Très haut débit : une progression trimestrielle toujours aussi timide
Le régulateur des télécoms, l'Arcep, publie les résultats de son Observatoire du haut et du très haut débit pour le deuxième trimestre. Une fois de plus, les chiffres paraîtront faibles, ils sont publiés dans un contexte où l'attentisme ne fait que se renforcer.
Au cours du deuxième trimestre 2014, le nombre d'abonnés à haut et très haut débit, progresse de 175 000 au deuxième trimestre. 45 000 d'entre eux sont à haut débit et 130 000 à très haut débit. Les premiers proviennent essentiellement d'abonnés xDSL (avec un débit inférieur à 30 Mbits/s), dans une moindre mesure d'abonnés par câble, wifi, ou satellite. Les abonnés très haut débit sont pour 75 000 d'entre eux reliés par fibre optique, 15 000 avec terminaison en câble coaxial, 35 000 en VDSL2.
Concernant le parc de logements éligibles, la progression est plus sensible. La France comptait fin juin 11,6 millions de logements éligibles au THD, toutes technologies confondues (FttH, câble, et cuivre en VDSL2). C'était 11,4 trois mois auparavant. En un an, la progression est de 29%. Deux fait à noter sur ce parc, 6,3 millions de logements sont situés en dehors des zones très denses et plusieurs technologies d'accès peuvent coexister pour un même logement.
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L'autre signe de la bonne santé du haut débit vient du dégroupage. Les chiffres bruts donnent une première idée de son développement avec 13,2 millions d'accès, 111 000 de plus au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent. 11,9 millions sont des accès dégroupés et régulés, en progression de 134 0000, 1 250 0000 sont des accès dits « bistream", ceux où l'opérateur alternatif n'a pas d'équipements dans les répartiteurs d'Orange mais ses accès sont quand même activés par Orange. Ces accès bitstream baissent de 23 000 sur le trimestre.
Au-delà de ces chiffres bruts, l'Observatoire souligne des points positifs pour la montée en débit effectuée par Orange. D'abord, avec ses nouveaux NRA-xy, notamment ceux de type ZO qui desservent les zones d'ombre en liaison avec les collectivités territoriales, ils sont 1 962 sur l'ensemble du territoire. L'opérateur déploie également son offre PRM (points de raccordement mutualisés), ils interviennent en dehors des zones de déploiement de la fibre, avec la mise en place de NRA de type MeD (monteé en débit), l'opérateur en a installé 78 sur le trimestre, ils sont désormais 235 pour 81 000 lignes.
Progrès dans les financements
La progression du haut et du très haut débit reste faible par rapport à l'objectif annoncé il y a dix huit mois de couverture de la totalité du pays en fibre optique. Les efforts sont réels partout où les opérateurs privés ou les collectivités locales sont en mesure d'avancer. La question des financements a trouvé des réponses avec la sanctuarisation des financements de l'Etat, annoncée par Bercy au mois de mai dernier. Mais le secteur privé va devoir lui aussi apporter de nouvelles solutions. Axione a par exemple négocié le 1er project bond européen portant sur le très haut débit.
En fait, trop de décisions sont en attente, en particulier la création de l'Agence du très haut débit, qui doit poursuivre les efforts de la Mission très haut débit. La mise en place du nouveau groupe Numericable-SFR qui s'opèrera à partir de janvier 2015 suscite également des interrogations du fait de la forte présence de Numericable dans le câble. Parallèlement, les montées en débit ne font que pérenniser le cuivre et semblent reléguer à plus tard le déploiement de la fibre optique. L'Avicca, fédération regroupant les collectivités locales spécialisées sur le sujet « regrette que l'Arcep n'ait pas réussi à articuler des débits sur le réseau cuivre (extension des possibilités d'utilisation du VDSL 2) avec les projets FTTH, qui viendront se percuter localement ». Tant que ces dossiers très complexes ne seront pas rapidement réglés, si possible en même temps, l'élan ne sera pas suffisant et, trimestre après trimestre, l'Observatoire rendra un verdict trop mesuré.