Téléphonie Mobile : la menace Skype se précise pour les opérateurs
Avec l'arrivée de Skype sur l'iPhone, la VoIP sur mobiles est désormais disponible sur la majorité des smartphones. Mais les opérateurs font encore de la résistance. Pour contenir le phénomène, ils pourraient toutefois être contraints de baisser leurs tarifs jusqu'à 50 %.
(Source EuroTMT) Annoncée depuis quelques années, la VoIP sur mobiles a franchi une nouvelle étape début avril avec le lancement par Skype, le leader de la téléphonie gratuite sur Internet, de son application pour l'iPhone. Et le succès a été immédiat : les analystes comptaient un million de téléchargements au cours des deux premiers jours. On peut comprendre l'engouement des abonnés mobiles : alors que la crise économique oblige les consommateurs à modérer leurs dépenses, Skype permet de diminuer significativement sa facture téléphonique. Les opérateurs mobiles font de la résistance mais des utilisateurs contournent les verrous Mais, les opérateurs mobiles, qui ont senti venir la menace, ont tout fait pour bloquer l'accès aux services gratuits. Ainsi, aucune formule tarifaire des grands opérateurs occidentaux ne permet l'usage de Skype sur le réseau mobile. Si AT&T, qui commercialise l'iPhone aux Etats-Unis, a autorisé ses abonnés propriétaires du mobile d'Apple à télécharger l'application de Skype, son utilisation n'est rendue possible qu'en utilisant une connexion Wifi, ce qui minimise son impact potentiel. En Allemagne, T-Mobile, qui vend l'iPhone, a, lui, interdit l'application. Seul problème pour les opérateurs, des sites Internet proposent déjà des patchs pour faire sauter les verrous technologiques mis en place par Apple et les opérateurs. Surtout, aux Etats-Unis comme en Europe, des associations sont montées au front pour dénoncer auprès des autorités ce qu'elles considèrent constituer des décisions anticoncurrentielles, et elles leur demandent d'intervenir auprès d'Apple et des opérateurs pour les contraindre à accepter l'utilisation de Skype sur les réseaux mobiles. Skype disponible sur les principales plates-formes D'autant que d'autres fabricants de mobiles sont en train d'intégrer Skype : c'est le cas pour la nouvelle gamme de Smartphones de Nokia, et de terminaux fonctionnant sous Androïd (le système d'exploitation mobile de Google) ou sous Windows Mobile. Si la menace de VoIP sur mobile devient réelle, les risques encourus par les opérateurs mobiles pourraient être surestimés. A lire les commentaires des analystes financiers faits après l'annonce de Skype, ces derniers considèrent que les opérateurs européens pourraient limiter l'impact. La solution ? Elle risque de ne pas faire plaisir aux opérateurs : il s'agit du tarif de la terminaison d'appel mobile. Selon JPMorgan, si les opérateurs (et les instances nationales de régulation) suivaient les recommandations de Bruxelles en matière de tarif, la baisse qu'elle rend possible sur le prix de la minute possible sera suffisante pour limiter l'utilisation de Skype. Autrement dit : soit les opérateurs ne font rien et Skype pourra se développer sur le mobile comme il l'a déjà fait dans le fixe (la société réalise déjà 8 % du trafic voix international selon Telegeography), ou ils baissent leurs tarifs. Dans les deux cas, les opérateurs mobiles se voient donc menacer, de toute façon, par une baisse significative de leurs revenus voix, mettant ainsi sous pression leur marge et leur rentabilité. Le prix de la minute pourrait baisser de 50 % Dans une étude récente, Execution Research estimait ainsi que le prix moyen de la minute mobile en Europe pourrait en effet baisser de 50 % au cours des cinq prochaines années, si les recommandations de la Commission européenne étaient appliquées. Seul problème : dans les pays où le forfait constitue la formule tarifaire majoritaire (comme en France), la baisse du prix de la minute est, sinon fictive, du moins invisible pour le consommateur, qui ne constate pas de baisse du prix facial de son forfait et pourra toujours être tenté d'utiliser Skype.