Un des fondateurs de Google victime de l'affirmation de sa société « La vie totalement privée n'existe pas »
Chez Google, la vie privée n'est qu'une vue de l'esprit. C'est le message que semble faire passer l'hégémonique acteur du Web après qu'un couple américain l'eut poursuivi pour avoir mis en ligne des photos de sa maison sur Street View. Ce service offre aux internautes des clichés des rues de plusieurs villes, pris au niveau du sol, en complément des photographies aériennes (Google Earth). Des internautes ont protesté contre les clichés mis en ligne, ce qui a obligé Google à flouter les visages des passants et les plaques minéralogiques. Des mesures insuffisantes aux yeux du couple, Aaron et Christine Boring, selon lequel les clichés de leur maison mis en ligne illustrent « La conduite insouciante [du groupe] et ont causé des souffrances mentales (sic) ». En réparation, les deux Américains réclament 25 000$. Réponse laconique de Google : « Même en plein désert, la vie totalement privée n'existe pas ». Une assertion affligeante, aux yeux de Ken Boehm, le président du NLPC (National legal and policy center), un organisme de promotion de l'éthique dans la vie publique. Selon lui, « L'hypocrisie de Google est à couper le souffle. Peut-être que dans le monde de Google la vie privée n'existe pas. Mais dans le monde réel, la vie privée revêt une importance fondamentale et est rognée petit à petit par des entreprises comme Google. » Le NLPC a donc décidé de prendre Google à son propre jeu et d'illustrer le danger potentiel que des outils comme Maps, Earth ou Streetview représentent. Les tenants de l'éthique ont concocté un document de sept pages fourmillant de détails sur la vie quotidienne d'un « haut dirigeant de Google », dont l'identité n'a pas été révélée, mais qui selon le site Valleywag, serait Larry Page, le co-fondateur de Google. On apprend que le ponte vit dans une spacieuse villa de Palo Alto, dont on voit la façade grâce à une photo issue de Street View. Une vue aérienne, via Google Earth, confirme que la demeure est luxueuse : patio intérieur, piscine, parc paysager. Le NLPC indique même que 253 mètres séparent la grille d'entrée de la porte de la maison. Pratique pour d'éventuels monte-en-l'air. Ils n'auront aucune difficulté pour reconnaître la voiture du maître des lieux grâce au cliché - issu de Street View - sur lequel la plaque minéralogique est parfaitement visible. Si nos malfaiteurs préfèrent les joies du 'car jacking' à celles de la cambriole, il leur suffira de se positionner le long du trajet emprunté quotidiennement par ce patron de Google. La tâche sera facilitée par la photo aérienne présentée : la route séparant la résidence de la potentielle victime de son lieu de travail y est clairement identifiée et l'itinéraire détaillé. On apprend que le chemin mesure 7 kilomètres et que 11 minutes suffisent pour aller du domicile au bureau. Les internautes les plus vils auront même, grâce au NLPC, le loisir de sélectionner les points stratégiques pour intercepter le véhicule du 'top executive' : les carrefours imposant l'arrêt par des Stops ou des feux rouges sont tous répertoriés et photographiés. La voie suivie par le NLPC est contestable et ne manquera pas de faire grincer des dents. Certains objecteront qu'il est vain de s'en prendre à Google, dont le seul tort pourrait être d'avoir mis en ligne des outils autorisant une incursion dans la vie privée. Certes, rétorqueront les autres, Google ne désire évidemment pas jouer les Big Brother. Il n'est qu'un éditeur et n'a d'autre but que de gagner de l'argent. Cependant, la froideur - voire le cynisme - qui entoure sa conviction que « la vie totalement privée n'existe plus » n'en est pas moins stupéfiante. Et a servi de détonateur à la colère du NLPC.