Telecom Italia : une séparation fonctionnelle qui ne dit pas son nom
Bien qu'il s'en défende, Telecom Italia est, de fait, en train d'opérer une séparation fonctionnelle de son réseau d'accès. Ce processus pourrait aboutir à la création d'une société indépendante.
(Source EuroTMT) Si ce n'est pas une séparation fonctionnelle, cela en a tout l'air. Malgré les démentis répétés du patron de Telecom Italia, Franco Bernabé, l'opérateur historique italien est bel et bien en train de mettre en place une séparation fonctionnelle de son réseau d'accès. D'ailleurs la Commission européenne vient de rappeler à l'Italie qu'elle devait lui soumettre les nouvelles conditions d'accès au réseau de Telecom Italia avant de les mettre en oeuvre et Telecom Italia a dévoilé la composition du conseil de surveillance indépendant qui devra superviser sa division Open Access. Le patron de Telecom Italia nie toute pression politique Pourtant, « c'est de la science fiction ! Quant aux éventuelles pressions politiques sur Telecom Italia pour accélérer la séparation du réseau, personnellement, je n'en ai pas entendu parler » ne cesse d'affirmer Franco Bernabé. En fait, le patron de Telecom Italia joue sur les mots : il s'oppose en réalité à la vente de cette division, et non pas à la création d'une entité comparable à Openreach, la filiale réseau de BT. Il y a un mois en effet, le gouvernement aurait multiplié les pressions sur Franco Bernarbé en commençant par lui présenter une ébauche d'un plan évoquant la création d'une nouvelle société composée d'un organisme public comme la Caisse des dépôts et des prêts, des concurrents qui utilisent le réseau comme Wind, Vodafone et Fastweb. Cette société aurait également ouvert son capital aux opérateurs de la télévision, c'est-à-dire la Rai, le service public, et Mediaset. Depuis, plus rien ; plus un mot sur la position du gouvernement et surtout, plus un mot sur la séparation du réseau dont Franco Bernabé, comme d'autres patrons d'opérateurs historiques en Europe ne veut pas entendre parler pour le moment. Mais cet état de choses n'empêche pas l'opérateur italien de mettre d'autres solutions et de les appliquer pour optimiser la rentabilité et le fonctionnement de Telecom Italia. Et respecter en parallèle les lois sur la concurrence. En février 2008, le numéro un de la téléphonie transalpine a réorganisé en profondeur sa gestion en constituant une division « Open Access ». Garantir aux opérateurs concurrents une égalité de traitement Et on peut parler de séparation fonctionnelle, la nouvelle division devant garantir aux opérateurs concurrents une égalité de traitement dans l'accès au réseau et services. En effet, la nouvelle division est en charge des activités de développement et de maintenance des infrastructures technologiques et du réseau d'accès, des processus de fourniture des services d'accès pour la clientèle de Telecom Italia, mais aussi des autres réseaux, et du suivi technique. Selon la direction, la mise en place de cette division répondrait également à des exigences précises. A commencer notamment par la mise en valeur du rôle stratégique du réseau fixe et de la politique de développement et de renforcement des infrastructures et des investissements du groupe. L'infrastructure d'accès au réseau de l'opérateur est considérée comme fondamentale non seulement pour le groupe, mais aussi pour l'ensemble des opérateurs alternatifs. La concurrence a pu développer ses propres infrastructures sur la base du réseau du premier opérateur italien. D'où, conclut l'opérateur, la nécessité de mettre en place la division qui « interagit avec le département chargé de garantir les innovations sur le plan technologique, la planification architecturale et technique du réseau des opérateurs, les activités de développement, la mise en place et la maintenance de la plate-forme " coeur des affaires" ». Tiscali s'enfonce dans les difficultés Alors que Renato Soru s'interroge sur le futur de l'opérateur, un nouveau coup de tonnerre vient de retentir. Mercredi, on a appris que la société d'audit Ernst & Young refusait de certifier les comptes 2008 du groupe italien qui continuent ainsi d'accumuler les ennuis. « Trop d'incertitudes pèsent sur l'avenir de l'opérateur et remettent en question la viabilité du groupe » affirmait la société d'audit dans un communiqué rendu public en fin d'après-midi par Tiscali. En fait, le bilan (271,1 millions de pertes en 2008, un patrimoine net consolidé de 4,8 millions d'euros et une dette financière brute de 644,8 millions) ne ferait pas l'objet de contestations particulières en ce qui concerne les chiffres. Mais compte tenu du poids de la dette financière, l'incertitude sur la capacité du groupe à faire face aux futures échéances se poserait, les banques n'ayant peut-être pas vraiment l'intention de faire preuve de souplesse. Ce qui ne permettrait pas à Ernst& Young de certifier les comptes. Car sans un accord solide sur la renégociation de la dette de Tiscali, le groupe ne pourra atteindre les objectifs fixés dans le plan industriel 2009-2013 affirme la société d'audit.