Telecom Italia et Telefonica au bord du divorce
Telecom Italia et Telefonica cohabitent difficilement au sein du consortium Telco. On observe des problèmes croissants de rivalité et de concurrence, en Amérique du Sud plus qu'en Europe. Les actionnaires ont jusqu'à 2010 pour choisir entre un divorce et une relance du partenariat.
(Source EuroTMT) C'est vrai, il y a la question de l'endettement de Telecom Italia. Mais ce n'est pas le pire des problèmes de l'opérateur historique italien. La vraie et grosse épine dans le pied du numéro un transalpin des télécoms, c'est son partenaire Telefonica. Depuis que le mariage a été célébré entre les Italiens et les Espagnols, la vie en couple a plutôt été difficile. Tellement difficile qu'aujourd'hui, le mot divorce circule dans les coulisses de la péninsule. Telecom Italia ne supporterait pas la concurrence larvée de Telefonica Selon la presse italienne, Telecom Italia aurait du mal à supporter la « concurrence larvée » de son partenaire qui rêve de s'emparer des meubles et de l'appartement du groupe. En clair, Telefonica oeuvrerait en douce pour devenir le grand patron de l'opérateur transalpin. Du coup, toutes les situations sont difficilement gérables. A commencer par la question de l'Amérique Latine où les Italiens et les Espagnols ont chacun leurs propres intérêts. Pour éviter de tomber dans le schéma classique du conflit d'intérêts, il a été décidé que les représentants de Telefonica siégeant au conseil d'administration de Telecom Italia ne participeraient pas aux réunions concernant les filiales en Amérique Latine. Une solution jugée insuffisante par les autorités locales, notamment en Argentine où le gouvernement tente de replanter le drapeau national sur les plus grosses entreprises : l'opérateur transalpin occupe une position importante puisqu'il possède 50 % du capital social de Sofora qui contrôle Telecom Argentina et une option pour racheter les 48 % appartenant la famille Werthein. Pour les autorités locales, Telefonica, bien implanté sur le terrain et qui possède par ailleurs 42 % du consortium Telco, le principal actionnaire de Telecom Italia, pose problème. Du coup, le gouvernement a bloqué le droit d'option de l'opérateur italien et suspendu le droit de vote de Telecom au sein de sa société oeuvrant en Argentine. Au Brésil, la situation est moins dramatique mais quand même compliquée, le gendarme de la bourse, CVM, ayant mis le consortium Telco dans l'obligation de lancer une OPO sur TIM Partecipacoes. Pour justifier sa requête, CVM s'appuie sur les opérations effectuées en avril 2007, date à laquelle Olympia, le précédent actionnaire de Telecom Italia, avait revendu ses parts à Telco. Au terme de cette opération, affirme CVM, l'opérateur italien aurait prit le contrôle indirect de TIM Partecipacoes à travers TIM Brasil. D'où l'obligation d'élargir l'offre avec une OPA aux actionnaires minoritaires qui détiennent 18,7 % des actions ordinaires. Un divorce dont les modalités se dessinent Avec ces deux affaires, souligne la presse italienne, il est évident que la cohabitation avec Telefonica pose plus de problèmes qu'elle n'apporte de solutions. D'où la nécessité de revoir le dispositif de Telco. Techniquement, affirment les experts, il existe une solution : les partenaires de Telco ayant signé un accord prévoyant la possibilité de dissoudre la société dans la mesure où des autorités adopteraient des mesures pénalisant soit l'opérateur soit Telefonica. Avec la dissolution du consortium, les actionnaires se partageraient les actions et les 3,7 milliards de dettes de l'opérateur. Selon les calculs, la participation de Telefonica chuterait à 10 % et son poids deviendrait moindre. Les avocats spécialistes en divorce sont peut-être en train de plancher le dossier en vue d'une date importante pour le futur de Telco à savoir 2010. A cette date en effet, le pacte souscrit par les associés du consortium arrivera à échéance et les actionnaires devront réfléchir à deux solutions : aller de l'avant, ou envisager un divorce à l'amiable. Des comptes sous pression Alors que la plupart des grands opérateurs européens, qui ont déjà publié leurs comptes du premier trimestre, n'ont, pour la plupart, pas annoncé de bonnes nouvelles, les analystes s'attendent à ce que Telecom Italia révisent à la baisse ses objectifs financiers pour 2009 lors de la publication de ses trimestriels (le 7 mai). D'autant que la plupart d'entre eux n'ont pas cru les objectifs annoncés en début d'année et tablent sur des performances moins élevées. Si dans le fixe, l'opérateur devrait améliorer ses performances grâce aux hausses tarifaires (abonnement et dégroupage), en revanche dans le mobile la situation serait difficile en raison de la conjoncture et de la baisse de la terminaison d'appel mobile.