ensemble des technologies nécessaires au télétravail existent mais qu'elles sont aussi déjà en place dans de nombreuses entreprises. Ainsi, parmi les entreprises sondées par IDC, une majorité d'entre elles dispose d'un intranet/extranet/réseau social (82%), d'un VPN (77%), d'un webmail (72%), d'un système d'audioconférence (53%) et d'un outil de partage de documents de type groupware (50%). Et si elles n'atteignent pas encore la barre de la moitié des entreprises équipées, la messagerie instantanée (47%), la visio et la webconférence (42%) ainsi que la messagerie unifiée (38%) sont déjà assez répandues.
Pour IDC, les freins à un élargissement rapide de la pratique du télétravail sont notamment de nature managériale et organisationnelle. Les chiffres récoltés par le cabinet d'études montrent en effet que 76% de chefs d'entreprises rechignent à adopter massivement cette pratique bien que 40% d'entre eux peuvent la tolérer de façon marginale. La formalisation d'une politique d'entreprise liée au télétravail inquiète également les organisations. Quels salariés seront éligibles ? Selon quels critères ? Les collaborateurs sont-ils suffisamment équipés à leur domicile ? Tels sont les types de questions que les entreprises doivent se poser et auxquelles elle doivent surtout trouver des réponses.
Les nouvelles générations vont accélérer l'évolution
Elles y seront peut-être amenées plus vite que prévu par les nouvelles générations de salariés très sensibilisées à une approche virtualisée des relations et des modes de travail collaboratif au sein d'une communauté. Déjà, la frontière entre environnements professionnels et personnels tend à se réduire. Selon IDC, 60% des salariés équipés d'un PC portable professionnel l'utilisent à leur domicile pour un usage le plus souvent mixte. En outre, 42% des entreprises interrogées déclarent que leurs salariés accèdent à tout ou partie des outils collaboratifs depuis leurs équipements personnels. Elles sont en outre 22% à indiquer subir une pression forte à modérée de leurs collaborateurs pour élargir leur accès aux outils collaboratifs via leur PDA/smartphones personnels. Pour le moment, l'outil professionnel le plus accessible via les équipements personnels est la messagerie d'entreprise (95%), suivie par les applications métiers (45%). Au final, on le voit, l'expansion du télétravail est un phénomène lent mais, semble-t-il, inéluctable.
Crédit photo : Toshiba