SFR supprime 1123 postes et promet la création de 267
SFR annonce la suppression de 856 postes par départs volontaires. Il s'agit en fait du solde entre 1123 suppressions et 267 créations. Des promesses de création qui ne convainquent pas les syndicats qui s'inquiètent des conditions de départ et pointent le retard en matière de stratégie de leurs dirigeants.
SFR a annoncé ce matin à l'occasion d'un comité central d'entreprise qu'il lance son processus de réorganisation. Un plan de mobilité interne et de départs volontaires est prévu à hauteur de 856 emplois. La direction de SFR a remis le livre II (détaillant le projet de réorganisation et les impacts sur l'emploi) aux représentants du personnel.
Il s'agit donc de 856 suppressions de postes qui résultent en fait de la suppression de 1123 postes et de la création de 267 postes. Le projet de SFR est annoncé comme le moyen de muter vers le numérique.
La répartition par direction
Le décompte des départs et des embauches est fourni de source syndicale. Les trois directions les plus touchées sont celle en charge du grand public et des professionnels (341 postes supprimés), celle responsable des réseaux et des systèmes d'information (323 postes supprimés), suivie de l'entité SFR Business Team de services aux entreprises (202 suppressions de postes). SFR emploie actuellement 9 237 collaborateurs. (DG BT = SFR Business Team ; Dir déléguée = services support, DAF, achats, ...;Dir. GP et Pro : Direction Grand public et professionnels ; DG ISC = Innovation, Service et contenus ; DG RSI = Réseaux et systèmes d'information)
Mais pour Vanessa Jereb, déléguée syndicale UNSA chez SFR qui s'est exprimée le même jour sur iTélé, le compte n'y est pas : "SFR communique vers la presse sur 856 postes supprimés, parce qu'il annonce la création de 267 postes. Or, on sait que cela ne se passe jamais comme cela."
Les conditions de départ seront définies le 3 décembre. Selon l'opérateur, les départs seront strictement volontaires. SFR déclare qu'ils seront validés dans le cadre de commissions paritaires. De plus, "aucun volontaire éligible ne pourra quitter l'entreprise sans un projet professionnel viable" déclare l'opérateur.
L'intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT, SUD et UNSa estime que ce plan n'est pas adapté. Elle relève que les économies de personnel telles que prévues dans le plan social seraient d'environ 50 millions d'euros et auraient un impact inférieur à 1% sur la profitabilité de SFR, les charges du personnel ne représentant que 7% du chiffre d'affaires.
Photo : Olivier Lelong, délégué syndical à la CFDT, interrogé sur BFMTV
Selon l'intersyndicale, les suppressions de postes sont d'autant moins justifiées que "SFR reste une des entreprises les plus bénéficiaires" de France. L'intersyndicale rappelle que "SFR dégage 12 % de marge nette, soit 5 points de plus que la moyenne du CAC 40."
Des dividendes à la baisse
De plus, SFR affichait en 2011 un Résultat Brut d'Exploitation de 3,8 milliards d'euros distribuant dans le même temps environ 1,5 milliard de dividendes à ses actionnaires. Le Résultat Brut d'Exploitation 2012 devrait se maintenir, toujours selon les syndicats, autour de 3,2 milliards, garantissant plus d'1 milliard de dividendes. Ce que les syndicats estiment être en ligne avec les 14 milliards distribués au cours des 10 dernières années, mais qui marque de fait une baisse nette.
Une réunion est prévue le 3 décembre avec les partenaires sociaux pour négocier les conditions d'accompagnement des collaborateurs. "On veut être certain que le volontariat soit bien respecté. Il y a certainement des activités qui vont changer de régions, et basculer de Aix et Toulouse vers Paris ou Lyon. Or, les salariés ne vont pas déménager" s'inquiète Vanessa Jereb.
Où est le volontariat?
"Qui peut croire au volontariat, quand l'entreprise a déjà établi son plan de réorganisation avec les suppressions de postes qui l'accompagnent" interroge l'intersyndicale, "que feront les salariés sans poste dans la nouvelle organisation ?"
Au passage, l'intersyndicale confirme que "Vivendi a déjà annoncé à ses représentants du personnel que son pôle télécoms n'était plus un relais de croissance et qu'il cherchait un repreneur". Sur France Info ce jour, un représentant CGT de SFR estime pour sa part que Vivendi procède à un plan social afin de "rendre la mariée plus belle afin de la céder, car Vivendi a une dette énorme et un besoin de trésorerie."
Quant à Olivier Lelong, délégué syndical à la CFDT, interrogé sur BFMTV, il estime que les salariés n'ont pas à faire les frais de cette adaptation à une meilleure réactivité, d'autant qu'il indique qu'ils sont en attente d'une stratégie depuis un an de la part de leurs dirigeants. Il conclut : "Nous avons un service à rendre, et nous n'allons pas y arriver si on supprime 10% des salariés."