Telecom Italia, Bouygues Télécom : revoilà Bolloré
Le grand mercato européen des télécoms passionne le secteur, les cabinets d'avocats et les banques d'affaires intéressés à tous les sens du terme au sujet. Les 4 opérateurs français sont directement concernés, ils pourraient passer à 3, c'est peut être sans compter sur un élément perturbateur, un 5ème acteur : Vincent Bolloré.
Les anciens des télécoms ont de la mémoire, en 1997, Vincent Bolloré intervenait pour contester les comptes du groupe Bouygues. Il était entré au capital du groupe et voulait même vendre la filiale télécoms. Il s'en suivit un duel féroce sur la place publique entre les deux industriels, Bolloré finit par céder ses parts à François Pinault, empochant au passage une forte plus-value. Vincent Bolloré s'est éloigné de la France et des télécoms pour parfaire son parcours en Afrique, il s'est diversifié (Autolib et Velib), le groupe Bouygues après une période de forte croissance dans l'audiovisuel, TF1, et les télécoms cherche à les dynamiser et peut être à se séparer des télécoms.
L'hypothèse, fortement corroborée depuis une semaine, ferait d'Orange l'acheteur de Bouygues Télécoms. Sans bourse déliée, Bouygues entrerait au capital d'Orange, les 10 milliards environ de valorisation pour sa filiale télécoms représentant 20% du capital de l'opérateur historique. Anticipé entre les deux parties et leurs conseils depuis deux ans, le schéma passerait sous les fourches caudines de l'autorité de la concurrence moyennant une cession de réseau à Free et de l'activité entreprise (dont la joint-venture avec Telefonica) à un autre opérateur, peut être étranger, ce qui dynamiserait le marché des télécoms en entreprise en France.
Toutes les parties seraient favorables
Orange n'est pas forcément demandeur, mais l'Etat est avec 26% des parts (les 13,5% de l'Agence des participations de l'Etat et les 9,6% de Bpifrance) fait la loi. Martin Bouygues avait beaucoup négocié avec le pouvoir en place, y compris à l'Elysée pour repousser les assauts d'Altice. Toutes les parties seraient favorables à ce schéma.
Il reste une inconnue dans ce jeu de quilles, Vincent Bolloré. Détenant 20% du capital de Télécom Italia, il rêve de la même opération mais à son profit. Il serait susceptible de céder cette participation à Orange en échange d'une entrée au capital d'Orange. Prend-il ses rêves pour une réalité tangible ? Plusieurs sociétés de bourse voient des avantages à son schéma, d'autres sont beaucoup plus sceptiques, Bolloré n'étant pas dans les petits papiers du pouvoir actuel qui contrôle Orange. En tout cas, Emmanuel Macron s'est montré favorable à un passage à 3 opérateurs ce qui est un feu vert très clair.
Tapis dans l'ombre, Xavier Niel est lui aussi entré au capital de Telecom Italia. On se demande qui des deux français l'emportera, pou même s'ils sont liés, à moins qu'un troisième acteur, toujours français, n'emporte la mise. Ce serait Orange. Ce genre d'hypothèse fait les délices des analystes financiers.
En photo : Vincent Bolloré s'est attaqué sans succès à Bouygues Télécom il y a près de vingt ans et veut maintenant revenir dans les télécoms