Telecom Italia fait face à trop d'interrogations
L'opérateur historique italien est sous pression. Son titre en bourse s'est écroulé de 48%. Pourtant sa marge opérationnelle s'est stabilisée. Mais cela reste insuffisant. Le mobile pose problème, le chiffre d'affaires du fixe a baissé et la dette atteint 35 milliards d'euros.
(Source EuroTMT ) « Nous avons discuté de tout, même de l'Amérique latine » a déclaré Jean Paul Fitoussi, l'économiste, qui est également conseiller du conseil d'administration de Telecom Italia. Il n'a pas été très loquace avec les journalistes qui l'attendaient devant les bureaux de l'opérateur télécoms à Milan. Pas de déclarations sur un éventuel abandon des activités du groupe en Amérique latine, seulement cette petite phrase pas très claire : « Le conseil d'administration fait preuve de cohésion. » Du coup, il va falloir attendre quelques jours pour en savoir plus sur la fameuse cession de Telecom Argentina. Une opération rendue obligatoire par l'autorité de régulation argentine en raison du conflit d'intérêt, induit par la participation de Telefonica au capital social de Telco, lui-même principal actionnaire de Telecom Italia. Que s'est-il donc réellement passé durant la réunion du conseil d'administration de Telecom Italia qui se serait soi-disant déroulée dans la tranquillité la plus totale si l'on en croit les propos des conseillers à la sortie ? Durant les derniers jours, la presse italienne avait évoqué à plusieurs reprises les dissensions crées par la vente d'HanseNet. Plusieurs conseillers avaient en effet voté contre la cession de la filiale allemande à Telefonica, et contestent maintenant celle des activités en Argentine. C'est notamment le cas de Marco Fossati qui possède 4,9 % du capital de l'opérateur à travers le holding Findim. Sans compter la baisse du titre en bourse qui s'est effondré de 48 % en un an. Du coup, les conseillers se sont sûrement longuement interrogés sur la façon de relancer le titre, une tache difficile que Franco Bernabé, le grand patron de Telecom Italia, essaye ... Photo : Franco Bernabé, grand patron de Telecom Italia, est encerclé par les difficultés. (D.R.) ... de remplir depuis maintenant deux ans. Pour le reste, on sait grosso modo que Franco Bernabé a présenté un compte-rendu des différents problèmes que le groupe tente de régler. A commencer par la réduction des coûts pour relancer le moteur. Des résultats ont d'ailleurs été obtenus puisque la marge opérationnelle de Telecom Italia s'est stabilisée (+ 1,5 % en 2009 à 8,5 milliards d'euros et une amélioration de la marge de 40,2 % à 42 %). Le flux de trésorerie durant les neuf premiers mois de l'année a atteint 3,9 milliards d'euros, soit une augmentation de plus de 500 millions grâce, affirme la gouvernance, « à l'efficacité et à une politique financière rigoureuse ». Enfin, l'Ebit (Earnings before interest and taxes) a augmenté de 1,8 % et atteint plus de 1,6 milliard d'euros à la fin du troisième trimestre 2009. Mais tout cela ne suffit pas, ou plus exactement ne suffit plus. La téléphonie mobile considérée comme la poule aux oeufs d'or pose problème. Et du côté de la téléphonie fixe, Franco Bernabé a plusieurs soucis. A commencer par le chiffre d'affaire qui a enregistré une baisse de 6,2 % en septembre dernier après avoir navigué dans des eaux troubles depuis le début de l'année. Quant à l'endettement, là encore les nouvelles du front sont plutôt mauvaises : en 2008, le groupe totalisait 34,5 milliards de dettes et 35,5 milliards au 29 novembre dernier. Il est vrai que les choses ne vont pas mieux pour la concurrence, mais cela ne console pas la gouvernance de Telecom Italia. Le dernier point abordé hier à Milan concernait la fracture numérique. Depuis que le CIP a bloqué l'enveloppe de 800 millions destinée au haut débit, le groupe s'interroge sur la marche à suivre. Trois questions sont à l'étude : qui doit mettre en oeuvre le réseau de nouvelle génération, selon quelles modalités et surtout, avec quels partenaires ? On attend les réponses.