TV-connectée: les enjeux autour de la surimpression de flux
En matière de TV-connectée, un dispositif technique - la surimpression de flux - remet en question l'écosystème de l'audiovisuel. Les chaines de TV s'inquiètent de cette fonction rendue disponible par les fabricants et utilisable par les nouveaux acteurs d'internet comme Google.
Petite cause, grande conséquence. La surimpression de flux sur des TV connectées remet en cause l'équilibre des revenus dans l'audiovisuel (voir notre dossier complet sur les TV-connectées). Cette technique consiste à ajouter en surimpression sur les programmes TV des bandeaux publicitaires incitant à cliquer afin d'être re-routé sur d'autres sites de contenus. Les bandeaux publicitaires sont rajoutés, par exemple, en bas de l'écran et visibles pendant le visionnage des émissions.
Ce dispositif inquiète les chaines de télévision françaises car il peut être contrôlé par les acteurs d'internet à l'instar de Google ou d'Apple ou par les fabricants de TV eux-mêmes tels que Samsung ou Sony. Dès lors, les chaînes de TV cherchent à contrôler les surimpressions de publicité sur leurs contenus. Elles ont ainsi publié un manifeste sur ce sujet en novembre 2010 pour protéger l'intégrité de leurs images. Ce manifeste porte "sur les modalités d'affichage des contenus et des services en ligne sur les téléviseurs et autres matériels vidéo connectés."
Via cette charte, les chaînes françaises "demandent le respect de l'intégrité du signal de chacune des chaînes signataires reçues sur les téléviseurs afin que les éditeurs puissent continuer à exercer un contrôle total et exclusif sur les contenus et services affichés en surimpression ou autour de leurs programmes diffusés".
L'enjeu est important pour Gilles Maugars, Directeur Général adjoint du groupe TF1, interviewé récemment par notre confrère Édition Multimédia et publié dans nos colonnes. Il craint que le dispositif de surimpression échappe...
Photo : Gilles Maugars, directeur général adjoint Technologies du groupe TF1
...aux chaînes de TV et il en appelle à un accord entre les chaînes de télévision et les fabricants de téléviseurs.
Il craint que "dans le pire des cas, cette surimpression serait 'rendue possible' par les outils des téléviseurs eux-mêmes, puis 'utilisée' par des services en ligne non contrôlés." Comprendre : par Google ou autres Apple. Car "la surimpression n'appartient pas vraiment à un acteur, c'est ce qui pose problème" s'exclame Gilles Maugars.
Mais à écouter Gilles Maugars, on comprend que TF1 veut négocier avec les fabricants de téléviseurs en montrant que c'est l'intérêt des deux parties : « c'est ce genre de mécanisme que les industriels [NDLR : les fabricants de téléviseurs ] sont prêts à éviter, dans une discussion permanente avec les chaînes. La complémentarité chaînes/industriels a permis depuis quelques années de renouveler tout le parc français de téléviseurs, les chaînes diffusant tant en TNT qu'en HD, pendant que les industriels adaptaient leurs modèles. Ce processus de coopération entre éditeurs de chaînes de télévision et fabricants de téléviseurs est assurément le plus efficace ».
L'écosystème de l'audiovisuel est complexe, entre les chaînes de TV, les maisons de production, les auteurs, les fabricants de téléviseurs, les FAI, les fabricants de box télécoms et les nouveaux acteurs issus du Web et des technologies comme Dailymotion ou Google. La course aux accords est enclenchée afin de gagner la meilleure part du marché publicitaire.