telyLabs veut mettre la vidéoconférence à la portée des PME
Si souvent annoncé, le décollage de la vidéoconférence ne s'est jamais véritablement produit. Elle n'a été adoptée que par les grandes entreprises, le prix des équipements et leur complexité étant le principal frein à sa généralisation.
Jeune pousse californienne fondée en 2010, telyLabs, spécialiste de la vidéoconférence, s'est attaquée à l'immense marché mondial des PME. Selon elle, 95% des salles de réunion à travers le monde ne sont pas équipées en vidéoconférence. Son arme fatale, sa solution telyHD Pro se veut complète pour seulement 1.000 euros, lorsque celles des ténors du secteur commencent à 2.000 ou 3.000 euros et grimpent jusqu'à des sommets. La moitié des 1.000 euros correspond à l'équipement lui-même et le reste à l'écran (non fourni)... Apparemment, l'offre séduit puisque « nous avons déjà conquis 20% du marché nord-américain », nous déclare Sreekanth Ravi, P-DG et fondateur de la société (*).
Un succès quelque peu étonnant à l'époque de la mobilité, où chacun dispose de son écran, souvent d'excellente qualité (Retina, Amoled). «La solution se combine avec la mobilité, explique Nicolas Jouan, DG d'Imago, distributeur français de telyLabs. Un mobile disposant de Skype peut se joindre à une vidéoconférence. Ainsi, dans une PME, deux ou trois cadres, au siège, utilisent le telyHD pour tenir une vidéo-réunion avec trois ou quatre commerciaux ou techniciens sur le terrain, munis de leur smartphone ou de leur tablette ».
Jusqu'à 6 sites en mode Skype
Le produit existe en deux versions. La telyHD Base Edition s'appuie sur une couche de signalisation Skype et le prix de base démarre à 200 euros. La seconde, telyHD Pro, fonctionne sur SIP (Session Initiation Protocol) et se commercialise à partir de 520 euros. Une version mixte est également disponible. En mode Skype, il est possible de connecter jusqu'à six sites et jusqu'à 25 en mode SIP. Cependant, dans le cas de communications multipoints, il faut passer par un pont de vidéoconférence. Celui-ci est fourni par telyLabs dans son cloud (telyCloud), uniquement avec le protocole Skype. Avec SIP, le pont est celui de BlueJeans. Mais le constructeur négocie avec d'autres opérateurs. Orange était ainsi présent lors de la présentation du produit, mardi dernier, à Paris.
«Le champ d'application du produit ne se limite pas aux classiques réunions de travail, intervient Sreekanth Ravi. Les types d'utilisation sont quasi illimités. Aux États-Unis, certains hôpitaux ruraux y ont recours en télémédecine, pour opérer sous l'oeil d'un chirurgien expert qui se trouve dans une grande ville. Il est même possible de déterminer le taux de glucose dans le sang de quelqu'un qui passe devant la caméra, car la lumière pénètre de quelques nanomètres sous la peau jusqu'aux vaisseaux qui affleurent. »
Côté technique, le produit fonctionne sur Android 2.2. Le codage de l'image s'effectue en H264 et celui du son en G711 (de 14 à 22 KHz). Pour une bonne qualité, une bande passante de 384 Kbit/s suffit. Cependant, dans le cas d'applications exigeantes (la télémédecine, par exemple), il faut monter jusqu'à 1 Mbit/s. L'établissement de la communication peut se faire via l'annuaire d'entreprise, car telyHD est compatible LDAP (Lightweight Directory Access Protocol) et prochainement avec Activ Directory. Il suffit donc de cliquer sur le nom de l'interlocuteur choisi pour l'avoir à l'image. Simple comme un coup de fil.
(*) Il fut également, entre autres, le fondateur de SonicWALL (spécialiste de la sécurité), revendue en 1999 à Dell.