Spam : la Russie submergée
A la lecture de certaines statistiques, quelques administrateurs de messagerie vont se sentir moins seuls. Kaspersky vient de publier son rapport annuel sur l'état du Spam en Europe de l'Est : 70 à 80% du volume de trafic smtp moyen est constitué de spam. L'étiage le plus bas a été constaté le 4 janvier 2006, avec « seulement » 44% du volume de courriels échangés, et la crue la plus violente a été mesurée à 91% du trafic le 26 novembre dernier. Et, déplorent les statisticiens moscovites, c'est qu'une bonne partie de ce spam provient directement de Russie, devant les autres grands pays spammeurs que sont les Etats-Unis et la Chine. (respectivement 22, 20 et 11% du volume). Le contenu desdits spams est d'une affligeante banalité : 16% de « viagra », 14% de phishing et emails d'escroquerie assimilés, 13% de propositions commerciales de formation, 8,6% d'offres de boursicotage et de spéculations douteuses, et 8 % de propositions concernant des ventes de logiciels et accessoires (cartouches d'imprimantes etc) à des prix défiants toute concurrence. La conclusion du rapport n'est guère plus originale, et nous laisse présager un millésime 2007 encore plus florissant, malgré les « énormes progrès faits en la matière par les logiciels de filtrage de courriers non sollicités ». A la seule idée que toute personne privée, toute entreprise, soit obligé de payer un abonnement d'accès Internet dont la valeur marchande est à 70% exploitée par des commerçants douteux et des escrocs patentés, on se demande véritablement ou se situe le progrès en question. Un antispam ne supprime pas le spam, il le masque, tout comme un emplâtre ou un bandage ne peut éradiquer la gangrène qui ronge un membre. Les techniciens de l'équipe Kaspersky notent également une autre tendance, déjà signalée par de nombreux autres spectateurs du monde du cybercrime : la localisation de plus en plus soignée des attaques en phishing. « English-language spam will be adapted for a Russian audience ». Si la croissance en volume du spam risque bientôt d'atteindre son asymptote, l'on risque de constater hélas que l'évolution de son chiffre d'affaire n'est pas prête de s'infléchir.