Un plan ambitieux de trois ans pour Systematic Paris-Région
D'ici à 2016, Systematic Paris-Région prévoit neuf projets d'envergure sur la ville connectée, l'usine du futur et les systèmes d'information (autour de l'Open Source et des big data, notamment). « Le pôle sort de sa zone de confort », avertit son président, Jean-Luc Beylat.
Toujours aussi déterminé dans les actions de développement qu'il engage, Systematic Paris-Région s'est établi un plan stratégique sur cinq ans pour lequel il s'est fixé des objectifs à trois ans. Le pôle de compétitivité, orienté sur les technologies numériques des systèmes complexes, rassemble à ce jour 713 partenaires, dont 125 grands groupes et 459 PME. Depuis sa création, il concentre ses efforts sur cinq secteurs industriels : transports, énergie, sécurité, santé et télécommunications. Il vient d'y ajouter trois marchés d'avenir sur lesquels il compte exploiter la diversité d'expertises de ses adhérents et recruter d'autres membres : les villes connectées, l'usine du futur et les systèmes d'information, ces derniers cristallisant des sujets en plein essor comme le byod, les big data, l'Open Source et l'Internet des objets. D'ici à 2016, l'écosystème du pôle entend développer neuf projets d'envergure sur ces trois marchés.
Commentant ces objectifs, Jean-Luc Beylat, président de Systematic, a fait remarquer hier, lors d'un point presse à Paris, que le pôle sortait ici de sa « zone de confort ». Il a aussi rappelé l'importance, pour explorer certains domaines, de travailler avec les autres clusters de compétitivité. « Nous sommes sans doute celui qui a le plus de projets co-labellisés avec d'autres pôles ». Systematic travaille entre autres avec Cap Digital, Medicen, ou encore Minalogic. Une transversalité qui prendra toute son importance sur le marché des véhicules connectés, par exemple, ou sur celui des villes dites « intelligentes » (smart cities, en anglais). Quant à l'usine du futur, « elle n'aura rien à voir avec celle d'aujourd'hui et créera des emplois par les services qu'il y a autour », a souligné Jean-Luc Beylat en ajoutant que cela s'inscrivait complètement dans le plan robotique annoncé par Arnaud Montebourg en mars.
Une spirale d'entraînement pour bâtir la filière du numérique
En huit années d'existence, le pôle francilien s'est impliqué dans 379 projets de recherche et développement et il a engagé 1,97 milliard d'euro dans sa R&D (dont 0,7 Md€ d'aide). En 2005, il réunissait 102 000 emplois. Il en compte aujourd'hui 420 000. Quant à son chiffre d'affaires, cumulé sur huit ans, il s'élève à 330 Md€. Parmi les actions menées au cours des derniers mois pour développer son écosystème et faire grossir ses PME, la création du collège Investisseurs a été un point-clé, a souligné Jean-Noël de Galzain, vice-président de Systematic. Cela a permis de trouver entre 10 et 20 M€ de financement par an pour les PME.
Le cluster francilien a mis en avant 17 d'entre elles, qualifiées de « Champions du pôle » et il présente ses « success stories ». Il veut bâtir autour d'elles « une spirale d'entraînement pour bâtir la filière du numérique » que veut soutenir le ministère de Fleur Pellerin. Parmi ces 17 PME, on trouve des éditeurs comme Smile, Alter Way, Open Wide, Linagora, Talend, Keynectis, ESI Group, Bonitasoft... Cette action va bien évidemment se poursuivre. « Nous pensons faire émerger une demi-douzaine de champions par an », a exposé Jean-Noël de Galzain. « Dans six ans, nous aurons une cinquantaine de champions qui seront les locomotives du numérique ». Sur quels points travailler pour y parvenir et franchir le plafond de verre : l'export, assurément. L'objectif est d'avoir 20 implantations à l'international à l'horizon 2018 et de réaliser hors des frontières hexagonales 30% du chiffre d'affaires cumulé des PME du pôle.
Systematic présent à Boston, Pékin et Bangalore
Pour ces entreprises, l'enjeu est crucial. Or, « l'international est difficile à adresser lorsque l'on est petit, alors que l'on arrive à établir des connexions très vite si l'on y va dans le sillage de grands groupes », a souligné Fadwa Sube, membre du collège des investisseurs de Systematic. Elle a accompagné la récente mission en Chine organisée dans le cadre d'Ambition PME avec Systematic, sur le thème du cloud computing. Des rendez-vous personnalisés étaient proposés sur Pékin et sur Wuhan, 12ème ville la plus peuplée de Chine, une région industrielle où s'est installé le constructeur automobile PSA. « Il s'est dépensé en un an à Wuhan un milliard de dollars en capital risque ».
Pour accompagner ses PME, Systematic a déjà établi une présence aux Etats-Unis (à Boston), en Chine (à Pékin) et en Inde (à Bangalore). Le pôle prévoit de développer des partenariats avec d'autres clusters à l'étranger. « L'enjeu international est vraiment important », a insisté Jean-Luc Beylat. Clairement, le but est de dynamiser des entreprises ayant l'ambition de devenir « des acteurs globaux »
Un objectif de levée de fonds pour 50% des PME innovantes...
Un objectif de levée de fonds pour 50% des PME innovantes
Autre axe de travail pour Systematic, celui de l'apport de compétences aux PME, avec la poursuite du dispositif Pass-Compétences lancé en 2012. Celui-ci permet à un grand groupe de détacher l'un de ses collaborateurs seniors vers une PME de l'écosystème. Un tiers de son salaire reste payé par la grande entreprise, un autre tiers est pris en charge par la PME et le 3èmetiers est alloué par l'Etat, via le fonds de revitalisation. L'objectif est d'avoir huit à dix de ces transferts chaque année, a indiqué Jean-Noël de Galzain en regrettant que cette initiative soit ralentie par certaines dispositions du droit du travail. Dans le domaine de la formation, des propositions seront faites sur les masters spécialisés. Jean-Noël de Galzain rappelle aussi la coordination du pôle avec l'environnement scientifique du Campus Paris Saclay, son université et l'IRT SystemX.
« Nous allons par ailleurs créer un club des partenaires de Systematic », a ajouté le vice-président. Avec une quarantaine de partenaires, « triés sur le volet ». De nouveaux dispositifs de financement vont être également étudiés, parmi lesquels le crowdfunding. Le pôle a un objectif de levée de fonds pour 50% de ses entreprises innovantes. Il va également mettre en place un secrétariat permanent afin que les PME puissent échanger rapidement des informations entre elles, sur les contacts à prendre pour entrer dans les grands groupes par exemple.
La volonté politique doit suivre
Ce qui conduit à un autre point qui fait l'unanimité parmi les PME, le besoin d'établir un Small Business Act. « Un objectif rêvé », difficile à mettre en place, qui progresse à pas mesurés pour ne pas prendre le risque de le voir retoqué. « Nous n'avons jamais été aussi prêts d'y arriver », a toutefois indiqué Jean-Noël de Galzain en rappelant les avancées réalisées avec l'arrivée des médiateurs Pierre Pelouzet (relations inter-entreprises) et Jean-Lou Blachier (marchés publics). « Mais il faudra aussi une volonté politique ». En attendant, Systematic va s'appuyer sur ses 120 grands groupes donneurs d'ordre pour favoriser les contrats avec les PME. « Nous mettons aussi en place un mentorat business avec un ancien directeur de Sagem Safran pour aller développer de nouveaux marchés ».