Téléphonie mobile : les opérateurs français arrivent-ils à saturation ?
Le marché français de la téléphonie mobile plafonne en nombre de clients et baisse en taux de pénétration. Les opérateurs virtuels ne progressent guère plus que SFR ou Orange. En revanche, le nombre de SMS est en forte croissance et le marché du machine to machine (M2M) pourrait enfin décoller.
(Source EuroTMT) Si la publication des comptes du premier trimestre de France Télécom (qui affichait une perte nette de 126 000 abonnés mobiles en France) l'avait laissé entrevoir, l'observatoire du marché de la téléphonie mobile publié mercredi par l'Arcep, l'autorité de régulation des télécoms, l'a confirmé : les trois premiers mois ont enregistré une faible croissance. Selon l'autorité de régulation, le marché global n'a cru que de 0,4 % à 58,225 millions d'abonnés à fin mars 2009. En clair : le gain n'a été que de 229 300 clients. A la même période en 2008, la progression avait été de 351 100 abonnés. Mais, dans le même temps, la population ayant progressé plus rapidement, le taux de pénétration du mobile se tasse légèrement à 90,7 %, contre 91,2 % début 2008. Ce chiffre cache en fait des évolutions très différentes selon les différents segments. Le gros point noir, comme on pouvait s'y attendre, porte sur le marché résidentiel en métropole pour les trois opérateurs ayant leur réseau : compte tenu de la contre-performance de Orange, il perd 36 600 abonnés. Ce qui signifie aussi que SFR et Bouygues Telecom ont donc gagné des clients, mais pas en nombre suffisant pour compenser la baisse d'Orange. Les MVO totalisent 2,876 millions de clients Cette faiblesse du marché de la téléphonie mobile, que l'on peut certainement expliquer par les effets de la crise et la volonté des opérateurs de réduire leurs coûts d'acquisition, se confirme aussi avec les chiffres des MVNO : sur le marché résidentiel hexagonal, ils ne recrutent que 71 400 nouveaux abonnés. Au total, les opérateurs virtuels comptent donc 2,876 millions de clients, surtout répartis entre Virgin Mobile et Tele 2 : chacun de ces deux acteurs compte un peu plus d'un million d'abonnés. Au total, le marché résidentiel demeure quasiment stable à 49,167 millions d'abonnés. Mais dans ce marché, un segment confirme sa bonne santé : celui des cartes Internet(clés 3G/ PC Card, etc). Il progresse en effet de 153 900 unités pour atteindre 544 600. Plus globalement, le marché du multimédia mobile se porte bien avec une croissance trimestrielle de 1,9 % à plus de 19 millions d'abonnés. 15 fois plus de cartes SIM pour le M2M Autre segment qui permet aux opérateurs de disposer d'un moteur de croissance : celui des cartes SIM pour le M2M. Il passe au premier trimestre de 66 200 unités à 963 600 cartes SIM. Si on peut déduire de ces chiffres que la croissance des services data semble assurée pour les mois à venir compte tenu de l'élargissement du parc (Orange indiquait une croissance de 25 % au premier trimestre pour ces services), il faudra attendre quelques mois pour connaître l'évolution précise de la consommation globale des abonnés mobiles, l'Arcep intégrant les chiffres sur le trafic des abonnés à son bilan trimestriel sur le marché des communications. Seule précision communiquée par l'autorité : le marché des SMS est toujours en croissance. Il s'est ainsi échangé quelque 13,676 millions de SMS, en hausse de 2 millions par rapport au trimestre précédent. Par abonné, cela représente maintenant une moyenne mensuelle de 80 messages (contre 69 au dernier trimestre 2008). Seule certitude, les opérateurs de réseaux, mais aussi les MVNO, portent l'essentiel de leurs efforts sur les formules postpayées : le nombre d'abonnés ayant souscrits un forfait progresse (en net) de 490 800 clients au premier trimestre (alors que le parc prépayé régresse de 276 300). Pour les opérateurs, cette évolution constitue la plus sûre des garanties pour prémunir leurs revenus de la crise économique, comme l'a d'ailleurs démontré France Télécom avec le bond de 7,4 % de son chiffre d'affaires domestique dans la téléphonie mobile, l'Arpu étant en progression de 2 euros à 400 euros (en moyenne annuelle). Une tendance a contre-courant de ce qui se passe en Europe où le revenu moyen par abonné s'inscrit partout en baisse. Vivement la concurrence ! Le marché français de la téléphonie mobile demeure une exception en Europe. Faible taux de pénétration, tarifs élevés, Arpu bien au-delà de la moyenne : tous les indicateurs montrent que le marché demeure très peu concurrentiel. En début d'année, l'annonce de l'attribution d'un lot de fréquences à un quatrième acteur pouvait laisser espérer une amélioration du marché au bénéfice des consommateurs. Mais, le dossier est à nouveau enterré, la saisine de la commission des participations pour vérifier que le prix fixé est le bon n'étant qu'un nouveau prétexte pour retarder le processus, comme le raconte Challenges sur son site en ligne. Faisant ainsi le jeu des trois opérateur de réseaux, peu enclins à voir un quatrième acteur entrer sur ce très rentable marché.