ToIP : Ipnotic, piano mais pas mollo
La récente liquidation judiciaire de Western Télécom amène inévitablement à se poser des questions sur la pérennité des opérateurs IP Centrex naissants, notamment B3G et Ipnotic Télécom. Pour Jeremy Vinant, co-fondateur et président d'Ipnotic Télécom, « Western s'est lancé sur l'IP Centrex beaucoup trop tôt. La technologie DSL n'était pas suffisamment stable, pas assez déployée et encore trop chère. De plus, leur softswitch maison était un immense bricolage. Ils avaient au final peu de clients Centrex. La première question à se poser avant de lancer le service est de savoir s'il marche totalement. Pour cela, il faut y mettre des moyens ». Depuis sa création, Ipnotic investit énormément sur la R&D. En 2005, une cinquante de clients beta-testeurs ont expérimenté la solution sans s'engager et sans débourser un seul centime, téléphonant totalement gratuitement. Procédé de test assez inhabituel vous l'avouerez ! « Les clients ont accepté de prendre un risque. Il s'agissait pour nous de valider la technologie, le business model et le service clients. Le centrex IP était auparavant le royaume du low-cost sans réelle QoS. Nous voulions lancer une offre au minimum au niveau d'un service PABX avec France Télécom comme opérateur» explique Jeremy Vinant. Il avoue ainsi que le softswitch Cirpack n'était pas totalement prêt et que la solution Centrex posait d'énormes problèmes de sécurité. «Contrairement à nos concurrents, nous y sommes allés piano. Nous adressons ce marché à travers un réseau de vente indirecte, il s'agissait de ne pas se louper ! » ajoute t'il. Ipnotic a ainsi dépensé, ou plutôt investi, près de 3 millions d'euros sur fonds propres (largement financés par l'activité très rémunératrice de commercialisation de passerelles GSM, métier historique d'Ipnotic). Et de renchérir « Depuis janvier 2006, nous sommes prêts !». L'opérateur a même obtenu en 6 mois une certification ISO 9001 2000, délivrée par le BVQI, label de QoS qui valide l'ensemble de ses processus métiers. « La société est totalement tournée vers le client. Nous suivons de près toute une série d'indicateurs. Personnellement, je suis particulièrement attentif aux délais de livraisons clients» illustre t'il. Si elle n'a pas gagné d'argent en 2005, Ipnotic met les bouchées doubles en 2006. L'opérateur commercialise une offre en 4 packs : Téléphonie Centrex à 25 euros/utilisateur/mois (appels fixes gratuits, CTI, SVI, numéros spéciaux...), Internet à 15 euros (accès, hébergement, noms de domaines...), Sécurité à 10 euros (anti-virus, anti-spam, filtrage, sauvegarde...) et Mobilité à 10 euros (Wifi, messagerie unifiée, bureau mobile...). Ces packs s'articulent autour d'un pivot central : l'Ipnobox. «L'Ipnobox est le fruit de notre propre développement technologique. C'est réellement un produit unique. D'un côté elle se connecte au Lan, et de l'autre à deux liens dsl, assurant ainsi la redondance. Chaque seconde, elle effectue des tests de QoS sur les liens et optimise ainsi le trafic. Le dsl souffre en effet de pb de latence, de gigue et de perte de paquets. L'Ipnobox peut ainsi basculer d'un lien à l'autre sans perte de communication voix. Elle permet aussi de faire du partage de flux. Elle assurer une disponibilité de service de plus de 99,9%.». Ipnotic entend ainsi devenir un acteur majeur reconnu et continue à investir sur la R&D (30 personnes). L'opérateur est de plus très sollicité par d'autres opérateurs et envisage de proposer ses services en marque blanche. De 70 personnes actuellement, l'équipe devrait s'étoffer pour atteindre les 100 en fin d'année. Mais Jéremy Vinant attend dorénavant LE contrat qui donnera à Ipnotic une légitimité indiscutable sur le marché. «Nous sommes en attente d'un contrat sur 12000 postes...mais chut !» conclut-il rieur.