UK : BT a-t-il ou pas reconstitué un monopole sur la fibre optique ?
Si en France la fibre optique est l'objet de débats lénifiants, au Royaume-Uni la controverse éclate. Dans le rôle du flingueur, TalkTalk, mais celui qu'il vise, BT, ne manque pas d'arguments.

Le Pdg de TalTalk, Dido Harding, accuse BT l'opérateur historique anglais de constituer un monopole à partir de ses développements dans la fibre optique. Il lui reproche d'entraver le déploiement d'une fibre plus rapide mais moins cher au Royaume-Uni. Selon lui, ce marché de la fibre optique dans son pays est fondamentalement moins compétitif. BT serait à ses yeux un «fournisseur monopolistique" de très haut débit en wholesale (en tant que grossiste). Avec une faible adoption par les consommateurs anglais en raison de prix de gros trop élevés, Dido Harding a déclaré que TalkTalk était "paralysée" pour offrir une meilleure valeur à leurs clients. BT a réfuté ses allégations.
Selon les règlements du régulateur l'Ofcom adoptés en 2010, BT doit offrir à ses concurrents un accès libre et égal à son réseau de cuivre pour les services à large bande afin de mieux ouvrir le marché. Suite à cette décision, les prix du haut débit ont diminué de moitié du fait de la concurrence, selon Dido Harding. Désormais, le marché se préoccupe de l'évolution de la fibre et des positions développées par BT. "Sa part de marché est le double de ce qu'elle est dans le cuivre et il fait grimper les coûts pour les familles et les entreprises quand ils peuvent le moins se le permettre", assène le patron de TalkTalk.
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Il a donc demandé à l'Ofcom de réglementer la disparité entre les prix de gros et les prix facturés aux consommateurs et donc les conditions de marché qui aboutissent à cette situation. "C'est une étape essentielle en vue de garantir un marché concurrentiel». Il a également suggéré que jusqu'à 1,5 milliard de livres sterling de subventions publiques soient remis à BT afin de construire des infrastructures auxquelles «une partie importante de la société ne peut pas accéder".
Cette initiative fait suite aux commentaires récents du directeur de la division des consommateurs de BT, John Petter, dans lesquels il a attisé le débat sur la régulation de la fibre. Il a ainsi déclaré au Telegraph: "Il est très frappant de constater que le directeur général de TalkTalk, de son propre aveu, a dit aux investisseurs que la fibre est rentable pour eux, alors qu'il a raconté une histoire tout à fait différente au régulateur, je pense que cela doit les rattraper tôt ou tard".
L'Ofcom a enquêté sur BT
L'Ofcom a effectivement engagé, après une plainte de TalkTalk, une enquête contre BT sur sa pratique des prix de gros. Et, souligne BT, Dido Harding a négligé le fait que l'Ofcom a rejeté la plainte après avoir examiné l'allégation d'un «effet de ciseaux». "Pour l'Ofcom, les prix actuels partiqués par BT sur la fibre ne posent pas de problème", selon BT.
"BT Group a investi 2,5 milliards de livres venus de ses actionnaires pour construire un réseau à ultra haut débit, le retour sur investissement prendra de nombreuses années, ajoute BT. L'Ofcom reconnaît que BT devrait être autorisé à faire un juste retour sur cet énorme investissement à long terme, puisque l'infrastructure profitera à la nation. Et nous ne croyons pas ce soit la mission de l'Ofcom de donner aux grandes entreprises rentables, comme TalkTalk, une longueur d'avance dans le très haut débit, remarque le dirigeant de BT».
BT a ajouté : "l'assertion de Didon Harding selon laquelle BT reconstruit un monopole sur la fibre est aussi farfelue que si Virgin Media prétendait avoir son propre réseau à ultra haut débit. BT, d'autre part, a construit son réseau pour une poignée d'années, et l'a volontairement mis à disposition sur un pied d'égalité à tous les fournisseurs de haut débit, BT utilise, en fait des dizaines de fournisseurs de services et plus de de trois millions de ménages et d'entreprises en bénéficient maintenant. "