SFR et Numericable se veulent rassurant sur le Très haut débit
Le projet de fusion entre SFR et Numericable, annoncé début avril, garde encore une part d'incertitude. En particulier sur le sujet du Très haut débit où élus locaux et membres du gouvernement doutent des intentions du nouvel ensemble SFR-Numericable.
Devant une commission du Sénat, les dirigeants de SFR et de Numericable ont expliqué leur projet Très haut débit, à la fois sur l'aspect financier et sur l'aspect technologique. Eric Denoyer, Pdg de Numericable a donné plusieurs chiffres. Pour l'heure, le câble compte 10 millions de prises, 8,5 sont accessibles au domicile en triple play, 5,2 millions de foyers ont accès en bas des immeubles à la fibre optique. Numericable garde comme projet d'équiper au total 9 millions de foyers en THD d'ici 2016, sa capacité d'investissement est donc préservée, ce qui est justement la grande inquiétude des élus locaux.
SFR de son côté met en avant ses 57 000 km de fibre optique initialement installées par Télécom Développement, filiale de Neuf Cegetel. Son Pdg, Jean-Yves Charlier a expliqué aux sénateurs que le FTTH se révélait trop coûteux avec une rentabilité à 20 ou 25 ans. Elle n'est pas tenable, le coût sur investissement étant inférieur au coût du capital pour l'entreprise.
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Le message semble clair, la fusion permettra non seulement de maintenir mais d'augmenter les investissements des deux opérateurs cumulés. Selon Eric Denoyer, le nouvel ensemble va créer le plus grand opérateur de fibre optique en Europe. Mais, il précise également que ce projet passe par le développement de la valeur. Ce qui a été diversement interprétés par les sénateurs. Apparemment, le Pdg de Numericable veut créer de nouveaux services, donc échapper à la guerre des prix qui détruit le secteur en France.
Sur les questions qui fâchent, en particulier l'ouverture du câble à la concurrence, Eric Denoyer estime que la position dominante n'est pas prouvée, c'est en tout cas à l'Autorité de la concurrence d'en décider. Sur l'endettement, il explique que le remboursement n'interviendra qu'à partir de 2019-2020, le projet sera donc déployé d'ici là et devra rapporter à partir de 2019. Numericable se donne quatre ans pour investir et réorganiser ses offres.
La mutualisation sera poursuivie
Quant aux projets de mutualisation de SFR, Jean-Yves Charlier là encore a voulu balayer les doutes. L'accord passé avec Orange qui prévoit de mutualiser la fibre, sera tenu, 100 villes étant couvertes fin 2014, elles sont 30 aujourd'hui. Projet plus délicat, celui signé avec Bouygues Télécom pour développer en commun un réseau en 4G. Un contrat qui porte sur 20 ans et ne prévoit aucune clause de cession, si par exemple l'un des deux partenaires venait à changer de capital. Ce qui est le cas de Bouygues Télécom et laisse ce projet dans l'incertitude. S'il veut sortir Bouygues Télécom devrait régler des pénalités, s'il reste il pactise avec celui qui l'a battu pour le rachat de SFR.
Habile et réaliste, Jean-Yves Charlier oriente les débats sur un autre sujet, celui des usages du Très haut débit. Pour lui, les abonnements ne suivent pas des déploiements déjà faibles. Exemple, celui sur Paris où 11% seulement des utilisateurs potentiels sont abonnés. L'Etat doit donc jouer en France un rôle pour le développement des usages, comme c'est le cas au Japon, par exemple dans la santé à domicile ou le e-learning.