Rachat de SFR : le dossier Altice-Numericable a paru plus clair à Vivendi
Vivendi a donc rendu son verdict, après des jours d'intoxication, de lobbying et de propositions, en préférant la solution présentée par Altice-Numericable pour le rachat de SFR (*). Comme toujours dans ce genre d'affaires, la vente n'est qu'une étape, il va falloir fusionner, intégrer, développer.
En choisissant la proposition de Patrick Drahi (en photo), les dirigeants de Vivendi ont décidé en toute autonomie, sans céder aux pressions, en privilégiant l'option financière qui leur paraît être la meilleure pour eux. C'était leur premier critère de choix. Jean-René Fourtou président du Conseil de surveillance de Vivendi jusqu'au mois de mai prochain a fortement pesé sur ce choix. Les deux options étaient pourtant très proches, 11,75 milliards d'euros côté Altice, 11,3 côté Bouygues. Mais la partie financement serait apparue plus favorable à Altice, déjà introduit en bourse, alors que Bouygues envisageait de le faire pour le nouvel ensemble et devait en passer par des cessions d'actifs. Le passage devant les régulateurs semble également moins complexe avec Altice.
Sur le même sujetAltice-Numericable contre-attaque sur le dossier SFRL'aspect industriel est apparu plus clair côté Altice qui a donné des précisions. Le groupe va profondément remodeler les offres de SFR. Il veut rapprocher Completel et SFR Business Team, qui lui apporte outre des offres et des équipes grands comptes, de fortes structures comme Numergy, Futur, Telindus. Dans le monde de l'entreprise Altice va changer de taille. Dans le grand public, il acquiert des offres mobiles et un plus grand volume d'activités box. Il récupère aussi des datacenters que SFR avait commencé de moderniser.
Fusionner les structures entreprise
Il restera tout de même à fusionner les structures, là où elles sont en double comme dans la partie entreprise. Le fait que SFR soit nettement plus important donnera-t-il un avantage à ses équipes ? Côté grand public le doublon est évident sur le fixe, mais n'existe pas dans les mobiles.
D'autres questions restent en suspens. L'aspect social que porte le Gouvernement a déjà fait l'objet d'une réponse de la part d'Altice qui veut mettre ses engagements, celui de ne pas licencier, dans le contrat de licence de SFR. Les collectivités locales en revanche se sont montrées inquiètes. Altice récupère avec SFR une forte présence dans les boucles locales, que ce même SFR avait hérité de NeufTélécom. Le nouveau groupe paraît quand même comme un challenger très puissant face Orange ce qui ne peut que rassurer les collectivités, même si deux technologies vont cohabiter, le FTTH issu de SFR et EuroDocsis venu de Numericable.
Cette vente est également une gifle pour plusieurs acteurs, Bouygues, mais aussi Free qui devait récupérer un réseau mobile, sans parler du Ministre de l'industrie qui a cru devoir entraîner le Gouvernement dans le choix d'un des deux candidats.
(*) Vivendi est entré en négociations exclusives avec Altice-Numericable, une période d'examen approfondi du dossier de trois semaines est entamée.