Samsung impliqué dans une sombre histoire de moeurs

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La vie trépidante de journaliste sécurité est pleine de rebondissements, d'imprévus, de découvertes. Et c'est en relevant le courrier électronique quotidien que l'équipe de CSO France reçu ce qui sera probablement le communiqué le plus étonnant de l'année 2007, intitulé « Samsung G800 en vedette dans l'anneau du Nibelung ». Accroche accompagné de l'explication suivante :

« « L'Anneau du Nibelung pour les enfants » est joué à l'Opéra de Vienne depuis le 17 novembre et a déjà séduit plus de 1000 spectateurs. Le spectacle doit se donner jusqu'à la fin de l'année. De charmantes scènes avec le Samsung SGH-G800 Cette version de l'opéra a été portée par Matthias von Stegmann, un jeune et talentueux metteur en scène, librettiste et producteur de théâtre. La première mondiale de « L'Anneau du Nibelung pour les enfants » a été donnée au Nouveau Théâtre National de Tokyo (NNTT). La version allemande, créée tout spécialement pour l'Opéra d'État de Vienne, offre aux enfants et adolescents un aperçu du « Ring » de Wagner en seulement 60 minutes. ... « Nous sommes très fiers que le Samsung G800 ait sa place dans "L'Anneau du Nibelung pour les enfants", un opéra captivant et pédagogique destiné aux enfants et aux familles. La polyvalence et le design du SGH-G800 lui permettent de s'intégrer de façon naturelle à l'oeuvre et même d'y briller dans ce second rôle d'un genre nouveau. » ... Le SGH-G800 joue plusieurs rôles dans la pièce : il prend une photo de Brunehilde endormie, puis la montre à Siegfried et est donc essentiel à la progression de l'intrigue. »

Raccourcir le « Ring » en 60 minutes relève déjà de l'exploit... quoiqu'Anna Russel fit, en son temps, bien plus court et considérablement plus drôle, qualifiant notamment le Ring de seul opéra vendu en paquet familial économique . Ces détails musicologiques mis à part, il serait bon de rappeler les détails de l'intrigue qui se noue et se dénoue au fil des 17 heures que durent cette ... performance. Wotan, petit patron de province d'une entreprise nordique, se fait voler de l'or, déposé à la Banque des Filles du Rhin Vereinigung, par un certain Alberich Spagiari, lequel utilise ce métal pour forger un anneau fort semblable à celui de Bilbot le Hobbit. Wotan vole à son tour l'anneau en question pour boucler ses fins de mois et payer un couple d'entrepreneurs en BTP, Fasolt et Fafner, qui lui avaient construit une maison de campagne baptisée Val à las. (en français, la combe des fatigués). Glissons au passage sur le fait que les deux entrepreneurs en viennent aux mains à propos d'une sombre histoire de taux horaire et de prime de fin de chantier. L'un des deux meurt d'un tragique accident d'épée, mais personne n'arrive à se souvenir duquel. Alberich, aussi furieux que Golum après la perte de son bien, jette une malédiction sur le Précieux, provoquant ainsi la chute de l'entreprise Wotan Gmbh. Un Wotan qui, quelques années auparavant, avait allègrement cocufié son épouse, Madame Fricka Wotan, avec une paysanne du coin, laquelle enfanta d'un fils et d'une fille. Ces enfants, sans doute poussés par l'exemple des turpitudes paternelles, se plongent avec délice dans les joies charnelles de l'inceste et de l'adultère (la fille, Sieglinde, est une femme mariée). Le Samsung SGH-G800 entre en scène et entame l'inoubliable lieder SMS « J t'M, C 1 plan ku, tu T KC, 1100 VA ». Le mari cocufié veut en finir avec le garçon, Siegmund, mais celui-ci se fait protéger par une copine de Wotan, Brünehilde, dit « bel organe ». La scène s'achève par un chant populaire, « yoho, hoho - Ho ! , papoum papapoum tzim », air disponible en sonnerie MP3 téléchargeable sur Internet dont la dynamique et la bande passante excèdent très largement les capacités du Samsung SGH-G800. L'opérateur local exige une surtaxe pour monopolisation abusive de slots GPRS. Fin du second volet. Monsieur et Madame Sieglindemund ont un fils. Comment s'appelle-t-il ? Fried (Sieg Fried, cousin de Sieg Heil et Sieg Mundfreud), qui, par le plus grand des hasards, est élevé par le frère d'Alberich. C'est alors que le petit-fils de Wotan (Siegfried voyons !) est à son tour frappé par le destin et par un énorme trou de mémoire. Il fait porter cornette, pour les beaux yeux d'une certaine Gutrune, à la dame de ses pensées qui a pour nom Brunehilde. Celle-là même qui avait protégé le papa quelques années auparavant et dont l'organe, malgré l'âge, n'a pas décliné d'un iota. Cette passade purement sexuelle avec Gutrune n'aurait probablement jamais eu lieu si la mémoire de Siegfried avait été backupée sur une carte SIM. Le Samsung SGH-800 tombe allégoriquement en panne de batterie pour illustrer l'amnésie du héro. Fin de l'acte. L'orchestre entame le lancinant final « tuuut tuuut tuuut » que le compositeur a annoté « Keine anschluss unter diese nummer » Un stack overflow noie le héro dans un quiproquo dramatique, et il se fait tuer par Hagen, frère d'Alberich (souvenons nous, le forgeron du Précieux) et frère également de son papa adoptif (donc, si tout le monde a suivi, son tonton adoptif). Brunehilde pleure. La facture du GSM Samsung SGH-G800 ne sera pas payée, faute de descendance. Brunehilde emporte le corps de son amant au crématorium le plus proche, mais l'employé de l'entreprise des pompes funèbres entame une longue conversation en « local call » avec le Samsung SGH-G800 (aria de 5 heures, Juch-Heirassa, die Montagnarden sind da), oublie que Siegfried est sur le feu depuis trop longtemps, et provoque un incendie. Il se propage tellement rapidement que la PME de Wotan tombe en cendres ainsi que sa maison de campagne. Comme le téléphone Samsung SGH-G800 ET l'anneau ont été perdus dans les flammes, ni Brunehilde ni Wotan ne peuvent appeler les pompiers et sauver la résidence Val à las. Hagenn le meurtrier de Siegfried, frappé tel Golum par l'addiction provoquée par l'anneau, tente de récupérer son Précieux dans la fournaise. Il ne doit sa survie qu'à la bienveillance de Brunehilde, par rancunière pour deux ronds, qui le retient, tout en hurlant des choses incompréhensibles en mesures 4/8, furioso ma non tropo. Les chef-comptables de la Banque des Filles du Rhin Vereinigung, qui ne craignent pas les flammes -elles sont bourré de liquide-, récupèrent l'anneau -et par là même leur fonds propres- puis entament un air gai et entrainant (Money money money, it's a rich men's world ...). Le rideau s'abaisse sur un monde en ruine, qui attend un entrepreneur indépendant capable de reprendre les affaires de Wotan Gmbh. Le liquidateur judiciaire, Richard W., hésite entre un certain Perceval, gallois idéaliste sans grand pouvoir de décision, et un étranger aux origines douteuses connu sous le nom de Zarathoustra (qui, lui, de toute manière, se refuse de croire en la pérennité de l'entreprise Wotan Gmbh) Entre les histoires de papas qui découchent, de frères et soeurs qui se font des papouilles, de vol, de meurtres, de mensonges, d'adultères, de lavage de cerveau et d'armes de destruction massive, l'on cherche désespérément autant les « charmantes scènes » avec ou sans Samsung SGH-G800, que l'édifiante pédagogie qui pourrait se cacher derrière un « ring pour les enfants ».