Telefonica est contraint de se restructurer et se retrouve bloqué en Allemagne
L'Allemagne a quatre opérateurs de téléphonie mobile, sauf que Telefonica l'un d'eux veut racheter l'un de ses concurrents. «Nein » dit Bruxelles qui ne veut pas, ici comme ailleurs, de réduction de la concurrence.
Rien ne va plus pour Telefonica. En quelques heures l'opérateur historique espagnol a concédé une profonde restructuration pour économiser sur ses coûts, il a également essuyé un revers de la part de la Commission de Bruxelles qui bloque pour le moment son projet de rachat d'E-Plus (filiale de Royal KPN) en Allemagne pour des raisons de concentration. Ces deux nouvelles se sont en fait telescopées. La restructuration a fait l'objet d'un minutieux plan de communication et a été dévoilée à Barcelone lors de la MWC jeudi, mais la veille à Bruxelles, la Commission publiait des remarques très sévères sur le projet de rachat d'E-Plus.
Le Pdg de Telefonica, Cesar Alierta, a d'abord précisé que l'opérateur se concentrait sur quatre domaines : la croissance des services numériques, la modernisation des réseaux avec le LTE, une meilleure efficacité par la réduction des coûts, enfin le renforcement de ses positions dans l'éco-système numérique. Sur ce dernier point, et c'était l'annonce phare de Barcelone, il va intégrer sa filiale Telefonica Numérique et deux autres structures Telefonica Europe et Telefonica AmLat (hors Brésil) dans un nouvel ensemble : le Centre global corporate. Les activités numériques, qui font plus de 20% de croissance, vont rejoindre des activités moins rentables. Parallèlement, plusieurs dirigeants du groupe changent d'affectation. Il s'agit de réduire les coûts et de muscler la direction.
La croissance organique serait de 0,7%
Cette restructuration intervient au moment de la publication des résultats annuels. Ils sont délicats. Telefonica enregistre un chiffre d'affaires de 57,1 milliards d'euros, en baisse de 8,5% par rapport à 2012. Les effets de change avec l'Amérique latine, un fief pour l'opérateur espagnol, expliquent selon lui ces mauvais chiffres. La croissance organique serait de 0,7% justement grâce l'Amérique latine et aux activités dans les mobiles. Mais le bénéfice net a reculé de 16,9%, à 4,59 milliards d'euros, suite à de lourdes dépréciations sur les actifs italiens et espagnols.
A ces mauvaises nouvelles, s'ajoute le jugement de la Commission de Bruxelles. Telefonica, par sa filiale allemande, voulait racheter E-Plus, deux des quatre acteurs de la téléphonie mobile en Allemagne. C'est bien ce qui chagrine Bruxelles qui ne veut pas de réduction du nombre d'acteurs et donc de la concurrence en Europe. Au mois de décembre dernier, elle ouvrait une enquête sur ce projet de rachat, mettant en cause le fait qu'elle restreigne la concurrence à la fois sur le marché de la téléphonie de détail et sur celui du marché de gros de l'accès et du départ d'appel en Allemagne. Bruxelles s'inquiète aussi des conséquences négatives de cette concentration sur les MVNO.
En Irlande aussi
Ce n'est pas la seule affaire dans laquelle Telefonica doit rendre des comptes à l'Europe. En Irlande, dans une opération inverse, l'espagnol veut vendre sa filiale locale, O2D, à Hutchison Whampoa, Bruxelles a relevé trois objections à ce rapprochement, toujours au regard des restrictions à la concurrence.
Concernant l'Allemagne, Bruxelles a envoyé à Telefonica, mercredi, une « communication de ses griefs ». Une procédure très encadrée. Telefonica doit maintenant répondre point par point par écrit et peut demander une audience à la Commission. Elle a jusqu'au 14 mai prochain pour le faire, c'est la date à laquelle la Commission de Bruxelles doit statuer au final sur ce dossier.