Trop vieux, trop lent, TCP/IP pourrait disparaître
Développé à une époque où les infrastructures réseaux étaient peu fiables, le protocole TCP/IP avait pour objet de corriger les erreurs de transmission en demandant le renvoi des paquets manquants ou altérés. Il en résulte un ralentissement des débits, qu'un groupe de chercheurs a contré en développant une solution mathématique : le codage réseau.
TCP/IP, aujourd'hui vieillissant, pourrait bientôt être remplacé. En effet, s'il y a un protocole dont les exploitants réseaux sont saturés quotidiennement, si ce n'est à chaque minute, c'est bien TCP/IP. Un groupe de chercheurs de l'université d'Aalborg, au Danemark, en association avec le MIT et le Caltech (California Institute of Technology), estime que l'Internet pourrait être plus rapide et plus sécurisé si l'on abandonnait le concept de paquets et de correction d'erreurs. Celle-ci ralentit le trafic du fait de la surabondance de données car souvent elles doivent être envoyées plusieurs fois. À la place, ils proposent un codage réseau en s'appuyant sur une équation mathématique. Celle-ci calcule quelles données n'ont pas traversé le réseau. Ils affirment que cette méthode remplace avantageusement l'envoi de paquets.
Janus Heide, P-DG de Steinwurf, une entreprise commerciale qui promeut le codage réseau, et Frank Fitzek, professeur au département des systèmes électroniques de l'université d'Aalborg, recourent à une analogie avec des voitures sur la route pour expliquer leur technique. Celle-ci consiste à diriger les véhicules dans toutes les directions, sans que les voitures aient besoin de s'attendre les unes les autres. Le débit est plus rapide car il n'y a pas de feux rouges. La clé du procédé consiste dans un codage réseau et un décodage effectués par un élément appelé RLNC (Random Linear Network Coding). Cette technologie a été brevetée et développée en C++. Chez Steinwurf, elle est nommée Kodo et l'entreprise envisage de la vendre à des constructeurs d'équipements.
Le fléau de la « bufferisation »
Selon le groupe, les résultats des tests ont été excellents. Une vidéo de quatre minutes a été téléchargée cinq fois plus rapidement que par la méthode classique. De plus, elle n'a pas « bégayé » comme l'a fait le clip d'origine qui a, de plus, été interrompue 13 fois au cours de la transmission traditionnelle. Comme chacun le sait, la bufferisation, aujourd'hui, est le fléau de l'Internet. D'autres tests ont montré que les débits pouvaient être multipliés jusqu'à 10 fois. Selon Frank Fitzek, la technologie est utilisable dans les satellites, les mobiles et les communications Internet ordinaires. Le codage réseau permet également de rendre les noeuds de communication plus intelligents. En effet, au lieu d'envoyer les données toujours par le même chemin, comme c'est le cas avec TCP/IP, le codage réseau est capable de les router sur de multiples trajets, toujours différents, ce qui renforce la sécurité.
Un Internet plus rapide signifierait donc la disparition de TCP/IP. En fait, avec les algorithmes mathématiques et le codage, les choses sont un peu plus complexes que la traditionnelle souche TCP/IP. De plus, les critiques ne manquent pas. Ainsi, selon certains, la vitesse de l'Internet est limitée par la puissance des commutateurs et non par la transmission des paquets elle-meme.