Satellite tueur de satellites en kit
La croix d'honneur avec palme dans la catégorie alarmisme et démontage de portes ouvertes mérite, cette semaine d'échoir au Journal of Critical Infrastructures. Relaté par site SpaceWar.com, l'article par qui l'émotion arrive -et concocté par une brochette de spécialistes- explique qu'il existe sur Internet non seulement des articles de physique apprenant comment fabriquer un lanceur d'engins spatiaux destructeurs, mais nous narre qu'en outre, ce satané Internet offre même des logiciels gratuits servant à suivre à la trace et en temps réel de véritables satellites, ceux lancés par les « gentils ». Du coup, d'horrible talibans, d'insupportables agitateurs des fractions armées rouges, voir même des criminels nazi nostalgiques pourraient bien être tentés de jouer les James Bond dans un remake bricolé de Demain ne meurt jamais ou de Moonraker.
Des logiciels de tracking satellite à la portée de tous ... diantre. Que la chose est inquiétante. Voilà un motif supplémentaire pour supprimer les radioamateurs de la surface de la planète, eux, ces dangereux individus qui pratiquent le calcul de satellites défilants depuis l'aube des calculatrices programmables* et le lancement d'Oscar 1 en 1961.
Dénonçons également avec vigueur les astronomes amateurs (parmi lesquels on compte un nombre impressionnant d'inquiétants barbus ), dont la communication du savoir pourrait s'avérer aussi dangereuse que la formule de la bombe atomique, et conspuons en coeur les amateurs lanceurs de fusée par qui la « vectorisation » de l'attaque pourrait bien se concrétiser. Enfin, soupçonnons d'un coeur joyeux tous les milliardaires de la planète -car seul un milliardaire fou peut à la fois réunir l'argent et les ingénieurs nécessaires au montage d'une telle opération.
Que les différentes données du problème soient disponible sur Internet -ainsi que dans les principales bibliothèques du monde- est un fait indiscutable. Il est un peu tard pour s'en apercevoir, cela fait des décennies (bien avant l'invention d'Internet d'ailleurs) que des amateurs fabriquent des fusées et expédient -sur lanceurs officiels- des satellites dans l'espace. Un « état-voyou » pourrait-il s'approprier ces connaissances afin de conduire sa propre guerre des étoiles ? C'est possible, mais la rentabilité de la chose est loin d'être évidente. Il existe des armes de destruction massives -a commencer par l'intimidation, la guerre psychologique, la menace terroriste- qui s'avèrent bien moins coûteuse que de fabriquer le seul gyroscope qui équipera la fusée antisatellite du roman susmentionné.
* NdlC Note de la Correctrice : nous soupçonnons même l'un de ces tristes individus d'avoir effectué ce genre de prédictions de passage avec des alidades publiées par la Nasa et une règle à calcul, dans les années 70. C'est dire la dépravation du personnage. Sa toute dernière lubie se nomme Swiss Cube.
