Très haut debit : l'Agence du numérique va, enfin, se mettre en place
Bloquée depuis des mois, le projet fibre optique a quand même reçu un petit coup d'accélérateur avec de nouveaux engagements pris par la nouvelle secrétaire d'Etat. Quant aux opérateurs privés, ils en profitent pour s'écharper avec un seul mot d'ordre : haro sur Numericable-SFR.
L'Agence du numérique va bel et bien voir le jour. Ce projet annoncé par Fleur Pellerin sera concrétisé par son successeur, Axelle Lemaire. Cette Agence va fusionner trois structures : la Mission France THD, la Délégation aux usages de l'Internet et les équipes de French Tech. La première, issue de l'Arcep, est dédiée au Très haut débit et au projet présidentiel, plus ancienne la deuxième concerne les usages, enfin, French Tech un pôle de développement récent et léger est chargé de valoriser l'innovation française en matière de numérique (il ne compte que deux personnes). Il n'est pas certain que la fusion soit comprise par tout le monde. L'Agence devait reposer sur la Mission, elle sera plus large. L'essentiel pour les acteurs du Très haut débit reste que le projet prenne enfin tournure et que les objectifs initiaux de la Mission, guider tout le monde dans la mise en place du projet, se réalise effectivement.
Sur le même sujetSFR business team se renforce contre OBS et prépare sa fusion avec CompletelL'Agence devrait voir le jour cet été, au plus tard à la rentrée de septembre. Il s'agira d'un « service à compétence nationale », donc un nouvel Ovni dans le paysage administratif français, en tout cas ce n'est ni une agence autonome, ni une Autorité administrative indépendante (surtout pas, elles sont dans le collimateur du ministre de l'Economie).
Dissiper les confusions
Pour sa première sortie sur le sujet, Axelle Lemaire (en photo) a dû dissiper des confusions. Les collectivités locales attendent beaucoup du gouvernement, depuis des mois, sur le projet fibre optique et son environnement. Environnement financier où rien n'est réglé, environnement administratif avec les nouvelles lois sur l'organisation territoriale.
Devant l'Avicca, lors du colloque THD 2014, la Ministre devait réaffirmer que le numérique restait une priorité du gouvernement, c'est un minimum, mais en apportant plusieurs précisions juridiques : la création de délégation de compétences entre les niveaux territoriaux de manière à éviter les chevauchements, la certitude que les fameux 3,3 milliards d'euros que l'Etat consacre au Très haut débit ne seront pas affectés ailleurs, l'engagement au plus haut niveau de l'Etat que l'accès aux fonds Feder (pour le numérique) sera défendu.
Des doutes sur le câble
En dehors de l'Etat et des collectivités locales, le dossier intéresse également les opérateurs privés. Lors du colloque de l'Avicca l'affrontement s'est précisé entre les protagonistes, affrontement né du rachat de SFR par Numericable. Aux assurances de Numericable sur le fait que la fusion accélérait le développement du projet fibre optique, ont répondu des répliques vives de Free et de Bouygues Télécom. Le directeur général de Free, Maxime Lombardini ne s'est pas privé de « relativiser le retour en grâce merveilleux du câble ». Lui aussi a comparé FTTH et câble pour bien montrer que technologiquement, le câble ne fait pas le poids. Le discours inverse de celui de Numericable.
Sur ce dossier, Bouygues Télécom a frappé aussi fort que Free « le FTTA n'est pas le FTTH » martèle Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Télécom. Orange n'a pas manqué d'en remettre une couche, par la voix de Pierre Louette, dga (et Président par ailleurs de la Fédération française des télécoms). Enfin, Arnaud Montebourg n'a pas oublié de rappeler sa thèse sur les opérateurs qui n'investissent pas et renvoyé le câble aux années 80 (celles de Mitterrand !). Tout le monde a compris : c'est haro sur Numericable !