Sébastien Soriano à l'Arcep, Jason White à l'Ofcom (MàJ)
Depuis près de 20 ans et les premières lois sur la régulation des télécoms, chaque pays est doté d'un régulateur. Son rôle est toujours aussi central et toujours aussi controversé, mais plus pour les mêmes raisons.
Madame Jason White, directrice générale adjointe du Trésor au Royaume-Uni (depuis novembre 2013) est la nouvelle présidente de l'Ofcom, le régulateur des télécoms local. Elle succède à Ed Richards, en poste depuis sept ans. C'est la première femme à occuper ce poste. Elle prendra ses fonctions fin mars 2015. Diplômée en économie, Mme White a 25 ans d'expérience dans le secteur public et l'administration gouvernementale.
Elle a débuté en 1989 et rejoint le Trésor à la fin des années 90. Entre les deux, elle a travaillé à l'Ambassade de Grande-Bretagne à Washington, à la Banque Mondiale, au Ministère de la Justice. Son mari, Robert Chote est le patron de l'Office du budget depuis septembre 2010. Dans le même temps, Steve Hunger, directeur de la stratégie de l'international et des technologies au sein de l'Ofcom en devient le directeur général.
A Paris, a régné un climat plus florentin. Des articles des Echos ou du Figaro on fait état d'une dizaine voire d'une quinzaine de candidats à la présidence de l'Arcep. Certaines candidatures sont lancées par de mauvais camarades pour écarter un rival. D'autres sont de pur témoignage. Quatre femmes étaient en lice, selon un proche du dossier qui compte les points. Finalement, l'Elysée a choisi Sébastien Soriano (en photo), ancien directeur de cabinet de Fleur Pellerin au numérique, le choix le plus attendu, il est à la fois haut fonctionnaire, polytechnicien et surtout... connaît parfaitement le sujet des télécoms.
Rivalités de hauts fonctionnaires
L'essentiel est de comprendre ce qui se joue, derrière la nomination d'une personne à la tête du régulateur. La rivalité entre le Conseil d'Etat et le corps des Mines est invoquée. Un classique de la vie parisienne des hauts fonctionnaires. Des acteurs du marché aussi divers qu'Orange ou la Firip, élargissent le débat, demandant publiquement la nomination d'une personnalité, compétente en matière juridique, mais surtout connaissent le secteur et ses protagonistes. En clair, l'opérateur historique ne veut plus souffrir d'une régulation encore asymétrique à son sens, la Firip a les yeux rivés sur le plan très haut débit et aimerait, qu'enfin, il gagne en cohérence, bref que l'Arcep joue un plus grand rôle sur ce sujet.
La balle est dans le camp du Président de la République, de quelques proches et du 1er Ministre. Ces derniers reçoivent des candidatures et parfois des candidats. Seul le Président doit trancher. Mais après, petite nouveauté, le Parlement va se prononcer. Et comme il est en vacances parlementaires, la nomination intervient à L'Elysée, mais sa validation attendra. Un tel processus ne satisfait pas tout le monde.
Quant au mirifique projet de fusion entre le CSA et l'Arcep, il reste dans les limbes. Quelques conseillers ministériels en parlent encore. C'était un projet de Jean-Marc Ayrault à son arrivée à Matignon, il y a deux ans et demi. A Londres, L'Ofcom traite à la fois de télécoms et d 'audiovisuel, mais cet exemple est largement écarté en France. L'Arcep tient à son indépendance. Le vrai sujet reste le rôle du Conseil de la concurrence et celui de la Commission de Bruxelles qui s'emparent d'une partie des dossiers télécoms dès que la question de la concentration surgit. Ces deniers mois des tensions sont apparues en France entre les deux Autorités. Le rôle des régulateurs est également très attendu sur la concentration éventuelle sur le marché des entreprises et les marchés de gros en général.