Selon Standard and Poor's, les opérateurs européens vont mener la consolidation
La fameuse agence de notation Standard and Poor's analyse aussi la dette des opérateurs de télécoms. Une approche intéressante, leur habitude du long terme permet de renouveler l'analyse des télécoms.
C'est une évidence, les opérateurs télécoms européens sont entrés en phase de consolidation. L'exemple de SFR n'est pas unique, E-Plus en Allemagne, Ziggo en Hollande, Ono en Espagne, Portugal Télécom sont d'autres exemples sur les dernières semaines tout aussi parlants. Ce qui a changé ? L'agence Standard and Poor's l'explique très bien, en le situant chez les opérateurs eux-mêmes et dans leur environnement. Les entreprises vont mieux et la pression que leur infligerait leur environnement s'atténue. Pour l'agence dont c'est le sujet principal, l'endettement peut encore s'accroître, globalement du moins. Vodafone par exemple reste très critiqué. En clair : les opérateurs télécoms européens peuvent mener eux-mêmes la restructuration qui les concerne. Une mauvaise nouvelle pour AT&T ou America Movil qui voulaient jouer les prédateurs.
Sur le même sujetAltice-Numericable finance le rachat de SFR par la detteCes opérateurs européens ont retrouvé la santé, plusieurs facteurs permettent d'en attester. « La plus grosse surprise vient du fixe particulièrement résilient » note Patrice Cochelin, responsable analytique télécoms pour la région EMEA. En France, on remarque d'ailleurs un fort renouvellement des offres, particulièrement chez Bouyges Télécom qui voulait porter le fer sur ce secteur. La deuxième donnée vient de l'aspect règlementaire, l'impact a toujours été fort sur les comptes d'exploitation. Mais le dernier épisode en date, la baisse des frais de roaming aura moins d'effet que les baisses précédentes. Les opérateurs ont aussi appris à réduire leurs coûts et c'est un élément dans l'amélioration de leur situation financière, donc de leur capacité d'endettement.
L'Europe c'est le quadruple play
Les opérateurs ont mis du temps pour être vraiment concurrentiels et ils ont besoin d'investissements importants (très haut débit et 4G). Ces opérateurs ont des chiffres d'affaires stables mais en croissance si on exclut le prix des licences. Ce qui est de bon augure pour leurs prochaines opérations financières. Ils affichent des particularismes comme le quadruple play, utilisé en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Espagne qui leur procure des revenus plus stables.
Il y a douze mois en arrière, on ne voyait pas ces européens mener la consolidation, ils dépensaient trop en dividendes et pas assez en investissements. C'est très différent de leurs homologues des pays émergents. Un exemple proche, celui des acteurs du Golfe qui se retrouvent avec des notes élevées et deviennent à leur tour des prétendants à la recomposition du secteur. Etisalat s'intéresse à Maroc Telecom, jusqu'alors dans le giron de Vivendi, Ooredoo ex Qatar Telecom, Saudi Telecom, figurent au rang des prétendants. Mais Batelcom (de Bahrain) a tenté de racheter des activités câble de Cable and Wireless, mais n'a pas mené l'opération jusqu'au bout faute de structures suffisantes, il ne suffit pas d'avoir les moyens de racheter, encore faut-il ensuite pouvoir intégrer.
Telefonica et Bouygues Telecom
La France reste une exception, où aucun opérateur étranger n'a pu se maintenir. Vodafone s'est longtemps contenté d'une position d'actionnaire minoritaire chez SFR, avant de sortir, au bon moment pour lui, c'était avant l'arrivée de la vague Free Mobile. Telefonica a signé un accord commercial avec Bouygues Télécom, il n'en faut pas plus pour que l'espagnol soit supposé participer à l'avenir de la filiale du roi du BTP. Entre français ou entre européens : la consolidation, n'est donc pas seulement une affaire de rationalité. Les opérateurs ex historiques sortent peu de leurs zones, sauf Orange qui est allé défier Telefonica, lequel pourrait lui rendre la monnaie de sa pièce. Mais Orange et Deutsche Telekom sont liés depuis longtemps. En tout cas, les conditions d'endettement se sont améliorées, laissant à ces opérateurs de nouvelles marges de maneouvre, pour leurs investissements en retard ou bien pour des rapprochements.