T Mobile : Deutsche Telekom ferme la porte à Iliad
Malgré une deuxième offre financière, Iliad ne pourra prendre le contrôle de T Mobile, quatrième opérateur de téléphonie mobile aux Etats-Unis, filiale de l'allemand Deutsche Telekom. Ce dernier laissait entendre depuis trois semaines qu'il se gardait la possibilité de ne pas vendre, c'est cette option qu'il vient d'officialiser.
Les deux opérateurs, Deutsche Telekom et Iliad, ont communiqué à quelques heures d'intervalle hier en fin d'après-midi. Deutsche Telekom le premier en refusant l'offre d'Iliad, le français répliquait en affirmant renoncer désormais à ce projet. Iliad avait pourtant mis 18 milliards de dollars sur la table afin de reprendre la totalité des 67% que l'opérateur allemand détient dans T-Mobile. C'était sa deuxième offre après celle émise fin juillet et rejeté dix jours plus tard. L'opérateur allemand a encore jugé cette offre trop limitée, insuffisamment rémunératrice pour lui. Sa direction est sous la pression de son conseil d'administration réticent devant cette vente de la filiale américaine. Selon Les Echos Iliad aurait finalisé sa deuxième offre en début de semaine dernière, les discussions ayant repris jeudi dernier. Il a fallu 2 jours ouvrés, à peine, à l'opérateur allemand pour se prononcer. Iliad a aussitôt décidé de ne pas surenchérir et de passer à d'autres dossiers.
Les financiers, qui adorent l'exercice, vont peut-être se perdre dans les rumeurs et parier sur un possible retour du groupe de Xavier Niel sur le marché français et pourquoi pas en ciblant Bouygues Télécom. D'autres prêtent aux dirigeants d'Iliad des projets à l'international, découragés qu'ils sont par l'atonie du marché français. Orange est justement à l'assaut du marché espagnol avec son opa sur Jazztel. Iliad aura-t-il des velléités de se lancer dans la recomposition du marché européen ? Ou préfère-t-il opter pour une stratégie de raider plus opportuniste et bien dans sa manière ?
Iliad a perdu le quart de sa valeur boursière
Iliad sort peut être « vexé » de cette non-aventure. Dans son communiqué le français plaide sa cause, expliquant que son projet était créateur de valeur avec 2 milliards d'économies sur les coûts de T-Mobile pour la première année d'exploitation. Toutefois, début septembre, le directeur financier d'Iliad, Thomas Reynaud, avait expliqué que la société ne souhaitait pas porter sa dette au-delà d'un ratio représentant 4,5 fois son résultat d'exploitation (Ebitda) et qu'il excluait une augmentation de capital de plus de deux milliards d'euros. Iliad ne souhaitait donc plus surenchérir, sa valeur boursière a d'ailleurs perdu le quart de sa valeur. Les milieux financiers n'ont guère apprécié son initiative, l'a jugeant démesuré à la fois en termes financiers et en termes opérationnels.
En Allemagne, Deutsche Telekom a clairement laissé entendre qu'il avait des doutes sur la capacité d'Iliad à reprendre T-Mobile. Est-ce la vraie raison de son refus ? Le groupe allemand, qui réalise environ un tiers de son chiffre d'affaires et un cinquième de ses bénéfices aux États-Unis, a essayé de vendre T-Mobile à deux reprises depuis la fin 2011, jugeant que l'entreprise était trop faible pour rivaliser avec les leaders du marché que sont Verizon Communications et AT&T. Il a négocié pendant près d'une année avec Sprint, le troisième opérateur mobile américain en vue d'une vente de T-Mobile mais en août, Sprint a renoncé à son offre, estimant qu'il serait trop difficile d'obtenir l'aval des autorités de régulations.
Deutsche Telekom et Iliad reviennent donc à leur point de départ. Trois mois pour rien. Iliad toutefois a montré un autre visage et de toutes autres ambitions, on le pensait rivé au marché hexagonal, ce n'est évidemment plus le cas.