Très Haut Débit : rétropédalage de France Télécom
le 01/10/2009, par EuroTMT,
Fibre optique, 574 mots
France Télécom avait gelé ses investissements dans la fibre optique, mécontent du cadre réglementaire. L'opérateur trouve finalement que les propositions de l'Arcep pour le câblage des zones denses lui conviennent. Mais ce n'est pas encore le cas pour les zones moyennement denses.
(Source EuroTMT) Après des mois de bras de fer avec l'Arcep et les autres opérateurs, France Télécom vient d'enclencher la marche arrière. Intervenant lors du Comité des réseaux d'initiative publique (CRIP) qui s'est tenu mardi 29 septembre, Eric Debroeck, le directeur des affaires réglementaires de France Télécom, s'est félicité du cadre réglementaire proposé par l'autorité de régulation pour faciliter le déploiement des réseaux en fibre optique dans les zones très denses.
Estimant que ce cadre apporte des éclaircissements favorables, Eric Debroeck a souligné que France Télécom souhaitait « ardemment » investir dans le très haut débit fixe. En clair, après avoir combattu la recommandation du multi-fibrage des immeubles (qui devrait devenir la norme dans les zones très denses) et avoir menacé de geler ses investissements, l'opérateur historique reconnaît donc que c'est une bonne proposition. Un changement de position que Jean-Ludovic Silicani, le président de l'Arcep, a d'ailleurs salué lors de son intervention en conclusion de la réunion.
Surtout, les propos tenus par Eric Debroeck permettent d'envisager un déploiement maintenant rapide du très haut débit dans les zones très denses. Si le câblage des immeubles était gelé, les opérateurs attendant la définition du cadre, ils ont toutefois poursuivi le déploiement horizontal de l'infrastructure. Ainsi, au 30 juin, l'observatoire du très haut débit réalisé par l'Arcep chiffrait à 33 000 le nombre d'immeubles déjà connectés aux réseaux en fibre optique (représentant 650 000 logements).
Photo : câblage d'immeuble en fibre optique. (France Télécom).
L'année 2010 devrait donc être celle du décollage de ce marché. Si la situation s'améliore dans les zones très denses, dans les deux autres zones, le dossier semble toujours faire du surplace. Et pour le coup, Eric Debroeck n'a pas fait la preuve de la même ouverture concernant les modalités de déploiement du FTTH dans ces zones.
Le blocage concerne essentiellement la zone 2, moyennement dense, et qui porte sur cinq à dix millions de foyers, selon le chiffrage d'Arnaud Lucaussy, le directeur de la réglementation de SFR, qui intervenait aussi lors de la réunion du CRIP. L'objet de la discorde : la proposition faite par SFR et Iliad de constituer une société commune regroupant les opérateurs, les collectivités territoriales et la Caisse des dépôts pour financer un réseau d'accès en fibre optique ouvert.
Faute d'infrastructures de génie civil suffisantes et compte tenu de la taille de ces marchés, les deux opérateurs estiment que la construction par chaque opérateur d'une boucle locale en fibre optique serait financièrement non rentable. D'où la nécessité de « mutualiser » la partie terminale du réseau. Selon Arnaud Lucaussy, la partie mutualisée concernerait des grappes de 500 à 1000 logements.
Cette proposition est soutenue par l'Arcep. Elle a reçu le feu vert de l'Autorité de la concurrence, à l'occasion de son avis sur la recommandation du régulateur télécoms concernant le déploiement du FTTH dans les zones très denses.
Mais France Télécom est opposé à ce scénario. Selon Eric Debroeck, le risque est d'aboutir à la recréation d'un monopole sur cette zone, décourageant l'investissement privé. Disposant de sa propre infrastructure (certes ouverte à la concurrence), l'opérateur historique n'a en fait aucun intérêt à voir cette société commune être constituée, car elle permettrait aux opérateurs d'alternatifs de devenir commercialement actifs dans des zones où ils sont très peu présents dans le haut débit.